Ciné Revue
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Lt Ripley
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Re: Ciné Revue
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The Thief - Russel Rouse - 1952
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(Le score est signé Herschel Burke Gilbert. Normal. Une musique aussi rococo ne pouvait venir que d'un compositeur au nom baroque.)
The Thief - Russel Rouse - 1952
Nous pouvons avoir deux attitudes devant un film. Ne voir que la surface des choses et préférer s'étourdir aux rebondissements de l'intrigue, scotchés dans le siège de la salle ou chez soi sous sa couverture, absorbant comme un buvard la moindre réplique. Ou bien, voir ce qui est derrière le texte, ce qui s'y glisse clandestinement car il y a toujours – paraît-il – un sous-texte dans le texte, comme des espèces de mélodies en contrepoint. Que la seconde attitude soit plus intello que la première, davantage dans l'émotion, on n'en a rien à foutre. D'autant sur un film où les acteurs ne disent rien. Quand je dis rien, cela signifie rien : pas un mot, aucun son. Oui, le challenge d'un réalisateur tête brûlée. Et en 1952, tout juste 25 ans après le premier parlant, on pouvait se targuer de faire dans l'expérimental avec une idée pareille ! Doit-on mettre ça sur l'effet-impact de La Corde, sorti 4 ans plus tôt, que Hitchcock se mit au défi de réaliser en un plan-séquence ? Possible. En tout cas, si l'on veut chercher des correspondances avec Sir Alfred, il en existe une sur le choix de l'acteur principal, Ray Milland, lequel, 2 ans plus tard, incarnera le cynique Tony Wendice dans Le Crime était presque parfait.
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L'intrigue ici ? Un classique du genre. Sous les traits du docteur Allan Fields, physicien du nucléaire travaillant à Washington pour la Commission à l'Energie Atomique, Ray Milland joue les espions. Muni de son appareil-photo miniature, il capture les documents top-secrets que toute une série d'intermédiaires se passent ensuite sous le manteau ; du soi-disant membre de la biblio municipale, faussement plongé dans l'étude, au faux liseur de journal dehors sur un banc ; du type qui fait semblant de téléphoner dans une cabine, à la fausse nana s'attardant dans un drugstore au rayon lingerie. Et, ainsi de suite, de poche en poche, de sac en paquet de clopes, jusqu'à la tête du réseau : une puissance étrangère, allemande ou soviétique.
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L'intérêt du film, outre sa spécificité de ne compter aucun dialogue, c'est le moment où le personnage filé de près par les agents du FBI, ne sachant plus qui est qui, bascule dans la paranoïa. Cela permet d'apprécier l'immense palette de Ray Milland, acteur de classe anglaise, pouvant, à la manière d'un Chaplin ou d'un Laughton, jouer autant la comédie que le drame ; voir sa performance dans Le Poison de Billy Wilder. Et il faut bien l'avouer, restreindre le champ du personnage en le privant de parole, c'est un pari que peu d'acteurs auraient transformé en billet gagnant. Pourtant le film n'est qu'à demi réussi. Pas à cause de la réalisation, non, très correcte. C'est la musique. Tout le long elle est franchement imbuvable ! Pour ce genre de concept, ça ne pardonne pas. Il aurait fallu la travailler à la virgule ou avoir un compositeur hors de pair, un Bernard Herrmann, un Arthur Honnegger. La faute probablement à un budget trop serré. Dommage...
(Le score est signé Herschel Burke Gilbert. Normal. Une musique aussi rococo ne pouvait venir que d'un compositeur au nom baroque.)
Guthrie- .
