Les livres que vous relisez souvent
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Les livres que vous relisez souvent
Vous savez, ce livre que vous avez découvert un jour, que vous avez adoré ou juste bien aimé ou au contraire pas trop, et puis finalement quelques temps plus tard vous êtes retombé dessus... Bref, je voudrais que nous parlions de ces livres de chevet auxquels vous revenez toujours à un moment ou à un autre, que vous redécouvrez à chaque fois, qui vous accompagnent.
Si vous voulez, vous pouvez même mettre un passage, pas trop long, qui vous a marqué ou qui, tout simplement, nous donnera envie de le découvrir à notre tour.
Donc je commence (forcément !). J'ai découvert ce livre dans l'urgence, parce qu'il était au programme une année où j'ai découvert mes classes le 1er septembre. J'ai bossé toutes les oeuvres en 4e vitesse cette année-là, dont celle-ci : Un roi sans divertissement, de Jean Giono. Mais ce roman-là m'a plu dans l'instant, fascinée, intriguée. Je n'ai cessé d'y revenir, de l'offrir, de le prêter. Il commence par une série de meurtres, que l'on élucide au tiers du livre à peu près, et pour se rendre compte qu'il n'y a pas de solution.
Et maintenant, bien sûr, le gag, c'est que je ne peux pas vous en lire un passage, puisque je l'ai prêté...
Si vous voulez, vous pouvez même mettre un passage, pas trop long, qui vous a marqué ou qui, tout simplement, nous donnera envie de le découvrir à notre tour.
Donc je commence (forcément !). J'ai découvert ce livre dans l'urgence, parce qu'il était au programme une année où j'ai découvert mes classes le 1er septembre. J'ai bossé toutes les oeuvres en 4e vitesse cette année-là, dont celle-ci : Un roi sans divertissement, de Jean Giono. Mais ce roman-là m'a plu dans l'instant, fascinée, intriguée. Je n'ai cessé d'y revenir, de l'offrir, de le prêter. Il commence par une série de meurtres, que l'on élucide au tiers du livre à peu près, et pour se rendre compte qu'il n'y a pas de solution.
Et maintenant, bien sûr, le gag, c'est que je ne peux pas vous en lire un passage, puisque je l'ai prêté...
Re: Les livres que vous relisez souvent
ha super idée de sujet.
Ce Giono est sublime avec cette incroyable description de l'arbre. Fascinante pépite littéraire.
pour moi:
- Montaigne, que je ne connais pas en spécialiste, n'ai pas lu en entier mais j'aime cet homme, ses mots. Je le considère comme un de mes amis qui ne m'a jamais fait défaut quand je suis un peu mal, déprimée, découragée; il me fait un bien fou. Je l'aime tout simplement.
Citation que j'adore: " J'ai la bouche effrontée." J'en ris encore. Pour les citations plus longues, il faudrait le livre.
- Pascal, j'y reviens très régulièrement pour ces passages sublimes qui calment bien, cette langue si pure.
Je viens de découvrir Tolstoï et je crois que nous allons nous effleurer souvent; tant l'homme que le roman, Anna Karénine, m'enflamment. Encore un futur ami.
- Flaubert pour le style parfait, ciselé, sans un mot de trop et le cynisme revigorant. Quelqu'un m'a dit: il y a tout un monde dans chaque phrase de Flaubert. La phrase la plus pertinente jamais entendue sur cet auteur.
-Proust me plaît de plus en plus mais étrangement je ne réussis pas à le lire, je dois l'écouter en MP3 pour l'apprécier. Je suis en phase d'addiction néanmoins.
Ce Giono est sublime avec cette incroyable description de l'arbre. Fascinante pépite littéraire.
pour moi:
- Montaigne, que je ne connais pas en spécialiste, n'ai pas lu en entier mais j'aime cet homme, ses mots. Je le considère comme un de mes amis qui ne m'a jamais fait défaut quand je suis un peu mal, déprimée, découragée; il me fait un bien fou. Je l'aime tout simplement.
