Qu'est-ce que vous écoutez en ce moment ?

Au contraire, t'es pile dans le sujet.

Mouskouri : grecque

Mike Brandt : israélien, né à Chypre

Aznavour : arménien

Brel : belge

Adamo : italo-belge

Ferré : monégasque

Dalida : italo-égyptienne

Claude François : égyptien

Henri Salvador : guyanais

Tino Rossi : corse (vous savez ? ce peuple qui veut l'indépendance tout en n'en voulant pas)

Joséphine Baker : américaine

Petula Clark : britannique

Richard Anthony : égyptien

Guy Béart : égyptien

Nino Ferrer : italien

Georges Guétary : grec

Enrico Macias : algérien (mais pas que, c'est d'ailleurs pourquoi ils ne veulent plus de lui en Algérie)

Luis Mariano : espagnol

Yves Montand : italien

Annie Cordy : belge (elle, à la différence de Johnny et d'Elvis, aurait pu faire une vraie carrière d'actrice dans le cinéma, sans plaisanter, mais elle a préféré faire le pitre pour le peuple français puisque ça marchait)

George Moustaki : italo-grec, né à Alexandrie

Vince Taylor : britannique

Gloria Lasso : espagne

Sylvie Vartan : hongro-arménienne (elle, aurait dû rester en Bulgarie pour le bien de nos oreilles ; ma mère, qui l'a vue deux fois en concert dans les années 60, m'a toujours dit qu'elle chantait comme une casserole)

Carlos, Sim, Patrick Topaloff, Bernard Ménez, Pierre Vassiliu, eux, en revanche, ont bien du sang local dans leurs veines. Et le peuple français les adorait !

Cependant ne croyez que je veuille incriminer la classe laborieuse, pas du tout. En haut, c'est pareil. Et je rejoins Petite lueur. Quand j'étais étudiant au conservatoire, on allait assister à des générales à l'opéra de Marseille. Ca c'est top parce qu'on voit les zicos sans leurs habits de pingouins, cet habit qui n'invite justement pas, les classes laborieuses, à entrer dans une salle pour écouter un concert symphonique, un récital de piano ou un opéra - ce smoking, selon moi, c'est une barrière : faudrait l'éliminer. Et les soirs de concert, quand on avait loupé la générale (qui est gratos), on prenait la place la moins chère (le prix, ça aussi, c'est une barrière), c'est-à-dire qu'on montait au poulailler. Au poulailler, qui se situe tout en haut de la salle, à quelques mètres du plafond, généralement c'est là qu'on trouve les vrais passionnés, les fauchmen, les étudiants, et aussi les mélomanes car, comme le son monte, le meilleur endroit pour écouter, c'est là-haut. Eh ben j'ai vécu ce que raconte Petite lueur. Mais ça ne venait jamais d'une personne du poulailler. Ça venait d'en bas. Oui, à l'opéra, tout est inversé : les pauvres sont en haut et les riches en bas.

      
D'après moi, Garlic et patos, si l'on se fonde sur l'article de 357, y a dû avoir un veto de De Gaulle qui tenait les médias d'une main de fer. Le connaissant, amateur de la belle langue et excellent auteur-orateur qu'il était, il aura certainement imposé que l'idole des jeunes chante français, soit français ; même si Johnny, d'après sa marraine du show-biz, Line Renaud – et ça non... Line Renaud, marraine d'un rockeur, c'est pas à mourir de rire ??? –, il était franco-américain. C'est sans doute pourquoi, en 1963, ils ont fait le film « D'où viens-tu Johnny ? », parce qu'à la fin ils devaient tous être un peu perdus.

Claude, je te parle en noir et blanc parce que Johnny et Elvis, ça remonte au temps du noir et blanc. Mais, puisque tu le souhaites, je vais te parler en couleur. Tu connais le groupe The Cure ? Oui, tu connais. Le monde entier les connaît (sans aucune mauvaise allusion à Johnny, promis). Eh bien les Cure, fondés en 1976, sortent en 1985 un titre qui a un certain succès, In Between Days. Je vous mets le clip. Regardez attentivement les images, écoutez bien la musique et la voix du chanteur :

Eh bien, en 1988, un groupe néerlandais, The Essence (le mec de la vidéo a oublié le The), sort le titre Only for You. Pareil, regardez attentivement les images, écoutez bien la musique et la voix du chanteur. Tu me diras, Claude, si c'est pas professionnel. Tu me diras, niveau "copie", si ça envoie du lourd comme tu dis ou si c'est du même tonneau que Ya Ya Twist. 

