Drive

J'avoue que moi non plus, je n'ai pas vecu ca comme des temps morts, mais plus comme la contemplation d'un homme qui vire.

Pr. Platypus a écrit:
D'ailleurs, Spirale parlait de Lost in Translation et je retrouve dans ce film exactement ce que je ne supporte pas dans certains films de S. Coppola. Chez elle, le fond est là mais elle l'oublie et le noie dans des effets de manche. Ce n'est pas sa préoccupation principale (je pense à Marie-Antoinette principalement, et à Virgin Suicides dans une moindre mesure). Alors vous me direz, c'est au spectateur de construire le sens, et il vaut mieux ça qu'un film très académique qui prémâche le boulot. Mais quand ça atteint ce niveau-là, moi j'ai carrément l'impression que c'est le réalisateur qui est passé à côté de son sujet...

Non mais tu veux me faire pleurer ?
Virgin Suicides est un film qui suit la trame du livre dont il s'inspire (d'ailleurs certains critiques lui ont reproché d'être trop proche du roman) et qui donc se doit de raconter une histoire de 5 jeunes filles dont sont amoureux des adolescents incapables de jamais les approcher ou les comprendre. Comme l'histoire est racontée de leur point de vue, c'est le mystère qui prédomine ; mais on peut tout à fait imaginer la même histoire du point de vue des filles, et qui serait très différente. Je trouve qu'il y a quand même énormément de choses dans ce film, des réflexions profondes sur l'adolescence, la difficulté de se trouver soi, la difficulté de vivre, tout simplement, à partir du moment où on a quitté l'enfance. Il n'y a évidemment pas de réponse donnée ou pré-mâchée, comme tu dis, mais cela permet justement à chacun d'y projeter sa propre expérience et de ressentir ce qu'il veut/peut : ce film a sans doute rappelé aux hommes leur fascination pour des jeunes adolescentes, tout comme les femmes y ont vu des échos à la solitude de leurs 15 ans.

Non, vraiment, j'avoue comme SylvieB que je ne comprends pas bien en général les critiques sur les scénarios qui seraient vides. Dans le sens où, effectivement, une histoire toute banale peut être géniale ou à chier selon le réalisateur — et même, allons plus loin, selon l'auteur ! Dostoïevski parlait toujours de personnages assez minables qu'il réussissait à magnifier, à "héroïser". Il n'y a pas besoin d'avoir une trame extrêmement complexe pour que le film soit réussi. Je pense à Inception qui, niveau scénar', est franchement complexe et réussi, mais qui à la finale donne un film tout à fait moyen parce qu'il se perd justement dans les différentes strates du récit pour, au fond, nous dire une seule chose : c'est l'histoire d'un mec qui n'arrive pas à oublier sa femme morte.
On peut choisir de complexifier la trame narrative autour de cela, ou bien de l'épurer, comme c'est le cas dans Drive. Spirale parlait à juste titre de Tarantino : c'est quoi, Kill Bill ? Une nana qui se venge et bute ses anciens collègues. Et il en a fait deux films ! L'intérêt, ce n'est pas l'histoire en elle-même, mais comment elle est mise en scène, développée. C'est très ingénieux, en fait, d'avoir réussi à intégrer à cette histoire un hommage aussi fort à d'autres genres cinématographiques, et en ce sens, la réalisation est plus intéressante que l'histoire en elle-même (histoire qui est réglée dès les 1ères secondes : elle va buter Bill, c'est dans le titre, on le sait et puis on s'en fout, au fond, puisque ce qui compte c'est la manière qu'elle a d'y arriver).

Ces temps morts étaient justement l'instant pour essayer de percevoir la solitude de Ryan... c'est mon point de vue. Et heureusement qu'ils étaient là car après la scène de l'ascenseur, perso, j'en avais besoin

je le place un peu en parallèle avec No Country for Old Men.

Mandrake a écrit:Ces temps morts étaient justement l'instant pour essayer de percevoir la solitude de Ryan... c'est mon point de vue. Et heureusement qu'ils étaient là car après la scène de l'ascenseur, perso, j'en avais besoin

je le place un peu en parallèle avec No Country for Old Men.

Plus que la solitude, j'ai ressenti le vide de Ryan, une sorte de néant, une non présence constante, qui devient pesante et lourde.
Enfin, je pense que je me suis fait avoir au jeu du "va voir, c'est génial, magique, etc..." et c'est juste que ça n'a pas pris pour nous. Je ne dénigre pas le film loin de là.

Par contre, le parallèle avec No Country for Old Men, cela peut mener à une discussion intéressante. Ça fait un bail que je l'ai vu et il m'a laissé une empreinte bien plus forte que Drive. A revoir tiens.