Citation que j'adore: " J'ai la bouche effrontée." J'en ris encore. Pour les citations plus longues, il faudrait le livre.
- Pascal, j'y reviens très régulièrement pour ces passages sublimes qui calment bien, cette langue si pure.
Je viens de découvrir Tolstoï et je crois que nous allons nous effleurer souvent; tant l'homme que le roman, Anna Karénine, m'enflamment. Encore un futur ami.
- Flaubert pour le style parfait, ciselé, sans un mot de trop et le cynisme revigorant. Quelqu'un m'a dit: il y a tout un monde dans chaque phrase de Flaubert. La phrase la plus pertinente jamais entendue sur cet auteur.
-Proust me plaît de plus en plus mais étrangement je ne réussis pas à le lire, je dois l'écouter en MP3 pour l'apprécier. Je suis en phase d'addiction néanmoins.
Ijja- Maitre Philosophe
- Messages : 1365
Date d'inscription : 04/05/2011
Re: Les livres que vous relisez souvent
J'ai plusieurs auteurs de chevet qui m'accompagne depuis plus de trente ans :
Diderot : je dois en être à la vingtième de Jaques le Fataliste et du Neveu de Rameau. C'est fin, fort et tellement écrit.
Raymond Queneau : Les fleurs bleues sont sur ma table au moins une fois par an depuis plus de 30 ans.
Spinoza : l'Ethique revient aussi tous les ans depuis 20 ans
Cicéron : bizarre non ? C'est un écrivain fantastique, je suis toujours triste de le terminer alors je recommence.
Balzac : je tombe dedans, je fais une cure de deux ou trois romans, dela depuis 20 ans.
San Antonio : c'est le vainqueur toute catégorie. Il ne me quitte pas. Je fais des cures. 10 bouquins d'un coup. Je connais certains quasi par coeur.
Proust : c'est inépuisable, drôle, un monde et un style unique. Mais je l'ai apprécié tardivement (moins de 10 ans) J'en sui à ma troisième lecture.
Molière : Hérodote sait ma dévotion pour Molière. Je peux tenir des rôles entiers, je ne me lasse pas, c'est une lecture quasi permanente
MAIS
Il y a des livres que je ne veux pas relire parce que j'ai peur de tuer la magie que j'ai ressenti :
Le grand Maulnes d'Alain-Fournier. C'est une magie que je ne veux pas abimer, je n'ose pas le rouvrir depuis 30 ans, j'ai peur d'abimer mon souvenir. C'est peut-être le bouquin qui m'est le plus proche et que je n'ai lu qu'une fois !
Gatsby le Magnifique de Scott Fitzgerald. Pareil. Je l'ai lu un été. Il est associé à une ambiance, je ne veux pas qu'il sorte de cette ambiance. Je n'y touche plus mais je brûle de le relire !
Diderot : je dois en être à la vingtième de Jaques le Fataliste et du Neveu de Rameau. C'est fin, fort et tellement écrit.
Raymond Queneau : Les fleurs bleues sont sur ma table au moins une fois par an depuis plus de 30 ans.
Spinoza : l'Ethique revient aussi tous les ans depuis 20 ans
Cicéron : bizarre non ? C'est un écrivain fantastique, je suis toujours triste de le terminer alors je recommence.
Balzac : je tombe dedans, je fais une cure de deux ou trois romans, dela depuis 20 ans.
San Antonio : c'est le vainqueur toute catégorie. Il ne me quitte pas. Je fais des cures. 10 bouquins d'un coup. Je connais certains quasi par coeur.
Proust : c'est inépuisable, drôle, un monde et un style unique. Mais je l'ai apprécié tardivement (moins de 10 ans) J'en sui à ma troisième lecture.
