Bernard Herrmann
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Bernard Herrmann
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Quand le cinéma n'était alors qu'une attraction de foire, il y avait sous le chapiteau, juste à côté de l'écran, un pianiste. Son rôle était de couvrir le bruit du projecteur, rassurer les spectateurs massés dans le noir et les rendre moins attentifs aux bruits environnants. Il s'agissait avant tout d'occuper l'oreille pour libérer l'œil. De temps à autre il levait la tête ; des cow-boys galopaient sur l'écran, il entonnait un fox-trot ; Guenièvre et Lancelot s'embrassaient en cul-de-poule, il jouait une romance. L'avènement du parlant mit au défi les compositeurs de donner, entre images et paroles, une place véritable à la musique. C'est à cette époque, années 30, qu'apparaît le son Hollywood : orchestre symphonique, virtuosité, utilisation de plus en plus savante du leitmotiv. Mais les règles du symphonisme hollywoodien, onctueux, crémeux à souhait, sont vite contestées par les orfèvres du film noir et les bricoleurs de génie. En tête de file, Orson Welles : c'est à son complice, Bernard Herrmann, que le fil est dédié. Les deux hommes se rencontrèrent à la radio. Herrmann dirigeait les œuvres contemporaines et classiques radiodiffusées, Welles montait des dramatiques sonores avec sa troupe du Mercury Theatre. Est-ce le cadre radio qui incita nos deux artistes à être sur la même longueur d'ondes, toujours est-il les pièces jouées/réalisées par l'ami Orson permettent à Herrmann d'écrire ses premières musiques de fiction.
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C'est donc sans réfléchir que Welles, à ses débuts dans le cinéma, lui propose de faire la musique de son Citizen Kane. Aujourd'hui célébré chef-d'œuvre de tous les temps, le film reçut à sa sortie un accueil assez tiède, les gens découvraient là le premier ovni du cinéma indépendant. Ce fut pour le compositeur l'occasion de montrer au grand public et aux gens de la profession ce dont il était capable. Et, dès Citizen, son style très personnel s'impose. Un style influencé par Debussy, Ravel, Ives, bâti autour de petits motifs mélodiques très simples qui semblent ne jamais devoir se résoudre et une orchestration privilégiant le registre grave des vents au détriment du lyrisme des cordes. Dissonances, changements de registre, renversements d'intervalles, Herrmann traite le leitmotiv, non à la sauce hollywoodienne, mais comme un mal nécessaire. Le leitmotiv classique est fondé sur la reconnaissance, celui d'Herrmann semble partir d'une idée de contamination, comme un élément perturbateur, un virus qui anéantit toute envolée des cordes et des bois. D'où la tension, l'angoisse sourde qui hante sa musique. Herrmann vampirise l'image. On n'assiste plus à une projection d'images et de sons mais à l'action visible et instantanée qu'ils exercent les uns sur les autres, à leur transformation ; la pellicule est ensorcelée. De là, les plus grands cinéastes veulent s'offrir le son Herrmann ; Mankiewicz, Wise, Hathaway, King, Walsh, Hitchcock, Truffaut, et en bout de chaîne, De Palma, Scorsese.
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Dernière édition par Guthrie le Sam 27 Avr - 8:42, édité 1 fois
Guthrie- .
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Re: Bernard Herrmann
Pour commencer, un aperçu de son travail sur la série télévisée SF de Rod Serling, The Twilight Zone, où Herrmann pouvait se livrer sans limites aux expérimentations. Dans l'épisode The Lonely, 1959, la nomenclature est à l'image de son style, des plus minimales : 2 vibraphones, 3 trompettes, 2 trombones, 2 harpes et un orgue. L'internaute a eu la bonne idée d'illustrer la vidéo (en deux parties) avec un court montage de l'épisode privé du son d'ambiance et des dialogues. De fait la musique passe en premier plan.
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Guthrie- .
