La Justice, inatteignable derrière le désir de vengeance
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La Justice, inatteignable derrière le désir de vengeance
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Il suffit de quelques actions non ou mal accomplies à la fin des guerres pour qu’elles renaissent quelques années plus tard. Analyse
Le premier Ordre de Sagesse du Rite Français se penche sur ce chemin si escarpé qui mène de la Vengeance à la Justice . Les indices ne manquent pas pour montrer que l’espèce humaine s’est dotée d’outils qui ont indéniablement permis le progrès en la matière. S’il fallait encore s’en assurer, l’écart entre les codes juridiques actuels et les contenus correspondants dans les textes religieux « sacrés » est une preuve de plus que ces derniers sont humains, trop humains, et calés sur l’esprit qui régnait lors de leur écriture.
Dans son dernier opus « Le labyrinthe des égarés : l’Occident et ses adversaires », Amin Maalouf dresse une grande fresque des derniers millénaires . Il explique comment l’Occident s’est « détaché du peloton » pour faire, depuis, la course en tête. Et, comme on sait, c’est épuisant de tenir en échappée jusqu’au bout, seul contre tous.
Amin Maalouf met en lumière diverses bifurcations importantes, dont il ressort que plein d’occasions furent manquées, qui auraient permis un bien meilleur état du monde actuel. À l’intérieur des frontières un processus pacificateur peut être en cours, alors qu’à l’international l’égo et la paranoïa peuvent aveugler les dirigeants, faisant peser en permanence le risque d’un embrasement général.
Au passage, il montre comment, au sortir de la guerre de Sécession, pourtant clairement remportée par le Nord, l’intention d’obtenir une insertion correcte des noirs dans la citoyenneté des états du sud a été très rapidement abandonnée. Il a suffi que Lincoln soit assassiné et que la volonté de progrès disparaisse avec lui.
Conséquence : 170 ans plus tard, la plaie est toujours à vif, et deux élections de Barrack Obama ne l’ont pas refermée.
Tout ceci n’empêche pas les États-Unis et plein de ses vassaux de nous clamer que le communautarisme est la solution idéale pour l’insertion de populations immigrées.
C’est sur ce point que le livre est intéressant : il pose la question de cette lancinante tendance à ne pas intégrer les leçons apprises des échecs du passé. Ces échecs se sont présentés dans chacun des grands pays ou civilisations : Europe, Japon, Chine, Russie, États-Unis…
Bien sûr, il n’y a pas deux cas identiques. Dans la majorité des cas, l’identité joue un rôle majeur, et les atteintes à l’identité sont des grands vecteurs de soulèvement par le désir de vengeance ou la correction de « l’outrage ». Evidemment, nous savons aussi que désigner un coupable extérieur est un outil idéal pour distraire l’attention du peuple de turpitudes que l’on souhaite cacher, et de plus cela « ressoude les troupes » . Tous les Poutine savent cela, les peuples aussi, mais ça marche quand même.
Dans les pays monothéistes, les notions d’identité et de religion se sont interpénétrées. La Russie actuelle affiche sa croix orthodoxe. Et pourtant, une des nouveautés de l’Union Soviétique était son athéisme. En Extrême Orient le socle confucianiste a imprimé dans tous les esprits que le comportement dans l’espace public est ce qui fait la citoyenneté, et pas nos ses pensées métaphysiques .
Etendre ces idées à toute l’humanité lèverait un obstacle majeur à l’universalisme, cher à notre ordre.
Et dissoudrait un des nuages qui obscurcissent notre horizon actuel, du côté des populations arabo-musulmanes.
Un autre cas unique, dans le passé proche, fut la Guerre Froide des années 60. Des arsenaux terrifiants de part et d’autre, une compétition idéologique féroce, des égos de dirigeants. Quelques éclairs de lucidité et un téléphone rouge, un ouf de soulagement, puis la compétition économique avec un clair vainqueur ont mis fin à l’épisode. On s’est dépêchés de l’oublier.
On s’était aussi dépêchés d’oublier la première Guerre Mondiale ( pourtant appelée la Der des Der ), et notamment l’humiliation imposée à l’Allemagne par le Traité de Versailles.
Résultat : on s’est mangé le nazisme et la seconde Guerre Mondiale !
Pour compléter notre liste d’amnésies, trop heureux de la chute de l’URSS, nous avons laissé les russes se démerder seuls avec ses vautours. Les risques à éviter étaient pourtant clairement connus, et l’Allemagne a réussi sa réunification. Côté Russie, bonjour l’état mafieux . On s’est juste assuré que la bombe ne se promène pas trop ( Reagan avait tout de même laissé le Pakistan s’en doter..). Pour le reste, le démembrement de l’URSS est un remake de l’humiliation imposée aux Allemands après la première guerre . Résultat : Poutine.
Et voilà que ce dernier s’allie avec la Chine : nous voilà donc avec une seconde Guerre Froide. Qui dit guerre froide dit aussi ennemis de l’intérieur boostés par les adversaires à l’extérieur, suivez mon regard. Dans ce genre de relations, tout geste d’apaisement est interprété comme une faiblesse, et le risque de dérapage est permanent. Les arsenaux de l’apocalypse sont toujours opérationnels, il y a juste plus de joueurs ( Chine, Pakistan, Corée du Nord, Israël, bientôt l’Iran…).
Tous ceux qui ont élevé des enfants le savent : la punition, pour être juste, doit être limitée dans le temps. Pour les peuples, c’est pareil, il faut que la punition soit de courte durée, et suivie d’une restauration active des liens.
Que toute guerre soit suivie d’un plan Marshall en faveur des vaincus, et d’un programme Erasmus ! Nous les maçons, répétons le inlassablement dans la Cité !