Molière : Hérodote sait ma dévotion pour Molière. Je peux tenir des rôles entiers, je ne me lasse pas, c'est une lecture quasi permanente
MAIS
Il y a des livres que je ne veux pas relire parce que j'ai peur de tuer la magie que j'ai ressenti :
Le grand Maulnes d'Alain-Fournier. C'est une magie que je ne veux pas abimer, je n'ose pas le rouvrir depuis 30 ans, j'ai peur d'abimer mon souvenir. C'est peut-être le bouquin qui m'est le plus proche et que je n'ai lu qu'une fois !
Gatsby le Magnifique de Scott Fitzgerald. Pareil. Je l'ai lu un été. Il est associé à une ambiance, je ne veux pas qu'il sorte de cette ambiance. Je n'y touche plus mais je brûle de le relire !
Jean-Dominique- Petit Sage
- Messages : 457
Date d'inscription : 09/05/2011
Re: Les livres que vous relisez souvent
Je n'ai jamais lu Gatsby mais je viens d'entendre des lectures( Ça ne peut pas faire de mal de Galienne sur Inter) de cet auteur et ma foi, ça vaut le détour. La scène ou le narrateur tombe sur Gatsby sans le savoir dans une party: grand.
Ijja- Maitre Philosophe
- Messages : 1365
Date d'inscription : 04/05/2011
Re: Les livres que vous relisez souvent
Je me rends compte que je n'ai jamais lu de livres plusieurs fois...
Re: Les livres que vous relisez souvent
J'en ai lu un seul plusieurs fois: Les Misérables de Victor Hugo. Mais j'étais enfant et je crois que je n'en ai pas compris grand chose, mais ce livre me fascinait. Je n'ai pas eu le courage de le reprendre plus tard...
Paulati- Elevée en plein air
- Messages : 2048
Date d'inscription : 02/08/2012
Age : 32
Localisation : Maisons Alfort
Re: Les livres que vous relisez souvent
Virgin Suicides de Jeffrey Eugenides. Je l'ai lu jusqu'à écoeurement... et encore aujourd'hui, j'aime en relire des passages ; je trouve ce roman extrêmement poétique, touchant. C'est le texte que j'aurais aimé écrire, je crois.
Tess of the d'Urbervilles de Thomas Hardy, un de mes romans préférés, magnifique de bout en bout.
La série des Malaussène de Daniel Pennac, Au bonheur des ogres, la Fée carabine, la Petite marchande de prose. Je les ai lus au moins une bonne dizaine de fois à l'adolescence.
Tess of the d'Urbervilles de Thomas Hardy, un de mes romans préférés, magnifique de bout en bout.
La série des Malaussène de Daniel Pennac, Au bonheur des ogres, la Fée carabine, la Petite marchande de prose. Je les ai lus au moins une bonne dizaine de fois à l'adolescence.
Re: Les livres que vous relisez souvent
Spirale a écrit:Je me rends compte que je n'ai jamais lu de livres plusieurs fois...
Pareil... J'ai jamais lu un livre plusieurs fois...
LordToms- Président du CAJMP
- Messages : 4811
Date d'inscription : 21/05/2012
Age : 36
Localisation : Haute-Garonne
Re: Les livres que vous relisez souvent
" marche ou crève " de Stephen King écrit au début de son parcours créatif et qu'il a sorti sous le pseudo de Richard Bachmann et c'est enorme...je le conseille à tou(te)s ...
Ils s'agit d'une oeuvre d'anticipation , sans monstre surnaturel juste l'esprit humain sous toutes ses facettes...
Donc on se retrouve sur une route au sein d'un groupe d'hommes qui s'apprêtent à participer à la grande marche qui semble être Un 'Evenement majeur...
Ils sont 100 (je crois) au départ, une fois en route ils ne peuvent descendre en dessous d'une vitesse X... 2 avertissements verbaux seront lancés si la limite est franchie une troisième fois ils sont abattu et le dernier vivant sur la route reçoit le prix...allez y c'est prenant on vit la course ,la route et les esprits qui souffrent...
Ils s'agit d'une oeuvre d'anticipation , sans monstre surnaturel juste l'esprit humain sous toutes ses facettes...