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Re: Ciné Revue
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Le Soupirant - Pierre Etaix - 1962
Le Soupirant - Pierre Etaix - 1962
Un pavillon style bourgeois. Une vieille demeure raffinée. Le mari, l'air bonhomme, complaisant. La femme, sèche, aussi guindée qu'une théière en porcelaine motif chasse à courre. Le couple abrite sous leur toit une fille au pair, vingt ans, blonde, très jolie Fräulein. Et leur fils, Pierre. Pierre occupe une chambre au premier étage. Il se joint rarement aux autres, ne sort pour ainsi dire jamais. Dans cette pièce, transformée en observatoire, des cartes astronomiques, des revues scientifiques, un globe terrestre, et des livres, des livres, des livres ; la trentaine bien sonnée, la tête dans les étoiles, Pierre est resté un Pierrot lunaire. Un jour, la théière dit à son mari que cela ne peut plus durer. C'est im-pé-ra-tif, Pierre doit revenir sur terre, marcher, sortir, rechercher la compagnie des jeunes femmes : se marier. Débutent alors, sur la thématique de l'apprentissage amoureux, les aventures décevantes de Pierre.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Le cinéma de Pierre Etaix – acteur, réalisateur, décorateur, et coscénariste avec Jean-Claude Carrière du Soupirant – met à profit l'héritage des Chaplin, Buster Keaton, Harold Lloyd et Jacques Tati pour lequel il fut assistant-réalisateur sur Mon Oncle. C'est l'univers du cirque, le monde du music-hall, le tout maîtrisé par un immense travail d'écriture et des gags réglés au millimètre, au centième de seconde. La reprise dernièrement de son œuvre dans des conditions optimales, grâce aux efforts conjugués de la Fondation Gan pour le Cinéma, Studio 37, Carlotta (et Arte pour l'édition DVD), nous permet, avec beaucoup de retard, de prendre le train Etaix. Si nous l'avons loupé jusque-là, c'est que le cinéaste, à l'image de Terry Gilliam, a joué de malchance pour être correctement diffusé en son temps.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Bref, regardez Le Soupirant sans plus attendre ! Vous oscillerez entre le rire et l'émotion comme dans le meilleur Chaplin.
Dernière édition par Guthrie le Sam 11 Nov - 12:17, édité 1 fois
Guthrie- .
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Re: Ciné Revue
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Les Espions - Henri-Georges Clouzot - 1957
Peter Ustinov (un des faux malades) en chef du KGB.
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Sam Jaffe (faux malade et faux professeur d'anglais) en chef des services secrets américains.
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Martita Hunt (la fausse infirmière) en agent-secret peau de vache.
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Fernand Sardou et Sacha Pitoëff, les sbires de Connie.
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Et Curd Jürgens, le fameux Alex, dont le but, en se faisant passer pour Hugo Vogel (éminent savant atomiste), est de leurrer tous ces crabes pour les attirer dans le même panier.
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A noter l'apparition du petit Patrick Dewaere, 10 ans, crédité au générique Patrick Maurin, nom de la célèbre famille de comédiens dont il est issue.
Les Espions - Henri-Georges Clouzot - 1957
Elle n'a pas bonne mine la maison de santé du docteur Malic. Oh non ! Pas bonne mine du tout. Aussi mal en point que les deux seuls patients qu'elle abrite : un toxico (Louis Seigner) et une aphasique en proie à l'hystérie (Véra Clouzot). Financièrement au plus bas, le docteur (Gérard Séty) souffre de voir son établissement symboliser les ruines de l'âme. Aussi, le plus clair de son temps, il préfère se terrer au bistrot du coin. Puis un soir, un appel ; une soi-disant urgence du côté d'Argenteuil. Là-bas, un mystérieux colonel Howard, membre de l'Institut de Guerre Psychologique des États-Unis, vient à sa rencontre et lui propose un marché : accueillir l'espace de deux-trois jours un malade quelque peu spécial, un dénommé Alex, et ce contre la coquette somme de 5 millions. A force de discussions joliment arrosées, malgré tout, le docteur Malic voit encore assez clair pour saisir qu'il est question d'héberger un agent-secret mais pas assez pour refuser l'argent et les risques que ça comporte. Bah... tant pis. 5 millions ne se refusent pas. Le lendemain, tous les gens qu'il a l'habitude de côtoyer, le barman, son infirmière, sa bonne à tout faire, le facteur, ont été remplacés par des espions. Venus flairer qui peut bien se cacher derrière cet énigmatique Alex, le pauvre docteur, en outre, doit faire face à un défilé d'espions et de contre-espions les plus redoutables du milieu sous l'apparence de faux malades. Et on rit ! On rit ! Car le réalisateur, ayant choisi de traiter la situation sous l'angle de l'absurde, nous a concocté un casting de premier choix :
Peter Ustinov (un des faux malades) en chef du KGB.
