Etre heureux ou non ?

Oh tu sais, Elixir, le bonheur n'a aucun rapport avec le bien-être. Puisqu'on peut passer sa vie, comme si de rien n'était, auprès d'un être impossible, hirsute, intraitable, alors que la fadeur et la facilité de n'importe qui d'autre vous eût jeté dans le plus mortel ennui.

C'est dans le sens où je l'entendais. Sans avoir l'outrecuidance ni l'indélicatesse d'attraper au vol cette tranche de vie qui fut le tienne, Olive, ni prendre appui sur pour conforter ma petite intervention, ton père que j'imagine être un dur à cuire, avec son caractère, ses qualités et défauts, eh bien ton père quand il ébauchait un sourire : voilà les moments où ta mère voyait le visage du bonheur. Et tous deux, dans leur jeu, avaient raison. Le bonheur se consomme par tranche et avec modération. Cette espèce de bonheur idyllique rose-bonbon qu'on imagine tous, c'est du toc ça. Le visage du bonheur se découvre entre deux orages. Une éclaircie momentanée qu'il faut savoir apprécier quand elle se présente. Et puis un homme ou une femme qui nous sourirait jour et nuit en nous parlant avec une voix douce, à force on n'y tiendrait plus, on aurait envie de lui mettre des claques à répétition comme pour lui dire : mais tu vas te mettre à VIVRE oui ou non !!! (Mon propos n'a aucun mais aucun rapport avec la violence faite aux femmes, je le signale pour celles et ceux qui se sentiraient de partir en roue libre là-dessus.)