Donc on se retrouve sur une route au sein d'un groupe d'hommes qui s'apprêtent à participer à la grande marche qui semble être Un 'Evenement majeur...
Ils sont 100 (je crois) au départ, une fois en route ils ne peuvent descendre en dessous d'une vitesse X... 2 avertissements verbaux seront lancés si la limite est franchie une troisième fois ils sont abattu et le dernier vivant sur la route reçoit le prix...allez y c'est prenant on vit la course ,la route et les esprits qui souffrent...
baton de dedale- Chien fou
- Messages : 201
Date d'inscription : 15/04/2012
Age : 54
Localisation : Bruxelles
Re: Les livres que vous relisez souvent
Depuis des années, je relis les "Essais" de Montaigne régulièrement.
Cela porte à l'humilité, au bon sens, et à la conscience de l'inanité des choses.
Cela porte à l'humilité, au bon sens, et à la conscience de l'inanité des choses.
Nelson- Grand Maitre Suprême
- Messages : 6859
Date d'inscription : 25/04/2011
Localisation : Hic et nunc
Re: Les livres que vous relisez souvent
Régulièrement, lorsque j'ai peu de temps, un soir où je ne sais pas quoi lire et pas forcément envie de me lancer dans un truc suivi, je reprends les nouvelles de Jorge Luis Borges.
Mes préférées sont, de loin, celles du volume Fictions. J'ai entendu un jour Guillaume Galienne lire Funès ou la mémoire, et ce fut un ravissement. Souvent, je relis ces quelques pages et le destin (purement imaginaire) de cet homme, la façon dont Borges donee vie à une supposition mathématique, et montre que cette vie n'est pas possible, me bouleversent toujours.
Et pour une littéraire, Le Quichotte de Pierre Ménard est un régal.
Quand je prête mes Borges, notamment à cux de mes amis qui ont plutôt fait des études techniques ou scientifiques, ils préfèrent, eux les nouvelles du Livre de Sable : je les trouve plus arides et moins soignées, mais eux me disent que l'abstraction qui y est à l'oeuvre leur parle infiniment.
Mes préférées sont, de loin, celles du volume Fictions. J'ai entendu un jour Guillaume Galienne lire Funès ou la mémoire, et ce fut un ravissement. Souvent, je relis ces quelques pages et le destin (purement imaginaire) de cet homme, la façon dont Borges donee vie à une supposition mathématique, et montre que cette vie n'est pas possible, me bouleversent toujours.
Et pour une littéraire, Le Quichotte de Pierre Ménard est un régal.
Quand je prête mes Borges, notamment à cux de mes amis qui ont plutôt fait des études techniques ou scientifiques, ils préfèrent, eux les nouvelles du Livre de Sable : je les trouve plus arides et moins soignées, mais eux me disent que l'abstraction qui y est à l'oeuvre leur parle infiniment.
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Ne prenez pas la vie trop au sérieux, de toute façon vous n'en sortirez pas vivant.
Re: Les livres que vous relisez souvent
J'avais commencé Fictions de Borges, j'avais trouvé ça super.
Re: Les livres que vous relisez souvent
J'ai prêté Le livre de sable récemment, mais dans 5 minutes je ne résiste pas, je vous mets deux-trois pages de Funès...
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Ne prenez pas la vie trop au sérieux, de toute façon vous n'en sortirez pas vivant.