Il suffit de quelques actions non ou mal accomplies à la fin des guerres pour qu’elles renaissent quelques années plus tard. Analyse
Le premier Ordre de Sagesse du Rite Français se penche sur ce chemin si escarpé qui mène de la Vengeance à la Justice . Les indices ne manquent pas pour montrer que l’espèce humaine s’est dotée d’outils qui ont indéniablement permis le progrès en la matière. S’il fallait encore s’en assurer, l’écart entre les codes juridiques actuels et les contenus correspondants dans les textes religieux « sacrés » est une preuve de plus que ces derniers sont humains, trop humains, et calés sur l’esprit qui régnait lors de leur écriture.
Dans son dernier opus « Le labyrinthe des égarés : l’Occident et ses adversaires », Amin Maalouf dresse une grande fresque des derniers millénaires . Il explique comment l’Occident s’est « détaché du peloton » pour faire, depuis, la course en tête. Et, comme on sait, c’est épuisant de tenir en échappée jusqu’au bout, seul contre tous.
Amin Maalouf met en lumière diverses bifurcations importantes, dont il ressort que plein d’occasions furent manquées, qui auraient permis un bien meilleur état du monde actuel. À l’intérieur des frontières un processus pacificateur peut être en cours, alors qu’à l’international l’égo et la paranoïa peuvent aveugler les dirigeants, faisant peser en permanence le risque d’un embrasement général.
Au passage, il montre comment, au sortir de la guerre de Sécession, pourtant clairement remportée par le Nord, l’intention d’obtenir une insertion correcte des noirs dans la citoyenneté des états du sud a été très rapidement abandonnée. Il a suffi que Lincoln soit assassiné et que la volonté de progrès disparaisse avec lui.
Conséquence : 170 ans plus tard, la plaie est toujours à vif, et deux élections de Barrack Obama ne l’ont pas refermée.
Tout ceci n’empêche pas les États-Unis et plein de ses vassaux de nous clamer que le communautarisme est la solution idéale pour l’insertion de populations immigrées.
C’est sur ce point que le livre est intéressant : il pose la question de cette lancinante tendance à ne pas intégrer les leçons apprises des échecs du passé. Ces échecs se sont présentés dans chacun des grands pays ou civilisations : Europe, Japon, Chine, Russie, États-Unis…
Bien sûr, il n’y a pas deux cas identiques. Dans la majorité des cas, l’identité joue un rôle majeur, et les atteintes à l’identité sont des grands vecteurs de soulèvement par le désir de vengeance ou la correction de « l’outrage ». Evidemment, nous savons aussi que désigner un coupable extérieur est un outil idéal pour distraire l’attention du peuple de turpitudes que l’on souhaite cacher, et de plus cela « ressoude les troupes » . Tous les Poutine savent cela, les peuples aussi, mais ça marche quand même.
Dans les pays monothéistes, les notions d’identité et de religion se sont interpénétrées. La Russie actuelle affiche sa croix orthodoxe. Et pourtant, une des nouveautés de l’Union Soviétique était son athéisme. En Extrême Orient le socle confucianiste a imprimé dans tous les esprits que le comportement dans l’espace public est ce qui fait la citoyenneté, et pas nos ses pensées métaphysiques .
Etendre ces idées à toute l’humanité lèverait un obstacle majeur à l’universalisme, cher à notre ordre.
Et dissoudrait un des nuages qui obscurcissent notre horizon actuel, du côté des populations arabo-musulmanes.
Un autre cas unique, dans le passé proche, fut la Guerre Froide des années 60. Des arsenaux terrifiants de part et d’autre, une compétition idéologique féroce, des égos de dirigeants. Quelques éclairs de lucidité et un téléphone rouge, un ouf de soulagement, puis la compétition économique avec un clair vainqueur ont mis fin à l’épisode. On s’est dépêchés de l’oublier.
On s’était aussi dépêchés d’oublier la première Guerre Mondiale ( pourtant appelée la Der des Der ), et notamment l’humiliation imposée à l’Allemagne par le Traité de Versailles.
Résultat : on s’est mangé le nazisme et la seconde Guerre Mondiale !
Pour compléter notre liste d’amnésies, trop heureux de la chute de l’URSS, nous avons laissé les russes se démerder seuls avec ses vautours. Les risques à éviter étaient pourtant clairement connus, et l’Allemagne a réussi sa réunification. Côté Russie, bonjour l’état mafieux . On s’est juste assuré que la bombe ne se promène pas trop ( Reagan avait tout de même laissé le Pakistan s’en doter..). Pour le reste, le démembrement de l’URSS est un remake de l’humiliation imposée aux Allemands après la première guerre . Résultat : Poutine.
Et voilà que ce dernier s’allie avec la Chine : nous voilà donc avec une seconde Guerre Froide. Qui dit guerre froide dit aussi ennemis de l’intérieur boostés par les adversaires à l’extérieur, suivez mon regard. Dans ce genre de relations, tout geste d’apaisement est interprété comme une faiblesse, et le risque de dérapage est permanent. Les arsenaux de l’apocalypse sont toujours opérationnels, il y a juste plus de joueurs ( Chine, Pakistan, Corée du Nord, Israël, bientôt l’Iran…).
Tous ceux qui ont élevé des enfants le savent : la punition, pour être juste, doit être limitée dans le temps. Pour les peuples, c’est pareil, il faut que la punition soit de courte durée, et suivie d’une restauration active des liens.
Que toute guerre soit suivie d’un plan Marshall en faveur des vaincus, et d’un programme Erasmus ! Nous les maçons, répétons le inlassablement dans la Cité !
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Date d'inscription : 15/09/2015
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