Du Livre à la Partition

Pausanias le Périégète (dont j'ignorais l'existence il y a encore une minute), géographe-historien du IIème siècle, était une sorte de Guide du Routard de l'antiquité mais moins porté sur les campings. Ayant exploré la Macédoine, l'Italie, l'Asie et l'Afrique, son nom a résisté l'épreuve du temps grâce à une Description de la Grèce, en dix livres, où il passe en revue tous les patelins en les rapportant à la mythologie ; le Wiki nous dit qu'on ne compte plus les fouilles archéologiques fructueuses qui se sont basées sur cet ouvrage.
Bref, en dix-sept cent et des poussières, le compositeur français Rameau en rachète les droits. Et en lisant un chapitre sur les amours compliquées de Jupiter, qui changeait de femme comme de chaussettes, lui vient l'idée d'écrire Platée, opéra dans lequel beaucoup à l'époque ont vu une transposition moqueuse du mariage entre le fils de Louis XV et Maria Teresia, infante d'Espagne.

Tout ça pour vous parler de Marc Minkowski et de son ensemble, Les Musiciens du Louvre. Le répertoire baroque étant de plus en plus revisité, on compte parmi les floraisons d'orchestres spécialisés dans cette période deux Rolls Royce, Les Arts Florissants, sous la baguette de William Christie, et le français (cocorico) Minkowski. Voici l'ouverture de Platée par les Musiciens du Louvre ; les amateurs de jazz noteront tout le swing et la patate que ces zicos parviennent à y injecter.

Prière classique de la liturgie catho, le Sanctus magnifie et rend gloire à Dieu. Maurice Duruflé en 1947, dans son Requiem, lui donne une très belle couleur. Les chaudes harmonies posées par l'orchestre, l'orgue au discours volubile derrière comme un tourbillon de lucioles, cette combinaison offre un merveilleux tapis pour le chœur. D'ailleurs, je soupçonne Philip Glass de s'en être inspiré pour sa Music in 12 parts. Duruflé divise sa pièce en deux. Pour la strophe Hosánna in excélsis, il choisit un passage enlevé, qui part d'un crescendo à 1.05 jusqu'au sommet et la retombée à 2.35. Et quand on retombe justement à 2.35, sur le Benedictus qui venit in nómine Dómini, retrouvant l'atmosphère elfique du début, quel bonheur putain de dieu ! - pardon - euh... bon sang !

(dédicace à Paulati)
Debussy, pour son prélude pour orchestre, s'est inspiré du long poème de Mallarmé, L'Après-Midi d'un faune. Sa musique est présentée ici avec une animation à la fois sympathique et cruelle.

Fortement imprégnée du poème La Ville de Constantin Cavafy, The World at large restera sans doute la perle dans la discographie du groupe Modest Mouse (nom lui-même tiré d'un roman de Virginia Woolf). Chaque phrase contient 4 à 6 métaphores. Certaines vous restent en mémoire. Et, un jour de pluie, vous auriez envie de les taguer sur les murs de votre ville :

De ces chansons qui, en 4.30, ont la force d'en dire autant sinon plus qu'un long roman. Des ces chansons qu'on écouterait en boucle avec le système pileux toujours en alerte.

J'ai cru comprendre qu'il y avait pas mal de Belges ici.
Une petite chanson alors, en guise de salutations.

Ecrits entre mai et août 1872, les poèmes du recueil Vers Nouveaux révèlent un autre Rimbaud. Il semble ne plus avoir désir ni volonté. C'est le début de la fin : deux ans plus tard il rompra définitivement avec la muse. Voici Qu'est-ce pour nous mon cœur, mis en musique et interprété par l’atypique et touchant Dick Annegarn.

Bon, là, avec Tomas Jennefelt, on revient au minimalisme le plus strict. Je ne suis pas sûr de la référence biblique que je donne en titre car pour cette pièce, Villarosa sarialdi, les choristes ne chantent rien d'autre que des onomatopées et une espèce de langue sonnant comme du latin sans en être. Cependant, parmi les oh oh oh, ah ah ah, vi vi vi, il me semble entendre un gloria à 4.15 ; alors, dans le doute...

Thanks, The Loner.
Et voilà ! Elle est là la différence.
Chez nous, on les compte sur les doigts d'une main, et chez les américains et les anglais t'en as des centaines et des centaines... et pourquoi ?

Quand le rock, le folk ou la pop puisent dans les bouquins, le cinéma, les beaux-arts, tout ça s'interpénètre. Au final ça donne un Springsteen inspiré par Steinbeck, un Tim Burton inspiré par The Cure, un Andy Warhol inspiré par Lou Reed ou Bowie, et vice versa... Et les chansons, du coup, niveau texte et musique, elles sont d'une autre qualité. Après on s'étonne que les Anglais sont meilleurs que nous en la matière. Et d'1, leur folklore musical se rapproche vraiment de la musique classique, tandis que le nôtre... passons. Et de 2, dans le groupe, t'en as toujours un issu des beaux-arts ou d'une université de littérature. Du coup les autres membres, issus de la classe ouvrière, apprennent à leur contact et perfectionnent leur talent en découvrant d'autres perspectives, d'autres façons d'appréhender leur expression musicale.

Ecce homo ? Non : voici la femme ! La toute première, Pandora.
Si Hésiode évoque seulement son nom dans la Théogonie, c'est Homère, dans L'Iliade, qui relate l'épisode que nous connaissons.

De fait, je vais me taire et vous laisser en compagnie de Liz Fraser des Cocteau Twins car son évocation surclasse de loin tout le bruit que je pourrais dire.