Re: Les livres que vous relisez souvent
Funes ou la Mémoire
"Je me le rappelle (je n'ai pas le droit de prononcer ce verbe sacré ; un seul homme au monde eut ce droit et cet homme est mort) une passionnaire sombre à la main, voyant cette fleur comme aucun être ne l'a vue, même s'il l'a regardée du crépuscule de l'aube au crépuscule du soir, toute une vie entière. Je me rappelle son visage taciturne d'indien, singulièrement lointain derrière sa cigarette. Je me rappelle (je crois) ses mains rudes de tresseur. Je me rappelle, près de ses mains, un maté aux armes de l'Uruguay ; je me rappelle, à la fenêtre de sa maison, une natte jaune avec un vague paysage lacustre. Je me rappelle distinctement sa voix, la voix posée, aigrie et nasillarde de l'ancien habitant des faubourgs sans les sifflements italiens de maintenant. Je ne l'ai pas vu lus de trois fois ; la dernière en 1887... Je trouve très heureux le projet de demander à tous ceux qui l'ont fréquenté d'écrire à son sujet ; mon témoignage sera peut-être le plus bref et sans doute le plus pauvre, mais non le moins impartial du volume que vous éditerez.
[...]
La mère de Funes me reçut dans le ranch bien entretenu. Elle me dit qu'Irénée était dans la pièce du fond, et de ne pas être surpris si je le trouvais dans l'obscurité, car Irénée passait habituellement les heures mortes sans allumer la bougie. Je traversai le patio dallé, le petit couloir, j'arrivai dans le deuxième patio. Il y avait une treille ; l'obscurité put me paraître totale. J'entendis soudain la voix haute et moqueuse d'Irénée. Cette voix parlait en latin ; cette voix (qui venait des ténèbres) articulait avec une traînante délectation un discours, une prière ou une incantation. Les syllabes romaines résonnèrent dans le patio de terre ; mon effroi les croyait indéchiffrables, interminables ; puis, dans l'extraordinaire dialogue de cette nuit, je sus qu'elles constituaient le premier paragraphe du vingt-quatrième chapitre du livre VII de la Naturalis Historia. Le sujet de ce chapitre est la mèmoire ; les derniers mots furent : ut nihil non iisdem verbis redderetur auditum. [...] "
Je vous laisse découvrir le reste
"Je me le rappelle (je n'ai pas le droit de prononcer ce verbe sacré ; un seul homme au monde eut ce droit et cet homme est mort) une passionnaire sombre à la main, voyant cette fleur comme aucun être ne l'a vue, même s'il l'a regardée du crépuscule de l'aube au crépuscule du soir, toute une vie entière. Je me rappelle son visage taciturne d'indien, singulièrement lointain derrière sa cigarette. Je me rappelle (je crois) ses mains rudes de tresseur. Je me rappelle, près de ses mains, un maté aux armes de l'Uruguay ; je me rappelle, à la fenêtre de sa maison, une natte jaune avec un vague paysage lacustre. Je me rappelle distinctement sa voix, la voix posée, aigrie et nasillarde de l'ancien habitant des faubourgs sans les sifflements italiens de maintenant. Je ne l'ai pas vu lus de trois fois ; la dernière en 1887... Je trouve très heureux le projet de demander à tous ceux qui l'ont fréquenté d'écrire à son sujet ; mon témoignage sera peut-être le plus bref et sans doute le plus pauvre, mais non le moins impartial du volume que vous éditerez.
[...]
La mère de Funes me reçut dans le ranch bien entretenu. Elle me dit qu'Irénée était dans la pièce du fond, et de ne pas être surpris si je le trouvais dans l'obscurité, car Irénée passait habituellement les heures mortes sans allumer la bougie. Je traversai le patio dallé, le petit couloir, j'arrivai dans le deuxième patio. Il y avait une treille ; l'obscurité put me paraître totale. J'entendis soudain la voix haute et moqueuse d'Irénée. Cette voix parlait en latin ; cette voix (qui venait des ténèbres) articulait avec une traînante délectation un discours, une prière ou une incantation. Les syllabes romaines résonnèrent dans le patio de terre ; mon effroi les croyait indéchiffrables, interminables ; puis, dans l'extraordinaire dialogue de cette nuit, je sus qu'elles constituaient le premier paragraphe du vingt-quatrième chapitre du livre VII de la Naturalis Historia. Le sujet de ce chapitre est la mèmoire ; les derniers mots furent : ut nihil non iisdem verbis redderetur auditum. [...] "
Je vous laisse découvrir le reste
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Ne prenez pas la vie trop au sérieux, de toute façon vous n'en sortirez pas vivant.
