Ma mamie regrétée

Acte 22

Vivre

Mouvementée ou tranquille
La vie l'on s'y accroche
Qu'elle soit douce et paisible
Ou bien affreusement moche

Dans les jours de souffrance
L'on abandonnerait tout
Puis reviens l’espérance
Et l'on y reprends gout

Au cour de l’existence
Partage, tiraille
Entre joie et souffrance
Gaie ou découragée

L'on est tout feu, tout flamme
Lorsque l'on a vingt ans
Viens le vie et ses drames
Et tout va s’effondrant

Puis la vie continue
En jour gris, en jours bleus
Et quand l'age est venu
Ou l'on va dire adieu

Regardant en arrière
L'on y voit ses enfants
L'on se dit le coeur fier
La vie a du bon temps

Marie Pierrette Leconte

Acte 23 (22 mai 1942)

Anniversaire

Aujourd'hui mon chéri
C'est ton anniversaire
Toi qui depuis longtemps
A quitté cette terre
Je repense avec joie au jour de ta naissance
Et celui du départ ne me laissant que souffrance
Car j'aurais tant voulu te voir vieillir heureux
En voyant un foyer et des bambins joyeux
Mais le destin brutal a pris ta jeune vie
Ne me laissant pour toujours que tristesse et ennuie
La vie passe quand même
Malgré et sans toi
Mais dans mon coeur de mère
Jour et nuit tu es là

Marie Pierrette Leconte

Un coeur qui s'exprime, un âme noble et sensible... Tous ces vers nous caressent, et nous disent à quel point ta mamie avait un regard tendre et un peu mélancolique sur la vie qui passe. C'est très beau.

Amitiés,
Olivier

J'ai tellement peur de vous embêter, les gens sont si volatiles aujourd'hui, un jour ils aiment et le lendemain non. Ton soutien m'encourage, Olive, je sais c'est un peu triste mais tellement réel comparé à notre société qui ne sait que consommer dans l'instant et jeter dans celui d’après. Ce n'est pas de la pub mais presque, ce sont ces gens comme ma grand mère qui ont raison, la vie donne , la vie reprend, soyons satisfait et soyons content et surtout battons nous. Et soyons constant car que nous manque t'il dans nos sociétés, un plan et qui dure, un schéma directeur auquel nous puissions nous accrocher et sur lequel prospérer. C'est ce que la FM propose, une synergie qui canalise les énergies dans un schéma directeur et intemporel et auquel il faut adhérer directement ou indirectement. Et si ma grand mère était une sorte de Marriane des temps moderne, certes elle n'a pas fait les barricades, mais encore, si elles les a faites, la guerre , la pauvreté , le travail difficile , le combat syndicale et survivre face à l'adversité, la mort de ses enfants mais survivre pour ses petits enfants, nous qui avions tellement besoin d'elle. Ne pourrait elle pas être un emblème pour nous aujourd’hui face à nos petites peur mercantiles face à la crise qui depuis qu'elle dure ne nous a rien retirer finalement.

Te lisent ceux qui le souhaitent, alors ne crains pas de nous embêter !

Tu nous offres par ces vers des instants de vie et les chagrins qui jalonnèrent le parcours de vie de ta grand-mère et si cela ne nous touche pas de près, n'étant pas concernés, cela nous touche pourtant.

Ta grand-mère contribua à façonner l'homme que tu es aujourd'hui.

Sans aucun doute, je reproduis aujourd’hui des gestes que j'ai vu faire par ma grand mère, notamment ne pas gaspiller, et même lorsque j'écris des poèmes, mon style s'inspire des siens qui résonnent en moi. Alors je continue.