Wintermute a écrit:

Mandrake a écrit:Ces temps morts étaient justement l'instant pour essayer de percevoir la solitude de Ryan... c'est mon point de vue. Et heureusement qu'ils étaient là car après la scène de l'ascenseur, perso, j'en avais besoin

je le place un peu en parallèle avec No Country for Old Men.

Plus que la solitude, j'ai ressenti le vide de Ryan, une sorte de néant, une non présence constante, qui devient pesante et lourde.
Enfin, je pense que je me suis fait avoir au jeu du "va voir, c'est génial, magique, etc..." et c'est juste que ça n'a pas pris pour nous. Je ne dénigre pas le film loin de là.

Par contre, le parallèle avec No Country for Old Men, cela peut mener à une discussion intéressante. Ça fait un bail que je l'ai vu et il m'a laissé une empreinte bien plus forte que Drive. A revoir tiens.

+1 <3

une histoire toute banale peut être géniale ou à chier selon le réalisateur

C'est bien le problème
Tarantino part d'un postulat simplissime et il arrive à le développer dans sa mise en scène ; Refn part d'un postulat tout aussi simple mais je ne dirais pas qu'il développe, plutôt qu'il délaie. Et en dehors de ça, ce qui fait l'intérêt de Kill Bill, c'est comme tu le dis l'exploration des genres cinématographiques ; l'esthétique a un sens (une direction) chez Tarantino. Dans Drive, la photo est jolie et... la photo est jolie. C'est cool. Ca ne suffit pas, pour moi, pour parler de style.
C'est en quelque sorte un équivalent filmique d'Instagram.

Pour Virgin Suicides je sais que c'est un peu touchy C'est un peu différent car le sens qu'a voulu donner Coppola à son histoire reste évident, mais je trouve la mise en scène trop artificielle et regrette qu'au final elle soit plus une distraction qu'un outil mis au service de l'histoire.

Pr. Platypus a écrit:Dans Drive, la photo est jolie et... la photo est jolie. C'est cool. Ca ne suffit pas, pour moi, pour parler de style.
C'est en quelque sorte un équivalent filmique d'Instagram.

J'aime la vanne, même si je ne suis pas d'accord du tout.
Au-delà de la photo, je trouve le jeu des acteurs impeccable (le mec de Breaking Bad, toujours dément, comme à son habitude ) et certaines scènes sont vraiment très fortes, je parlais de celle de l'ascenseur mais il y a aussi les regards échangés entre les deux amoureux, le côté explosif de la scène au motel... On est dans un film d'action, mais pas que. Et puis j'aime l'idée qu'un mec étant a priori un accessoire dans un film à suspense (le chauffeur) devienne le personnage principal.
Bon, avec tout ça faut que je le revoie car je l'ai vu lors de sa sortie et j'ai dû oublier quelques trucs.

Pr. Platypus a écrit:Pour Virgin Suicides je sais que c'est un peu touchy C'est un peu différent car le sens qu'a voulu donner Coppola à son histoire reste évident, mais je trouve la mise en scène trop artificielle et regrette qu'au final elle soit plus une distraction qu'un outil mis au service de l'histoire.

Qu'est-ce que tu trouves artificiel, au juste ? (vraie question )

Pour le coup, c'est Virgin Suicides qu'il faudrait que je revoie. Ca fait bien cinq ans... Je n'avais pas aimé la direction d'acteurs, le côté très posé des apparitions des filles (pour montrer la fascination qu'elles exercent, certes, mais qui est trop souligné à mon avis), et tout ce qui concerne la photo me semble aussi un poil outré (de toutes façons, dès qu'un film part dans des tons jaune ou sépia, même si c'est quelques scènes seulement, ça me rend fou). Faudrait que je le revoie, vraiment, mais l'impression qui m'était restée c'était : chichiteux. Je trouve ça dommage parce que comme tu le disais tout à l'heure, il y avait un sujet fort.

Pour Drive par contre, les acteurs sont bons, ça on ne peut pas l'enlever (même si je trouve Ryan Gosling plus agréable à regarder que réellement fascinant). Par contre je ne trouve pas si évidente que ça "l'alchimie" (pour le dire bêtement) entre Gosling et Mulligan. Ils sont meilleurs séparément je trouve.

Moi aussi, il faudrait que je le revois.