Re: Les livres que vous relisez souvent
Comme j'adore les défis impossibles, j'ai prévu de faire lire à mes 3e Les Pâques à New York de Blaise Cendrars (ça confine au masochisme...)
Vous l'aurez deviné, c'est une oeuvre que j'adore. Dès que j'aurais couché mon gugusse de 3 ans et demi, je viens vous en lire un passage...
Vous l'aurez deviné, c'est une oeuvre que j'adore. Dès que j'aurais couché mon gugusse de 3 ans et demi, je viens vous en lire un passage...
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Ne prenez pas la vie trop au sérieux, de toute façon vous n'en sortirez pas vivant.
Re: Les livres que vous relisez souvent
Deux passages que j'aime beaucoup :
"Je ne Vous ai pas connu alors, - ni maintenant.
Je n'ai jamais prié quand j'étais un petit enfant.
Ce soir pourtant je pense à Vous avec effroi.
Mon âme est une veuve en deuil au pied de votre Croix ;
Mon âme est une veuve en noir, - c'est votre Mère
Sans larme et sans espoir, comme l'a peinte Carrière.
Je connais tous les Christs qui pensent dans les musées ;
Mais Vous marchez, Seigneur, ce soir à mes côtés.
Je descends à grands pas vers le bas de la ville,
Le dos voûté, le coeur ridé, l'esprit fébrile.
Votre flanc grand-ouvert est comme un grand soleil
Et vos mains tout autour palpitent d'étincelles.
Les vitres des maisons sont toutes pleines de sang
Et les femmes, derrière, sont comme des fleurs de sang,
D'étranges mauvaises fleurs flétries, des orchidées,
Calices renversés ouverts sous vos trois plaies.
Votre sang recueilli, elles ne l'ont jamais bu.
Elles ont du rouge aux lèvres et des dentelles au cul."
Un peu plus loin :
"Seigneur, la foule des pauvres pour qui vous fîtes le Sacrifice
Est ici, parquée tassée, comme du bétail, dans les hospices.
D'immenses bateaux noirs viennent des horizons
Et les débarquent, pêle-mêle, sur les pontons.
Il y a des Italiens, des Grecs, des Espagnols,
Des Russes, des Bulgares, des Persans, des Mongols.
Ce sont des bêtes de cirque qui sautent les méridiens.
On leur jette un morceau de viande noire, comme à des chiens.
C'est leur bonheur à eux que cette sale pitance.
Seigneur, ayez pitié des peuples en souffrance.
Seigneur dans les ghettos grouille la tourbe des Juifs
Ils viennent de Pologne et sont tous fugitifs.
Je le sais bien, ils ont fait ton Procès ;
Mais je t'assure, ils ne sont pas tout à fait mauvais.
Ils sont dans des boutiques sous des lampes de cuivre,
Vendent des vieux habits, des armes et des livres.
Rembrandt aimait beaucoup les peindre dans leurs défroques.
Moi, j'ai, ce soir, marchandé un microscope.
Hélas! Seigneur, Vous ne serez plus là, après Pâques !
Seigneur, ayez pitié des Juifs dans les baraques.
Seigneur, les humbles femmes qui vous accompagnèrent à Golgotha
Se cachent. Au fond des bouges, sur d'immondes sophas,
Elles sont polluées de la misère des hommes.
Des chiens leur ont rongé les os, et dans le rhum
Elles cachent leur vice endurci qui s'écaille.
Seigneur, quand une de ces femmes me parle, je défaille.
Je voudrais être Vous pour aimer les prostituées.
Seigneur, ayez pitié des prostituées.
Seigneur, je suis dans le quartier des bons voleurs,
Des vagabonds, des va-nu-pieds, des recéleurs.