Acte 24

Automne

Ce soir mon coeur est triste et lourd
J'entends le vent, j'entends la pluie
Et ce bruit lancinant et sourd
Me fait frémir et je m'ennuie

Dehors pliés sous la tourmente
Les pauvres arbres dépouillés
Que la nature est donc méchante
Tout ces éléments déchaînés

Voici l'automne avec ses brumes
L'hirondelle va s'en aller
Les roses se fanent une à une
Dernier vestige de l'été

Dernier fruit, dernière feuille
Dans le jardin tout abîmé


Automne, hiver, frappent à la porte
s'installant pour de longs mois
Je suis triste mais qu'importe
Puisque le printemps reviendra

Marie Pierrette Leconte

Acte 25

Rêverie

J'aurais aimé écrire des vers
Dire de belles choses en chansons
Voir la vie en rose, bleue et vert
Ne parler que du beau, du bon

Admirer toute la nature
Et n'avoir ni maître, ni Dieu
Et dans le jour qui va mourir
Voir une étoile au fond des cieux

J'aurais voulu être poète
Conjuguer que le verbe aimer
Envers chaque chose, chaque être
Les aimer, ne pas les juger

Regarder une fleur s'ouvrir
Prendre le temps de contempler
Un oiseau qui s'en va nourrir
Ses petits donnant la becquée

Et j'aurais voulu être artiste
Et peindre tout ce que je vois
Tout ce qui est beau et existe
Les animaux, les fleurs , les bois

Un insecte, une feuille, un roseau
Un enfant plein d'insouciance
Dormant au creux de son berceau
Merveilleux dans son innocence

J'aurais voulu être immortelle
Surtout pour ne pas attrister
Ceux dont la peine sera réelle
Le jour ou je vais m'en aller

Etre aussi une magicienne
Donner du bonheur, de la joie
A tout ceux qui sont dans le peine
J'aurais voulu...mais ne suis pas.

Marie Pierrette Leconte

Crois-moi sur parole cher ami, les poèmes de ta mamie sont absolument somptueux ! Ce recueil est un trésor que tu dois chérir car il le mérite...

Elle était habitée par une âme sublime, l'humanité et la gentillesse, la nostalgie, tout ce qui émane de ses poèmes... Tu peux être fier de ces oeuvres, car elles sont vraiment très belles.

Bien chaleureusement,
Olivier

Tu pourrais même en faire un recueil (Si tu ne l'as pas déjà fais) où tous ses poèmes seraient réimprimés avec une jolie police de caractères. Cette douce poésie mérite mille fois cet honneur ! Lorsqu'elle dit :"J'aurais aimé être poète", la question ne se pose pas ou plus ! Car poète, elle l'était, cela je peux te l'affirmer !

Amitiés,
Olive

Une petite anecdote sur Marie Pierrette, et moi son petit fils devrait être le premier à en tirer les conclusions car elle sait à quel point j'ai rabattu mon caquet depuis quelque temps alors que le peuple et les peuples crèvent de plus en plus, de la Chine à la nouvelle Europe , alors que elle...Mais écoutez donc: Marie Pierrette travaillait dans l'usine Solex d’Évreux en Normandie, comme simple ouvrière à la chaîne, mais elle était déléguée syndicale comme la bonne communiste qu'elle était, elle et son mari, mon grand père, mais il n'est pas question de lui. Un jour d'été ou il faisait particulièrement chaud, et que les ouvrières , car on employait des femmes pour les bas boulots, essayaient les moteurs en les démarrant comme à leur habitude et comme il leur était demandé, un certain nombre d'entre elles tombèrent dans les pommes. On avertit Marie Pierrette qui malgré son manque d'instruction fit le lien entre la chaleur , le manque de ventilation et les fumées des moteurs. Alors jouant de son aura, elle ordonna à toutes les ouvrières de l'usine de sortir dehors et d’arrêter le travail. Là dessus le directeur vint voir Marie Pierrette et lui demanda:"Madame Leconte qu'est ce qui se passe?, quel est le problème?" Comme si il ne le savait pas lui, l'homme instruit et qui connaissait les moteurs de camion qui tuaient les juifs dans les camps et comment. Le monoxyde de carbone. Ma grand mère , la petite ouvrière lui dit:" Monsieur si vous n'installez pas des ventilations et pas demain, mais tout de suite, nous ne reprendrons pas le travail et nous resterons là". La suite de l'histoire vous vous en doutez , mais non, et bien le patron en deux temps, trois mouvements, face à la détermination de ma grand mère fit installer des évacuations des fumées toxiques et les ouvrières faisant confiance à Madame "chocolat" comme on l'appelait, reprirent le travail . Inutile de vous dire que Marie Pierrette resta toute sa vie simple ouvrière contrairement à certains délégués syndicaux qui grimpent bien vite les échelons et qui eux , nous ont amené à cette crise car si nous avions taxé les patrons plus tôt , l'état ne serait pas endetté aujourd'hui et nous , nous ne payerons pas le pots cassés par eux et leurs dividendes.

