Ma mamie regrétée

Je crois que le petit bébé mort à la naissance s'appelait Jean. Maintenant ma grand mère est avec tous ses enfants dans ce petit caveau ou elle se rendait toute les semaines nous emmenant avec elle ,comme une cérémonie.

Elle ne voulait pas de mon grand père dans son caveau. Elle ne lui a jamais pardonné ses éclats de rire pendant les enterrements de leurs enfants.

Acte 16

Remord

Je n'ai pas su voir dans tes yeux
Que c'était un regard d'adieu

Je n'ai pas vu dans ton regard
Tout cet immense désespoir

Je n'ai pas cru que dans ton coeur
Il y avait tant de douleurs

Je n'ai pas compris la détresse
De ton regard plein de tristesse

Je n'ai pas su te protéger
Pourtant je t'aimais ,je t'aimais

Ma vie je te l'aurai donné
Pour pouvoir enfin te guérir

Et que tu puisse retrouver
Et ta gaieté et ton sourire

Je n’ai pas su te protéger
De la mort qui te harcelait

Je n'ai pas été prés de toi
Quand tu avais besoin de moi

Maintenant toi tu reposes
Sous la froide pierre d'un caveau

Et moi me traînant mon coeur morose
Je nai plus jamais de repas

Car le regret et le remord
Me poursuivront jusqu’à la mort

Marie Pierrette Leconte

Une vie de douleurs et de chagrins... j"ose espérer qu'elle eut aussi des instants de joie et de bonheur.

Portes-tu toute cette douleur en toi, caméléon ? Cette douleur n'est pas tienne, du moins pas directement alors sache prendre du recul pour vivre au mieux ta propre vie !

Ma grand mère qui selon les dire était si pleine de joie et de vie au début, elle chantait lors des réunions des chants de son pays, devint triste et morose. Et elle arrêta à tout jamais de chanter, s'habillant toujours en sombre et souriant rarement. Comment pourrait il en être autrement. Toutefois elle se saigna à blanc pour ses petits enfants, et quelles merveilleuses vacances nous avons passé. Quand à moi, j'ai beaucoup souffert du suicide de ma tante, James je ne l'ai pas connu mais nous vivions dans son souvenir perpétuel, puis il y eut le divorce de mes parents et le suicide de mon beau père que j'aimais comme mon père. Est ce tout ces malheurs qui provoquèrent ma maladie je ne sais. Mais dés l'age de 17 ans j'ai déclaré une schizophrénie qui est en bonne voie de guérison aujourd'hui. Et je pense que d'évoquer l'histoire de ma famille m'aide.

Acte 17

A mes petits enfants

Quelques années encore
Avec votre jeunesse
Quelques années encore
A être prés de vous
Quelques années encore
Avoir droit aux caresses
Aux bisous aux câlins
Aux joies de la tendresse
Et comme vos parents
Vous quittez le nid
J'attendrai en tremblant
Une visite une lettre
Me faisant du souci
Un coup de téléphone
Me donnant des nouvelles
Car tout comme autrefois
Avec vos parents
Vous êtes ma seule joie
Mon univers à moi
Et je vous aime tant

Marie Pierrette Leconte

Acte 18 (avant la naissance de Cyrille)

Mes petits enfants

Christophe, Yannick, Hélène
Mes chers petits anges que j'aime

Vous êtes un bien qui réunit
Vous êtes mes petits chéris

Vous êtes la joie et l’espérance
Vous êtes un baume à mes souffrances

Mes merveilleux petits lutins
Vous êtes un rayon de soleil
Devant lequel l'on s'émerveille

Vous êtes un bouquet de joie
Quand je vous ai tout les trois

Et vous êtes les plus charmants
Car vous êtes mes petits enfants

Marie Pierrette Leconte

Le pire dans ma schizophrénie c'est que Mamie l'a connu de son vivant, et je n'ose imaginer ce qu'elle a pu ressentir . Comme une malédiction qui planait sur sa vie.

Acte 19

La vie

La vie est un combat
Une lutte sans merci
Ou chacun se débat
Sans trêve ni répits

Lutter pour son travail
Lutter pour son argent
L'on sort de la bataille
Parfois très mécontent

Lutter pour sa santé
Pour vaincre son chagrin
Et l'on est fatiguée
Parfois dés le matin

Cette lutte éternelle
Et bien plus harassante
Que le travail lui même
Et l'on lutte tant et tant

Que parfois épuisée
On lutte contre l'épuisement
Et quand lasse de lutter

L'on abandonnera tout
Vieillie morne et usée
Qu'adviendra t'il de nous?

Marie Pierrette Leconte

Aujourd'hui, j'ai eu ma mère au téléphone et je lui ai dit ce que je faisais. Publier les poèmes de ma grand mère, et elle m'a dit de vous préciser que son premier travail a été garde barrière pour la SNCF. Elle m'a dit aussi à quel point mon père était un monstre d'avoir abandonné sa mère comme il l'a fait. Ma belle mère m'a dit: "Elle est trop vulgaire". Ainsi pour une question de prestige et de honte, cette femme qui a 5 fois enfanté et connu 4 enterrements de ses enfants , a été abandonné parce que son dernier fils était un grand chef de la SNCF et qu'il avait honte de sa mère. J'espère que l'enfer existe.

