Le lapsus

Le thème de mon sujet pourrait vous surprendre, mais c'est un sujet qui me tient à coeur car je trouve qu'il n'est pas toujours traité avec la rigueur nécessaire.

Dans l'esprit collectif le lapsus est très souvent considéré comme un mot qui émane de l'inconscient et qui vient souligner une pensée, une émotion refoulée... Ne dit-on pas :"Un lapsus révélateur" ? C'est quelque chose qui est accepté. Si l'on part de ce postulat, le lapsus est effectivement TOUJOURS l'émanation d'une information inconsciente qui doit s'exprimer. 

On peut aussi, comme les cognitivistes (contrairement aux psychanalystes), considérer qu'il s'agit simplement d'une "erreur" d'aiguillage neurologique ! La proximité sémantique des mots, des expressions, des sens parfois, tout cela pourrait contribuer à donner au lapsus son apparence informative. Je pense que l'avis général est encore bien ancré dans cette idée que le lapsus est effectivement l'expression de l'inconscient, qui "laisse" ainsi s'échapper une information qui fut un peu dissimulée par le moi conscient, occultée, entravée.

Encore une fois il est difficile de trancher, mais selon moi le lapsus ne devrait pas être pris autant au sérieux, du moins ne pas être trop chargé d'un sens qu'il n'a peut-être pas. Idem pour le lapsus calami bien sûr, pour celles et ceux qui ne sauraient pas de quoi il s'agit, le lapsus calami est l'équivalent du lapsus oral mais par écrit.

Saluton al vi, Gefratoj !

Tous les psychologues sérieux avec lesquels j'ai travaillé (en cherchant bien, il y en a bien quelques uns... ^^) ne font pas du lapsus un révélateur "du" sens caché de la pensée de son auteur. Il est simplement considéré comme une porte à ouvrir en demandant directement à l'auteur : "Que voulais-tu dire à la place de ce mot ? Comment expliques-tu qu'il sorte maintenant ? Y a-t-il seulement une explication selon toi ? Faut-il en comprendre quelque chose, et si oui, quoi ?"

Un bon psychologue ne vous dira jamais ce que vous pensez ni ce que vous dirait (gros conditionnel !) votre inconscient. Il vous laissera décider du sens que vous voulez mettre ou non sur vos actes manqués.

Et puis y'a tous ceux qui déduisent que les maux de dents chroniques d'un gamin sont dus au fait qu'il aurait peut-être une "dent" contre sa mère (véridique...). Eux, quand ils s'expriment, on peut penser à autre chose et profiter de ce temps pour réfléchir au contenu de notre prochaine planche...

Spirite,

J'avais lu un livre de Freud parlant du phénomène de substitution des mots. Le fait que lorsqu'on a une forte charge émotionnelle sur un mot, un mécanisme inconscient de notre esprit nous le fait disparaître et fait émerger d'autres mots à la place

Vous savez... ce moment où l'on a un mot sur le bout de la langue et qu'on n'arrive pas à le saisir... et qu'il faut lâcher prise pour qu'il nous revienne des minutes ou des heures plus tard...

Peut-être considérer ainsi non pas le lapsus comme un mot évoquant directement une réalité inconsciente

Mais comme un mot intervenant en surcouche pour cacher l'autre que l'on voulait employer mais qui est si chargé en émotion... que notre cerveau décide de nous en protéger... 

Saluton al vi, Gefratoj !

Ouais enfin les élucubrations freudiennes...

Spirite,

Je crois qu'il est tout aussi absurde de rejeter en bloc les théories de Freud en les qualifiant d'élucubrations, que de les admettre comme vérité absolue.

Ahah j'étais sûr que tu réagirais Tao 
Et Claude a vu juste : je ne suis ni adepte ni contre les théories freudiennes. Je disais juste qu'une idée intéressante m'était venue en lisant un texte de Freud

Saluton al vi, Gefratoj !

Je ne vais pas me lancer dans un débat sur Freud ici. D'abord parce qu'il a déjà eu lieu sur un autre fil, et ensuite parce qu'on ne me fera pas changer d'avis sur le bonhomme.

Je laisserai simplement en suspens la question suivante : qui a dit qu'on ne pouvait pas avoir des idées intéressantes qui émergent quand on lit ou entend des élucubrations ?

Spirite,

Très juste,maintenant parfois on les cherche

Je m'interrograis sur le choix d'un avatar (nom et image) qui peut être une forme d'autodérision ou d'humour ou bien (mais c'est le domaine d'Olive,je ne suis pas compétent) une marque inconsciente de sa personnalité?

Prenons un jeune canidé par exemple,personnage systématiquement perdant car luttant sur le terrain du mieux adapté.(aucun mammifèe n'approchant de la vitesse de la plus infime lumière) en l'occurence un drole d'oiseau.

Il bien reconnaitre qu'il est courageux,tenace mais sans expérience et pressé.
Freud serait-il de quelque utilité? Qu'en penses-tu Olive?

Ouvrir des portes semble le but de la psychologie.

Il me semble que l'occasion d'en ouvrir puisse être saisie quand quelqu'un est ainsi le sujet d'un faux aiguillage de notre cerveau, ou lapsus.
Sans y accorder une importance excessive qu'il n'a certainement pas.
Quand à Freud et ses obsessions, en Particulier sur les femmes, il me semble qu'il a aussi ouvert des portes. Il en reste bien d'autres à ouvrir, semble t il.

Oui Anne, beaucoup...

Merci pour vos réponses. En effet, rien n'est tout à fait juste ou tout à fait faux, surtout dans ce domaine qui est quand même encore difficile à appréhender...

D'ailleurs on ne peut exclure une complémentarité entre la psychanalyse et les neurosciences à ce sujet. Il s'agit peut-être d'une manifestation qui relève autant d'un processus neurochimique particulier (une sorte de "fausse route") que d'un acte inconscient qui "contient" sa propre logique. 

A mon avis l'une des attitudes qui me semblent "sages" face à ce type de phénomène c'est la réflexion prudente, c'est à dire le fait d'essayer de voir si cela est totalement hasardeux ou porteur de sens, sans toutefois se prendre la tête. Un peu comme avec le rêve, le rêve peut nous révéler un sens qui nous appartient, qui résonne en nous, sans forcément être porteur d'une vérité absolue que tout le monde pourrait décoder.

En tous cas c'est passionnant, et je crois que si l'on accueille le lapsus avec circonspection et curiosité cela peut nous conduire à réfléchir sur la façon dont notre psychisme fonctionne, sans nécessairement en tirer de conclusion.

Hihi Petite lueur :
Je ne sais pas, ce qui me semble clair c'est que l'avatar fait forcément sens pour celle ou celui qui l'utilise. Peut-être que l'on s'identifie un peu à son avatar ? Allez savoir... Le mien fait référence à plusieurs domaines qui me plaisent : la féminité, l'art, la psychologie...