Mais de toute façon la solution reste la même. La volonté du peuple et l'argent des patrons.

Acte 26

Lui

Des cheveux d'un châtain foncé
De beaux yeux rieurs étonnés
Un bouche qui toujours sourit
Un front aux tempes dégarnies
Un petit nez court et bien fait
Un large cou, épaules carrées
Jambes musclées et bien battis
Plein de gaieté, soif de la vie
Avec son corps de boxeur
C'était un garçon au grand coeur
Bien sur vous le reconnaîtrez
Car nous l'avons tous aimé
Un jour j'irai le retrouver
Et prés de lui je dormirai
Surtout ne soyez pas jaloux
Car pour moi, il y a lui et vous.

Marie Pierrette Leconte

Cher ami,

La poésie c'est le l'ineffable langage de l'âme, rien ne peut être aussi doux et aussi élégant lorsqu'il s'agit de parler de tout ce que l'on aime et de soi.

Les vers racontent beaucoup sur nous même, sur tout ce qui nous fait frémir, ils sont intemporels et porteurs de sentiments qui transcendent tout...

Alors, continues à apprécier et à nous faire apprécier les sublimes poèmes de ta mamie, car elle le mérite tant.

Amitiés,
Olive

Acte 27

Angoisse

Je disais le coeur triste
Mon fils ne t'en va pas
Mais j'étais égoïste
Et la vie se vengea

Car un jour tu partis
Et tu ne revins pas
D'un voyage maudit
Et je suis toujours là

Maintenant il ne me reste
Plus que ton souvenir
Et je rêvais sans cesse
Tes yeux et ton sourire

Me parlant à moi même
Je dis ton nom tout bas
En faisant un poéme
Qui ne finira pas

Je vais en m'interrogeant
Car tu étais l’aîné
Et dilemme angoissant
Ai je bien su t'aimer?

Marie Pierrette Leconte

PS :mon oncle James que je n'ai pas connu mais dont on m'a parlé, était un blouson noir de Paris, grand romantique et qui écrivait des poèmes à ses conquêtes, nombreuses. Quand ma grand mère parle de lui comme son boxeur ce n'est par hasard, il pouvait se montrer très violent en cas d'injustice et il a mené des combats épiques.

Acte 28

Vieillir

Pourquoi les ans font ils tant de ravages
Et creusant ainsi les sillons d'un visage
Pourquoi font ils se déformer nos corps
Pourquoi faut il vieillir avant la mort
Pourquoi aussi regardant dans un miroir
Se détourner, ne pas vouloir se voir
En se disant devant cet être affreux
Que c'est soi même et c'est ça être vieux
Ce qu'il faudrait, c'est ne jamais changer
Dire au revoir et partir en beauté.

Marie Pierrette Leconte

PS: beaucoup de personnes ne sauront pas d'accord avec ce poème, moi je ne comprends pas les hommes qui couchent avec les couguars, réellement vieillir c'est moche.

C'est l'un des arguments poétiques par excellence ! La lente dégradation de nos corps, alliée aux sentiments qu'elle entraine... Mais l'esprit lui parle toujours des belles choses sans jamais vieillir, donc, n'est-il pas plus important de les chanter ? Et puis, pourrions-nous vivre éternellement dans le même état ? Je ne pense pas... Et puis, si nous ne pouvions pas regretter les belles choses de la vie, la poésie aurait-elle encore sa place parmi nos arts ?

C'est sans doute nôtre condition, nôtre lot...

Amitiés,
Olivier

Acte 29

La vie en couleur

Lorsque j'étais petit enfant
Encore auprès de mes parents

Je voyais la vie et les choses
Colorées de bleu ou de rose

Au fur et à mesure grandissant
Je vis le vert la colorant

Et puis lorsque vinrent mes vingts ans
Mordant la vie à belles dents

Et de l’espoir plein le coeur
Je la vis en toutes couleurs

Auprès du rouge flamboyant
Il y eut aussi le blanc

Puis revinrent le rose et le bleu
Les jours les plus merveilleux

Les jours joyeux, les jours moroses
Ou l'on espère plus grands choses

Et ou de joie les jours sont pauvres
Et la vie est bien souvent mauve

Et puis tristesse et désespoir
Il y eut les longs jours en noir

Et à l'automne de ma vie
Il y a souvent les jours gris

Mais j’espère qu'avec mon hiver
Je verrai quelques jours en vert


En rajoutant ces mots après 18 années
Les quelques jours en vert je ne les verrai jamais
Car c'est encore le noir et ses jours sans espoir
Et la fin de ma vie ne seras jamais que gris