Je pense aux deux larrons qui étaient avec vous à la Potence,
Je sais que vous daignez sourire à leur malchance.
Seigneur, l'un voudrait une corde avec un nœud au bout,
Mais ça n'est pas gratis, la corde, ça coûte vingt sous.
Il raisonnait comme un philosophe, ce vieux bandit.
Je lui ai donné de l'opium pour qu'il aille plus vite en paradis."
"Je ne Vous ai pas connu alors, - ni maintenant.
Je n'ai jamais prié quand j'étais un petit enfant.
Ce soir pourtant je pense à Vous avec effroi.
Mon âme est une veuve en deuil au pied de votre Croix ;
Mon âme est une veuve en noir, - c'est votre Mère
Sans larme et sans espoir, comme l'a peinte Carrière.
Je connais tous les Christs qui pensent dans les musées ;
Mais Vous marchez, Seigneur, ce soir à mes côtés.
Je descends à grands pas vers le bas de la ville,
Le dos voûté, le coeur ridé, l'esprit fébrile.
Votre flanc grand-ouvert est comme un grand soleil
Et vos mains tout autour palpitent d'étincelles.
Les vitres des maisons sont toutes pleines de sang
Et les femmes, derrière, sont comme des fleurs de sang,
D'étranges mauvaises fleurs flétries, des orchidées,
Calices renversés ouverts sous vos trois plaies.
Votre sang recueilli, elles ne l'ont jamais bu.
Elles ont du rouge aux lèvres et des dentelles au cul."
Un peu plus loin :
"Seigneur, la foule des pauvres pour qui vous fîtes le Sacrifice
Est ici, parquée tassée, comme du bétail, dans les hospices.
D'immenses bateaux noirs viennent des horizons
Et les débarquent, pêle-mêle, sur les pontons.
Il y a des Italiens, des Grecs, des Espagnols,
Des Russes, des Bulgares, des Persans, des Mongols.
Ce sont des bêtes de cirque qui sautent les méridiens.
On leur jette un morceau de viande noire, comme à des chiens.
C'est leur bonheur à eux que cette sale pitance.
Seigneur, ayez pitié des peuples en souffrance.
Seigneur dans les ghettos grouille la tourbe des Juifs
Ils viennent de Pologne et sont tous fugitifs.
Je le sais bien, ils ont fait ton Procès ;
Mais je t'assure, ils ne sont pas tout à fait mauvais.
Ils sont dans des boutiques sous des lampes de cuivre,
Vendent des vieux habits, des armes et des livres.
Rembrandt aimait beaucoup les peindre dans leurs défroques.
Moi, j'ai, ce soir, marchandé un microscope.
Hélas! Seigneur, Vous ne serez plus là, après Pâques !
Seigneur, ayez pitié des Juifs dans les baraques.
Seigneur, les humbles femmes qui vous accompagnèrent à Golgotha
Se cachent. Au fond des bouges, sur d'immondes sophas,
Elles sont polluées de la misère des hommes.
Des chiens leur ont rongé les os, et dans le rhum
Elles cachent leur vice endurci qui s'écaille.
Seigneur, quand une de ces femmes me parle, je défaille.
Je voudrais être Vous pour aimer les prostituées.
Seigneur, ayez pitié des prostituées.
Seigneur, je suis dans le quartier des bons voleurs,
Des vagabonds, des va-nu-pieds, des recéleurs.
Je pense aux deux larrons qui étaient avec vous à la Potence,
Je sais que vous daignez sourire à leur malchance.
Seigneur, l'un voudrait une corde avec un nœud au bout,
Mais ça n'est pas gratis, la corde, ça coûte vingt sous.
Il raisonnait comme un philosophe, ce vieux bandit.
Je lui ai donné de l'opium pour qu'il aille plus vite en paradis."
_________________
Ne prenez pas la vie trop au sérieux, de toute façon vous n'en sortirez pas vivant.