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Sam Jaffe (faux malade et faux professeur d'anglais) en chef des services secrets américains.
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Martita Hunt (la fausse infirmière) en agent-secret peau de vache.
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Et Curd Jürgens, le fameux Alex, dont le but, en se faisant passer pour Hugo Vogel (éminent savant atomiste), est de leurrer tous ces crabes pour les attirer dans le même panier.
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A noter l'apparition du petit Patrick Dewaere, 10 ans, crédité au générique Patrick Maurin, nom de la célèbre famille de comédiens dont il est issue.
Guthrie- .
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Re: Ciné Revue
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Espion Lève-toi - Yves Boisset - 1982
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Espion Lève-toi - Yves Boisset - 1982
En le découvrant aujourd'hui, 35 ans après, le spectateur qui ne connaîtrait de ce film que le titre sera embarqué dans une intrigue complexe, ambigüe, admirablement renforcée par l'interprétation tout en perversité de Michel Piccoli. Un acteur capable, dans ses répliques, de changer de masque d'une seconde à l'autre. Avec un Lino Ventura davantage dans l'impulsivité, ça tranche sec. Pourtant je ne cherche à établir entre les deux hommes aucune échelle de valeurs. La preuve, je n'ai pas le souvenir d'avoir déjà vu Ventura mauvais dans un film, celui-là comme un autre. Non, pour Yves Boisset, le réalisateur, il s'agissait de composer une paire d'acteurs contrastés. Et le tandem Ventura-Piccoli marche comme de la fine horlogerie suisse, ce qui me permet (héhé) la transition avec l'histoire, se déroulant à Zurich.
Après huit ans de mise en sommeil, Sébastien Grenier (Ventura), conseiller financier pour la façade et agent-secret derrière, reçoit un message codé émanant de ses supérieurs – du moins le pense-t-il – lui enjoignant de se pointer tel jour-telle heure aux abords d'un kiosque à musique du centre-ville. Intrigué de savoir pourquoi il a soudain été réveillé, Grenier va au rendez-vous. Là, l'accoste un certain Jean-Paul Chance (Piccoli) dont il n'a jamais entendu parler. L'homme se présente comme étant son nouvel intermédiaire. Pas convaincu pour un sou, Grenier décide de déclencher le code de procédure d'urgence en faisant passer dans le quotidien Tages-Anzeiger la petite-annonce : « Amateur Alexandre Dumas recherche édition originale Joseph Balsamo. » Et qui répond au second rendez-vous ? Je vous le donne en mille...
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Oui, encore lui ! Cette fois, le mystérieux maître des requêtes au Conseil Fédéral de Berne, moins évasif, formule quelque inquiétude vis-à-vis d'Anna Gretz, la compagne de Grenier et professeur de lettres, selon lui elle entretiendrait des liens trop étroits avec une frange activiste de gauche, terroriste. Le fait de rencontrer à nouveau cet homme et d'apprendre que les sphères supérieures échafaudent des théories vaseuses sur sa vie privée, incite Grenier à contacter son supérieur et ami Henri Marchand. Il lui demande d'obtenir une fiche complète sur Chance afin de savoir s'il joue contre ou avec eux. Or son ami Marchand meurt le lendemain, d'un « accident ». Grenier remonte alors jusqu'à Meyer, le supérieur de Marchand dans la voie hiérarchique, avec la même demande – Meyer meurt défenestré le lendemain. Malgré ses doutes de plus en plus certitudes, il est toujours au même point. C'est alors qu'une troisième pièce intervient dans le jeu, un agent du nom de Richard (Bruno Cremer) envoyé par Paris. Il lui apprend que Jean-Paul Chance serait en réalité un agent soviétique infiltré pour dynamiter le réseau. D'ailleurs, au passage, il précise que Paris n'y est pour rien dans son « réveil ». Grenier ne sait plus à qui se fier. Richard ? Chance ? Qui est la taupe ? Pris entre deux feux, son seul souci pour l'heure est de protéger la vie menacée d'Anna (Krystyna Janda).