Il n'a jamais su que sa mère écrivait de si beau poème et il ne l'a jamais lu. En fait c'est du à un pur hasard que ses poèmes soit découvert, si je n'avais pas fouillé dans le grenier et dans ce carton , personne ne l'aurait jamais su. Marie Pierrette , petite garde barrière.

PS: Mon père avant sa retraite était directeur régional de l'infrastructure à la SNCF, un des 23 grands chef comme il aimait le rappeler.

Que le Diable l'emporte

Il est inacceptable qu'il y ait des préjugés de classe entre un fils et sa mère.
Cela a dû être pénible pour toi, Caméléon, d'apprendre une telle lâcheté.

C'est bien simple, je refuse tout contact avec mon père aujourd'hui, et plus je lis les poèmes de ma grand mère et que je vois à quel point elle a souffert, plus les larmes me montent et plus je suis en colère. Je pense que si j'avais mon père en face de moi, je lui referait le visage et lui dirait à quel point mon oncle James serait honteux de lui, car il l'avait en adoration. James adorait sa mère.

Ma grand mère était le genre de personne a se saigner à blanc pour faire plaisir à ses proches; ainsi elle tricotait des pulls à la main pour des femmes assez aisées qui lui achetait ses tricots rubis sur l'ongle. Jour et presque la nuit, elle tricotait pour nous emmener en vacances ,au ski ,l'hiver, et à la plage l'été, nous étions son rayon de soleil, nous les petits enfants. Elle était le notre , malgré la badine avec laquelle elle nous punissait quand nous étions méchants.Quatre gamin ensembles et faire de la route, il faut les tenir, surtout moi. Nous n'étions pas des enfants rois malgré ce qu'elle a vécu, elle a su nous enseigner la politesse et le respect et surtout le courage. Comme nous étions heureux d'aller en vacance chez Mamie, c'était le gage d'un belle aventure qui durerait tout l'été ou pour les vacances d'hiver. Mamie tu nous manques et merci.

Ces beaux souvenirs, et cet amour que tu as gardé en toi mon ami, c'est le plus bel hommage que tu puisses lui rendre car cela démontre que tout ce qu'elle a fait, et tout ce qu'elle a pu donner n'ont pas été vain... Car tu es là pour le rappeler et t'en souvenir. Ta mamie était admirable, et tu en parles toujours avec beaucoup de beauté.

Amitiés,
Olivier

Acte 20

Tendresse

Il n'est rien de plus doux
Au coeur d'une maman
C'est d'avoir chaque jour
L'amour de ses enfants

Cajolée et gâtée
Pour la fête des mères
Et jamais oubliée
Pour les anniversaires

Tout au long de sa vie
Sentir cette tendresse
Et permettant ainsi
D'affronter la vieillesse

Sans peur d’être un jour
Triste et abandonnée
Et gardant cet amour
Quand passent les années

Car pour toujours je le sais
Vous mes enfants chéris
Ainsi vous m'aimerez
Je vous en remercie

Marie pierrette Leconte

PS: plus tard elle a rajouté au crayon à papier ceci:

Quelques années plus tard
Et tout est bien changé
Et tout ces grands espoirs
Font partis du passé
Adieu mes illusions
Adieu ceux que j'aimais

Merci, Olive. Et des fois quand je suis dans la panade et des fois des grosses et que je m'en sort miraculeusement , je me dis:" peut être c'est elle qui vient encore de me sauver". Toutefois, je tiens à préciser que j'ai eu quatre grands parents admirables et chacun dans son genre, mais vu ce qu'elle a vécu, j'ai une tendresse particulière pour Marie Pierrette.

Moi je n'ai pas connu mes grands-pères, qui hélas, sont décédés avant ma naissance. Je n'ai connu que mes deux grands-mères, mais je n'en ai aimé qu'une ! Ma mamie Marguerite, partie lorsque j'avais quinze ans... Donc aujourd'hui je n'ai plus de grands parents, je ne peux qu'imaginer ce qu'étaient mes grands pères; plus particulièrement mon grand père paternel qui parait-il était très gentil... J'en suis certain.

Je suis désolé pour toi, les grands parents apportent une tendresse particulière même si elle n'est pas formalisée comme avec mon grand père paternel, le mari de Marie pierrette qui était peu démonstratif, mais que nous adorions les parties de pêche avec lui. Et j'ai eu la chance de faire partie d'une famille équilibré sans alcoolique ,ni pervers, alors il n' y avait que du bon ,à part un père qui faisait bande à part. Ce qui est particulier c'est qu’après le divorce de mes parents, mes quatre grands parents sont restés très amis et nous avons passé tout les anniversaires et les noëls ensemble. Ce qui était une vraie joie pour nous les petits enfants , une famille unie malgré tout.

Ce que tu nous donnes à partager est très fort et m'émeut.