Re: Les livres que vous relisez souvent
Comme je suis pas trop dérangée lorsque je viens ici (nan mais quand même, vous pourriez faire un effort...), je continue en portant aujourd'hui devant vous un roman que j'ai relu, pfiouuuu ! combien de fois depuis mes 15 ans ?
Le seul Zola qui se finisse bien, c'est-à-dire sans que son héros/héroïne meure dans le malheur ou la déchéance morale/physique/matérielle. J'ai nommé : Au Bonheur des Dames !
Pourquoi je l'adore, outre le fait que c'est le seul qui se termine bien, donc ?
Parce que quand je vois ma mère lancée dans Ikea, je pense à Mme Marty.
Parce que son héroïne est entêtée et douce, ce qui est chouette et encourageant pour l'avenir de l'humanité. (Moi, naïve ? nooooooon)
Parce que le dernier chapitre contient un éloge du bordel organisé, en tous cas dans le commerce.
Le seul Zola qui se finisse bien, c'est-à-dire sans que son héros/héroïne meure dans le malheur ou la déchéance morale/physique/matérielle. J'ai nommé : Au Bonheur des Dames !
Pourquoi je l'adore, outre le fait que c'est le seul qui se termine bien, donc ?
Parce que quand je vois ma mère lancée dans Ikea, je pense à Mme Marty.
Parce que son héroïne est entêtée et douce, ce qui est chouette et encourageant pour l'avenir de l'humanité. (Moi, naïve ? nooooooon)
Parce que le dernier chapitre contient un éloge du bordel organisé, en tous cas dans le commerce.
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Ne prenez pas la vie trop au sérieux, de toute façon vous n'en sortirez pas vivant.
Re: Les livres que vous relisez souvent
Ah ouais, me rappelle. Et Zola en parle déjà de ce magasin dans Pot-Bouille, le mec de Marseille qui monte à Paris pour bosser dans les fringues. Duvivier en a d'ailleurs tiré un joli film de ce Pot-Bouille, avec Gérard Philipe et Darrieux. Me rappelle l'avoir vu il y a longtemps au Cinéma de Minuit et j'avais bien ri. Par contre, j'ai jamais vu le Au bonheur des Dames de Cayatte avec Michel Simon. Tiens, Sylvie, au cas où tu ne l'aurais pas vu non plus, je te le mets en-dessous. A l'occaz, si ça te dit un soir de pousser la curiosité :
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Guthrie- .
- Messages : 2547
Date d'inscription : 30/09/2012
Re: Les livres que vous relisez souvent
SylvieB, ce Blaise Cendrars, il me le faut !
Merci du tuyau !
Merci du tuyau !
Nelson- Grand Maitre Suprême
- Messages : 6859
Date d'inscription : 25/04/2011
Localisation : Hic et nunc
Re: Les livres que vous relisez souvent
Alors, le plus simple, c'est de commander auprès d'un bon libraire le volume "Du monde entier au coeur du monde" chez Gallimard-NRF, ce sont ses poésies complètes.
_________________
Ne prenez pas la vie trop au sérieux, de toute façon vous n'en sortirez pas vivant.
Re: Les livres que vous relisez souvent
Merci, Gente Dame.
Nelson- Grand Maitre Suprême
- Messages : 6859
Date d'inscription : 25/04/2011
Localisation : Hic et nunc
Re: Les livres que vous relisez souvent
Oh tu penses, pour une fois que je tombe sur quelqu'un qui aime Blaise Cendrars !!
_________________
Ne prenez pas la vie trop au sérieux, de toute façon vous n'en sortirez pas vivant.
Re: Les livres que vous relisez souvent
Ben, je l'avais lu à l'école, il doit y avoir...Une cinquantaine d'années...
Nelson- Grand Maitre Suprême
- Messages : 6859
Date d'inscription : 25/04/2011
Localisation : Hic et nunc
Re: Les livres que vous relisez souvent
"Bourlinguer" est génial aussi.
Guthrie- .
- Messages : 2547
Date d'inscription : 30/09/2012
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