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Avec Espion, lève-toi, Yves Boisset signe l'un de ses films les plus prenants, en dépit de ses défauts : des zoom chelous au tout début ; l'abus de la post-synchro, notamment la scène à la pâtisserie Schlimmer, où certaines répliques, modifiées après coup, ne correspondent plus avec les lèvres des personnages. Mais c'est vraiment détail. La tension crescendo, le trio Piccoli-Ventura-Cremer, et la musique de Morricone toujours aussi diablement efficace, passent au premier plan. Bref, fans d'espionnage, laissez-vous tenter !
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Guthrie- .
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Re: Ciné Revue
Merci Guthrie, ca fait super envie !
Tu devrais ouvrir un topic a chaque fois, on pourrait en parler comme ca. La du coup, c'est plus dure, tu en ecrit tellement !
Tu devrais ouvrir un topic a chaque fois, on pourrait en parler comme ca. La du coup, c'est plus dure, tu en ecrit tellement !
Re: Ciné Revue
Bah, pas grave.
On peut en parler après coup, j'sais pas.
Si jamais un membre se sent de visionner l'un des films, et souhaite nous donner son avis, il n'aura qu'à faire signe.
Enfin, jusqu'ici, c'est arrivé peu de fois.
On peut en parler après coup, j'sais pas.
Si jamais un membre se sent de visionner l'un des films, et souhaite nous donner son avis, il n'aura qu'à faire signe.
Enfin, jusqu'ici, c'est arrivé peu de fois.
Guthrie- .
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Re: Ciné Revue
Tu sais que plus j'y pense, depuis tout a l'heure, plus je crois que je l'ai vu Espion, leve toi. Fut un temps ou je regardais beaucoup de ce genre de films. J'aime beaucoup. Il y a dedans une facon de raconter les histoires et de traiter les personnages que l'on ne trouve plus que tres rarement.
Re: Ciné Revue
C'est comme les films d'Alain Resnais qui vont drôlement manquer. J'avais voue une passion pour Smoking/NoSmoking plus jeune, d'ailleurs depuis, j'ai l'impression de ne plus avoir vu Azema dans un seul film.
Re: Ciné Revue
Ah ouais ?
Ben, à l'occaz, si tu trouves cette semaine ou la suivante le temps de le revoir, cela me ferait vraiment plaisir de lire ton avis. Je te dis ça sans te mettre la pression, hein. On a tous sûrement d'autres soucis en tête. Ça urge pas, quoi.
Ben, à l'occaz, si tu trouves cette semaine ou la suivante le temps de le revoir, cela me ferait vraiment plaisir de lire ton avis. Je te dis ça sans te mettre la pression, hein. On a tous sûrement d'autres soucis en tête. Ça urge pas, quoi.
Guthrie- .
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Re: Ciné Revue
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Le Géant Egoïste - Clio Barnard - 2013
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Le Géant Egoïste - Clio Barnard - 2013
Depuis – je ne sais précisément mais disons – assez longtemps, le cinéma moderne a pris conscience qu'il n'était pas condamné à traduire une vérité qui lui serait extérieure mais qu'il pouvait être l'instrument de révélation ou de capture d'une vérité, vérité à laquelle il n'appartenait qu'à lui de mettre à jour ; pour faire simple, à devenir cinéma du réel. Or, tout cinéaste averti, qui décide de traiter sous l'angle de la reality fiction un sujet comme la misère sociale, s'expose au danger, autant durant la phase d'écriture-stylo que la phase d'écriture-caméra, de tomber dans le misérabilisme. Je n'aurai pas l'outrecuidance de sous-entendre que Clio Barnard n'a pas assez mesuré ce danger, non. 1) N'étant, à titre personnel, ni cinéaste ni critique officiel, en qualité de quoi j'ouvre ma gueule ? 2) Devant le premier long-métrage d'une cinéaste, toute critique, émanant de qui que ce soit, doit filer doux comme sur de la moquette Grand Hôtel, à pas feutrés. D'abord, que veut dire misérabilisme ? Se rendre coupable, d'une main trop légère, d'ajouter du gris au gris, du noir au noir ? Pourtant, me direz-vous, le peintre sur sa toile, s'y prend-il autrement ? Comment évoquer, sinon dans une débauche de gris, un quartier populaire de Bradford, au Nord de l'Angleterre, où les maisons se confondent avec un ciel éternellement à l'orage ?