Je rejoins complètement Sylvie B et Lux Lisbon. Le scénario de Drive est effectivement simple (l'histoire peut se résumer assez succintement, et finalement il ne se passe pas grand chose au niveau évènements dans le film) mais je trouve qu'en creux, y'a des tas de choses qui se devinent -en creux- et d'autres qui restent assez mystérieuses... Mais voir ce type qui vit sa vie dans la retenue et le contrôle sans se laisser vivre réellement lâcher prise (avec quelle violence, d'ailleurs - son passé doit sacrément être chargé pour le voir révéler sa vraie nature comme ça) pour une fille dont il tombe amoureux, pour finalement la laisser vivre de son côté . Et Ryan Gosling vraiment construit son personnage avec pas grand chose (les détracteurs disent surement qu'il ne joue rien , comme une moule sur son rocher à regarder bêtement Carrey Mulligan ). Et le reste du Casting est parfait, quoi ! (Bryan Cranston est énormisime )

Et la mise en scène est vraiment maitrisée, une histoire banale peut etre sublimée par une mise en scène de qualité, le plaisir est pour moi tout aussi grand si je suis bouleversé par l'histoire ou bien son traitement de mise en scène (ou les deux! le graal du cinéma ). L'histoire n'est qu'un élément d'un film, et la qualité finale de l'oeuvre dépend d'elle, mais selon moi c'est un élément parmi tant d'autres, c'est ce qui fait la richesse du cinéma. J'ai même tendance a adorer des films sans histoire spécialement riches ou originales, la mise en scène est souvent ce qui me fait vibrer.

Le seul truc qui m'a fatigué dans le film, c'est les chansons qui font vraiment doublon avec les scènes qu'elles illustrent et qui ne sont pas finement amenées ("A real hero", oui bon on a compris)

Sinon, tout ça m'a donné très envie de revoir Virgin Suicides

Tu rejoins Sylvie et Lux et pas moi, alors que je dis pareil ???

Premier message : premier faux-pas semble t-il

J'ai réagi aux derniers messages que j'ai lu avant de me lancer dans la rédaction de mon post

Je te taquine qui sont les 2 membres que tu connais ?

Lux Lisbon et Pr. Platypus

Chouette !

Pr. Platypus a écrit:Pour le coup, c'est Virgin Suicides qu'il faudrait que je revoie. Ca fait bien cinq ans... Je n'avais pas aimé la direction d'acteurs, le côté très posé des apparitions des filles (pour montrer la fascination qu'elles exercent, certes, mais qui est trop souligné à mon avis), et tout ce qui concerne la photo me semble aussi un poil outré (de toutes façons, dès qu'un film part dans des tons jaune ou sépia, même si c'est quelques scènes seulement, ça me rend fou). Faudrait que je le revoie, vraiment, mais l'impression qui m'était restée c'était : chichiteux. Je trouve ça dommage parce que comme tu le disais tout à l'heure, il y avait un sujet fort.

J'avoue : je n'ai aucun recul sur ce film que j'ai vu des tonnes de fois, et que je peux encore voir avec la bouche ouverte et la langue pendante, oui oui... Il y a sûrement des défauts (aucun film n'est parfait) mais j'ai bien du mal à les voir.

c'est le propre des films fétiches, les défauts on ne les voit plus et on finit par les trouver géniaux... Certains disent que Vertigo est trop long, et pourtant quand je le regarde, j'oublie tout

Trop long ? Damned !

Oui, il y a des gens comme ça. Ca va sans dire que je ne les respecte pas

benjicoq a écrit:Oui, il y a des gens comme ça. Ca va sans dire que je ne les respecte pas

Tu m'étonnes. Je n'avais pas vu le temps passer moi, ce film est vraiment fascinant.

Non mais la durée et un rythme lent peuvent être appréciables, en tous cas c'est ce que dit ma femme...

Virgin Suicide est un film qui m'a mis mal à l'aise. Je l'ai vu une fois et je ne l'ai jamais revu. J'ai réécouté All I need de Air et Beth Hirsh, c'est tout.

Qu'est-ce qui t'a mis mal à l'aise ?

J'avoue : je n'ai aucun recul sur ce film que j'ai vu des tonnes de fois, et que je peux encore voir avec la bouche ouverte et la langue pendante, oui oui... Il y a sûrement des défauts (aucun film n'est parfait) mais j'ai bien du mal à les voir.

C'est vrai que quand à la fin de Singin' in the rain, ce soir, benjicoq a fait quelques remarques négatives, j'ai failli avoir une syncope. Chacun ses fétiches

Je ne me souviens plus maintenant, mais j'avais trouvé quelque chose de malsain dans ce film, un truc qui m'avait choqué je pense.

Y'a des gens qui trouvent Vertigo trop long ?

oui, j'en ai rencontré sur certains forums, et quelques critiques boudeurs l'ont parfois exprimé dans leurs colonnes