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Re: Bernard Herrmann
Pour la réalisation de Psycho, au budget très serré, Hitchcock utilisa son équipe télé avec laquelle il produisait les épisodes de la série Alfred Hitchcock Presents. Herrmann eut à sa disposition un orchestre de chambre composé exclusivement de cordes, une première dans le cinéma. Je pense à Sylvie qui nous interroge ailleurs sur la culture populaire. Si une œuvre réussie est une œuvre accomplissant une fonction commémorative entre gens de différentes sociétés, différents milieux, par delà les pays, Psycho me semble le parfait exemple d'art populaire qui tire vers le haut. Aujourd'hui, en 2013, la musique de Psycho résonne dans toutes les têtes. Chacun pourrait dès la première mesure l'identifier. Pourtant, isolée des images, elle est loin d'être d'accès facile cette musique. Il y a du dodécaphonisme dedans, du sériel. On sent dans l'ombre La Nuit Transfigurée de Schoenberg, le Divertimento de Bartók ou encore la Symphonie n°2 d'Arthur Honegger. Comment expliquer alors son succès ? Bien entendu le fait qu'elle ait soutenu des images choc a contribué à ce qu'une large audience l'assimile sans déplaisir. D'ailleurs on serait bien emmerdé de dire qui illustre quoi dans ce film, est-ce la musique qui porte les images ou l'inverse ? Mais son succès, je crois, tient avant tout à la qualité d'écriture. On dépasse la musique de film ici. C'est de la musique pure qui se suffit à elle-même. Pas besoin d'images, même si elle ne pourra jamais s'en défaire. Art populaire ? Art noble ? Herrmann avec Psycho réussit le pari de populariser le dodécaphonisme et la musique sérielle. Est-il plus bel exemple de culture populaire qui tire vers le haut ?
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Guthrie- .
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Re: Bernard Herrmann
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Le fameux thème sifflé du film Twisted Nerve, 1968, auquel Tarantino aura eu le mérite au moins de donner une seconde jeunesse en l'utilisant comme hommage-citation dans Kill Bill ; la scène montée en Split Screen, procédé technique en hommage à Brian de Palma ou plus généralement au cinéma des années 70... oui, cela fait beaucoup de citations dans une même scène.
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Guthrie- .
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Ray Harryhauser
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RIP Ray Harryhauser.
Décédé mardi dernier, il aura, grâce au procédé d'animation image par image, donné vie aux plus démoniaques créatures. En haut, l'un des fameux squelettes qui affrontent Jason dans Jason et les Argonautes. Bernard Herrmann et lui formèrent un tandem inoubliable sur quatre films : Le Septième voyage de Sinbad, Les Voyages de Gulliver, L'Île mystérieuse et Jason.
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Guthrie- .
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Re: Bernard Herrmann
Une telle respiration serait aujourd'hui impensable. En s'accordant le luxe d'une séquence de plus de 10 min sans dialogue, Hitchcock, dans Vertigo, montre l'entière confiance qu'il avait en Bernard Herrmann. Une séquence où le réalisateur met à profit l'héritage du muet. En effet, les personnages étant privés de parole, la musique se charge de parler à leur place. Elle amplifie leur voix intérieure en traduisant leur psychologie face aux situations. D'où la magie et le mystère. On se sent envoûté par une force.
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Guthrie- .
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Re: Bernard Herrmann
Le thème d'ouverture de Vertigo (Sueurs Froides) programmé sur ordi par un mec avec des sons d'instruments d'orchestre virtuels. Le résultat est vraiment pas mal. On se casserait le nez.
Guthrie- .
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Sam aime ce message
Re: Bernard Herrmann
Merci pour ce travail de présentation Guth ! Bravo ! C'est très intéressant...
Invité- Invité
Re: Bernard Herrmann
Ola !!!
Amigo Olivo !!!
Comment vas-tu ?
Grand merci de ton passage et espérons qu'il ne soit pas éphémère sur le forum !
Tu nous manques, l'ami.
Amigo Olivo !!!
Comment vas-tu ?
Grand merci de ton passage et espérons qu'il ne soit pas éphémère sur le forum !
Tu nous manques, l'ami.
Guthrie- .
- Messages : 2547
Date d'inscription : 30/09/2012
Re: Bernard Herrmann
Super merci pour ce fil ! Hermann est un de mes compositeurs préférés. Minimalisme et efficacité. Par contre, il a composé des œuvres de concerts qui sont aussi, voir plus, intéressantes.
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