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Même si peinture-photo-cinéma forme un indissociable ménage à trois, le cinéaste, à l'inverse du peintre et du photographe, dans son cahier des charges doit répondre à d'autres contraintes. Pour lui le temps défile. Le temps n'est pas figé. Et le temps au cinéma est un temps musical. Le scénariste comme le réalisateur sont des rythmiciens. Voilà, en somme, le défaut qu'on pourrait reprocher au Géant Egoïste, une pulsation quasi absente. Un peu comme si Clio Barnard s'était prise pour Ken Loach imitant Bergman. Sur un premier long-métrage de fiction, on a toujours tendance, consciemment ou non, à rendre hommage à nos maîtres. Là aussi c'est une question de temps. Dans son prochain opus, Barnard parviendra à s'émanciper davantage. C'est tout le mal qu'on lui souhaite.
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Guthrie- .
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Re: Ciné Revue
Il y a longtemps, j'avais parlé d'un film noir signé Russel Rouse, avec Ray Milland dans le rôle principal, en disant que ce petit bijou était entaché par la musique pompeuse et pompière de Herschel Burke Gilbert. Eh bien, j'ai voulu rendre justice à ce film. Je me suis permis de poser une autre musique dessus. Bien entendu, la musique que j'ai choisie (celle de John Adams) ne faisant que 25 minutes, il m'a fallu remonter le film pour en faire un condensé. Croyez-le ou non, je n'ai pas eu tant à tricher que ça pour que la musique tombe pile poil sur les images. Évidemment, j'ai dû faire pas mal de fondus enchaînés, dû ajouter quelques effets spéciaux, placer quelques plans de coupe au bon endroit - notamment la scène de la biblio municipale, où, chaque fois qu'on entend des sections du quatuor d'orchestre jouer des notes ou des petites phrases en harmoniques, apparaît le personnage obscur, le sinistre entremetteur joué par Martin Gabel. Du coup, très souvent dans la vidéo, lorsque Ray Milland craint la présence de ce personnage, on entend revenir ces harmoniques. C'est vraiment le petit truc sur lequel j'ai vraiment joué pour rendre encore plus menaçante la présence ou la non-présence du sinistre entremetteur.
Mais assez parlé de ma petite personne et de technique. Ce n'est pas par vanité que je me suis permis de "toucher" au travail de Russel Rouse. Encore une fois, ce film (sans aucun dialogue) aurait dû bénéficier d'une bien meilleure musique que l'originale car elle ne traduit pas assez les pensées, les angoisses, le stress, le doute, la panique du personnage joué magistralement par Ray Milland. J'ai voulu rendre hommage autant au réalisateur qu'à l'acteur. Tous les deux ont fait un travail remarquable sur ce film. Et par la même occasion, cela me permet de faire découvrir, pour celles et ceux qui ne la connaîtrait pas, cette musique DÉMONIAQUE composée par John Adams en 1978 et révisée quelques années plus tard ; c'est donc la version pour orchestre à cordes, et non pour septuor, qu'on vous entendrez ici, elle donne plus d'amplitude que la version pour chambre ; peut-être trop d'amplitude... elle a tendance parfois à vampiriser les images.
Mais bon, si vous avez un jour ou un soir 25 minutes devant vous, écoutez cette musique en regardant l'interprétation de Ray Milland. Il y a toute une vie dans ces 25 minutes.
Russel Rouse à la réalisation.
Ray Milland et Martin Garbel à l'interprétation.
John Adams à la partition – c'est la version dirigée par Christopher Warren-Green.
Guthrie- .
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