Le groupe The Essence tourne toujours. 
Je te pose la question, Claude. 
Est-ce que tu supposes, à la mort de Hans Diener (le chanteur), que les Pays-Bas vont lui rendre un hommage national digne de la reine Beatrix, en évoquant, dans l'Église, devant son cercueil, les noms de Rubens, Spinoza, Erasme ou Elzévir ?

Ah ouais, patos ! Tu ne nous as pas balancé un lien de playmobil ! Purée, c'est une vraie mine d'or ton truc. Merci mille fois, l'ami. Connaissais pas. En plus y a la bannière Discogs, c'est par ce site que passent les petits disquaires pour commander les trucs indus/indés/raretés 70's-80's/, bref tout ce qu'on ne trouve pas à la Fnac assujettie aux Majors. Hop ! J'ai mis ton lien direct dans mes favoris. J'ai des potes qui vont halluciner quand je vais leur dire : "Regardez ce que patos, un pote belge, m'a fait découvrir."

Bon, si ça coince pour toi le genre ballade, y a sûrement un truc (que tu dois connaître) qui devrait te réconcilier avec le romantisme cul-cul la praline, je pense notamment au néo-classicisme façon Michel Colombier (grand compositeur, par ailleurs) – personne, ici, je pense n'a oublié ce hautbois qu'on entendait sur des images de bonhommes qui s'envolaient (dessinés par Folon) à la fin des programmes tv, dans notre enfance : 

Eh ben, ici, le génie de Morricone est d'avoir mélangé ce néo-classicisme tristounet avec une batterie et une basse slap funkie à la Marcus Miller qui tue sa grand-mère. Sans oublier le style Morricone que l'on reconnaît dans les progressions harmoniques et dans le "truc" magique-répétitif dont lui seul a le secret. Cela devrait momentanément te réconcilier un peu avec le genre ballade, patos :  

Sinon, en jazz-funk, cette zique de film signée Herbie Hancock, patos, devrait te brancher. Lui a mélangé James Brown avec le délire free jazz qu'il a appris aux côtés de Miles Davis, quand il était son pianiste.

Et puis un classique. Qui n'a pas vibré à la musique du premier Inspecteur Harry ? L'immense Lalo Schifrin (qui a composé, entre autres, le fameux thème de la vieille série tv Mission Impossible) mélange tout, lui : funk, percus latines, flûte traversière "hippie", musique électroacoustique à la Varèse, free jazz, soul, et il termine par une ballade au Fender Rhodes, mais rassure-toi, patos, elle ne fait même pas 1 minute. Bref, si vous voulez visiter les quartiers malfamés de San Francisco des années 70, la nuit, en ayant la peur au ventre, appuyez sur le bouton play :

Quelle génération suivante ?

Je suis né comme toi sous Giscard.

Nous sommes de la même génération.

Et puis, pas étonnant que ce hautbois m'ait marqué, c'est sans doute pourquoi je suis devenu musicien.

Me souviens même, un été, où l'on nous avait levés (mon frère et moi) très tôt pour prendre la route des vacances, que j'avais pleuré devant ces hommes volants et cette musique parce que je savais que j'allais avoir mal au coeur durant le long trajet en voiture.

Excuse-moi, Garlic.

C'est l'émoticone que tu as mise et tes points de suspension après génération qui m'ont fait comprendre de travers.

Cette émoticone-là :  ...je sais pas, elle me fait peur.

Et les points de suspension, j'ai pris ça pour de l'ironie.

Navré mais on ne se refait pas.

Je suis capable de piétiner rageusement la jeunesse de Claude sans m'en rendre compte et d'avoir peur d'une émoticone.

C'est te dire la couche de connerie que je tiens.