Marie Pierrette Leconte

PS le gris de la fin de sa vie était du noir de l'abandon de son dernier enfant, mon père, et certainement le blanc, c'était nous les petits enfants.

Acte 30

Vivre

Toi et moi qu'est ce que nous sommes
D'insignifiant petits bonhommes

De malheureux petits pantins
Que la vie tient entre ses mains

Elle peut tout à son gré
Te faire rire ou te faire pleurer

Et tu crois en être le maître
Fais attention à ce qui te guettes

Tu es fier, tu te crois le roi
Oui mais qu'est ce que demain sera

Ta vie, tu ne la fais pas
Tu le sais aussi bien que moi

En bien en mal, tu la subis
En se disant c'est ça la vie

Alors quand elle a du bon temps
Fais comme moi, profites en.

Marie Pierrette Leconte

Ce sage poème est d'une éblouissante vérité ! Carpe diem !

Amitiés,
Olive

Acte 30

Hiver

Voici l'hiver et ses frimas
Et les petits oiseaux ont froid

Tout est figé, tout est glacé
Emprunt d'une certaine beauté

Et dans le ciel bas grisonnant
Quelques corbeaux vont croassant

L'on voit à travers les carreaux
Les animaux faire le gros dos

Voici quelques flocons de neige
Qui lentement se désagrègent

Allons vite nous réchauffer
Devant un feu de cheminée

Regardant la flamme avec joie
L'on se rie du vent et du froid

Sur un vieux canapé
Frileusement pelotonné

Tout fermé et rideaux tirés
L'on savoure par ce temps glacé
La chaleur auprès du foyer

Marie Pierrette Leconte

C'est doux et réconfortant... Une poésie caressante comme la couverture de laine qui enveloppe dans les soirées d'hiver.

Amitiés,
Olive

Mamie fabriquait ses propres coussins avec des peaux de lapins.

Acte 31

Ma muse

Oh toi, ma muse, ne m'abandonnes pas
Et de pensées ma muse, abreuves moi

Et permets moi de me dire en secret
Ce qu'à personne jamais je ne dirai

Et de pouvoir coucher sur un papier
Joie et tourments, pèle méle entassés

La joie que j'ai, à travers mes enfants
Et le chagrin causé par les absents

Et de tout dire, sans que l'on me raisonne
De divaguer, sans embêter personne

Enfin de mettre, accroché à des mots
Ce qui me plait, ce qui est laid ou beau

Oui avec toi, je peux encore rêver
Rire, pleurer, aimer et espérer

Marie Pierrette Leconte

Acte 32

Pleine forme


En me levant le matin
Je n'suis pas entrain

Quand arrive le midi
Je suis engourdie

Et je ne suis pas belle à voir
Lorsque arrive le soir

Le matin est laborieux
Pour ouvrir les yeux

Je ne sais pas ou j'en suis
Lorsqu'il est midi

Et j'ai des trous de mémoire
Quand arrive le soir

Et le lendemain matin
C'est le même refrain

Je ne suis pas en verve
Alors ça m'énerve

Et je ne fais que des conneries
Ça ne fait rien, j'en rie

En me disant qu’après tout
Tout le monde s'en fout

Marie pierrette Leconte

C'est amusant mais je me reconnais un peu dans ce poème !

Ta mamie avait aussi beaucoup d'humour apparemment...

Amitiés,
Olive

Acte 33

Ils sont partis

Ils sont partis sur le chemin
Partis sur des chemins lointains

Partis pour s'en aller chercher
Un peu de joie et de gaieté

Partis croyant trouver ailleurs
Ce qui devait faire leur bonheur

Ils sont partis et m'ont laissé
Le coeur tout rempli d'anxiété

Ils sont partis main dans la main
Mais il n'en est revenu qu'un...

Marie Pierrette Leconte