Ces derniers temps quand je retranscrit ces poèmes une petite larme sort de mes yeux et je me dis que malgré tout l'amour que l'on ai pu lui donner, nous ne lui en avons pas donné assez. Nous n'avions pas l'age pour nous rendre compte de ce qu'elle traversait, l'insouciance des enfants et je pense que c'était mieux ainsi ,ça ne lui aurait pas fait plaisir de nous entraîner dans sa souffrance, qu'elle taisait, à part dans ses poèmes que j'ai découvert tardivement.

Et surtout je voulais souligner à quel point l’attitude de mon père a été à ce point horrible. Certes ma grand mère n'était pas une femme du monde, garde barrière puis ouvrière à la chaîne chez solex, certes elle a refusé de prendre parti pour son fils lors de son divorce et elle a entretenu des liens amicaux ,voir familiaux, avec son ex belle fille et mes grand parents maternels, mais c'est parce qu'il avait tord. Tant dans l'éducation brutale qu'il nous inculquait et l'abandon sentimental dans laquelle il avait mis ma mère. Ma mère a divorcé pour sauver ses enfants notamment moi sur le quel il s’acharnait et traumatisait, et quand à ma mère elle était toujours à dormir toute seule avec le chien car pour la fuir il s'acharnait jour et nuit au travail jusqu'à devenir directeur régional. alors ma grand mère était femme honnête intellectuellement et moralement malgré son relatif manque d'éducation, elle ne pouvait donner raison à son fils. Mais quand ma tante est morte et qu'il est resté le seul enfant survivant comment a t'il pu laisser sa mère seule, et encore plus quand elle a divorcé de mon grand père qui était devenu fou et dangereux, ou là elle fut complètement, totalement seule et malade d'un cancer. pourtant le ciel sait comment elle l'a supplié de venir la voir ou au moins de lui écrire une lettre ou donner un coup de téléphone.Mais non, il s'est entêté jusqu'au bout. Alors pourquoi est il venu toucher l'héritage quand elle est morte sans même nous proposer de récupérer ça ou ça et qu'il a tout bradé en une journée et encaissant l'argent. Il parle de vulgarité, pour moi il n'y a pas pire que celle là, lui qui est déjà riche à millions. Que le diable t'emporte Papa.

Acte 21

Ma maison

Dans un petit village
Existe une maison
Au très vieux toit d'ardoise
C'est là notre maison

Ces murs de vieilles briques
Patinées par les ans
Ses fenêtres antiques
Battues par tout les vents

Sa façade rustique
Est gentiment parée
Avec des clématites
Et aussi des rosiers

S'étendant à ses pieds
Pelouse et jardin
Plante d'arbres fruitiers
Et aussi de jasmin

Tout ça avec amour
Par nous fut arrangé
Pour y passer les jours
De nos vieilles années

En désirant le calme
Et la tranquillité
Loin des bruits et des drames
Nos enfants à aimer

Marie Pierrette Leconte

PS:à force j'ai peur de devenir indécent et de lasser, raconter poème après poème les malheurs de ma grand mère, et oui encore un. Ma grand mère adorait sa maison qui était magnifique avec son jardin et ses arbres tout en fleur, comme il y en a en Normandie qu'elle aimait tant. Mais la folie de mon grand père, au sens propre l'obligea à divorcer à plus de 80 ans, elle dut donc se résoudre à vendre sa chère maison et à retourner vivre dans sa région natale, La Rochelle, avec sa cousine comme voisine pour l'aider car elle était malade. Vous voyez ce n'est pas moi qui suit indécent mais la vie. Ce n'est que justice de raconter son histoire , qu'elle ne sombre pas dans l'oubli. A plus d'un titre ma grand mère m'avait choisi, d'abord quand j'ai ouvert le cadenas du coffre qui contenait les affaires de James et dont ma grand mère avait caché les clefs que j'ai finalement trouvé . Elle m'a donné à moi et à ma soeur les affaires de James ,moi le poignard et à ma soeur l'harmonica , Mamie a gardé les lettres d'amour. Puis ensuite en découvrant l’existence de ces poèmes . Elle fut très touchée de voir que je m'y intéressé, alors elle me parla de sa vie ,sans que j'y comprenne grand chose, vu mon age. Mais maintenant je comprends Mamie et je ne suis plus le seul.

Ce n'est que justice. Et ma grand mère vulgaire?

Acte 22

Vivre

Mouvementée ou tranquille
La vie l'on s'y accroche
Qu'elle soit douce et paisible
Ou bien affreusement moche

Dans les jours de souffrance
L'on abandonnerait tout
Puis reviens l’espérance
Et l'on y reprends gout

Au cour de l’existence
Partage, tiraille
Entre joie et souffrance
Gaie ou découragée

L'on est tout feu, tout flamme
Lorsque l'on a vingt ans
Viens le vie et ses drames
Et tout va s’effondrant

Puis la vie continue
En jour gris, en jours bleus
Et quand l'age est venu
Ou l'on va dire adieu

Regardant en arrière
L'on y voit ses enfants
L'on se dit le coeur fier
La vie a du bon temps

Marie Pierrette Leconte