Prêtez vous facilement vos livres ?

Dans mon portrait ici, il y a mention de mon blog. Vous cliquez dessus et vous tombez sur Delta le Merle (gentil, comme tous les merles !). Bon courage.

Oui, j'avoue que je suis assez matérialiste en ce qui concerne mes livres. Autant je peux être très généreux avec n'importe quoi d'autre mais avec mes livres c'est plus délicat. Et puis, tout comme ishto, les rares fois où cela m'est arrivé ils me sont revenus dans un état lamentable, alors...

Pour moi le livre est un objet quasi sacré, et en prendre soin est primordial. Je sais, je suis assez tatillon sur ce point. Evidemment s'il s'agit de quelqu'un en qui j'ai entièrement confiance, pas de problème.

Il y avait, lorsque j'étais jeune; disons : moins vieux, une association qui s'était créée dans la ville où je résidais alors (ce n'était pas en France) très soutenue par notre représentation diplomatique et dont les membres s'obligeaient à ne jamais prêter un livre leur appatenant en propre. Pour ce qui concernait les livres en français, il y avait la bibliothèque du Centre Culturel Français qui faisait l'affaire. De plus il y avait une librairie françaie dans la ville qui commandait et qui mettait à disposition dans un délai raisonnable. J'ai adhéré par conviction, renforcée du fait de l'expérience que j'avais eue et que j'ai racontée ci-dessus.

Je suis de l'avis d'Olive : Un livre n'est pas un outil comme un autre. Ce n'est ni un presse-purée ni un couscoussier, que j'ai souvent prêtés à mes voisns, ni un tournevis (qui a ceci de commun avec le livre, qu'il revient moins facilement que les objets que j'ai cités...)

C'est le dépositaire d'une pensée, d'un idée, d'un récit, réel ou inventé, d'une histoire, d'une opinion. Allez donc demander celà à un tournevis ? On est avec l'auteur quand on le lit, si c'est un bon livre. On est contre lui si on va à l'encontre de ses arguments. Alors, on le jette (ce qui est toujours un crève-coeur; Je le dis ainsi mais je ne pense pas l'avoir jamais fait ). Il a quelque chose de sacramentel dans les pages d'un livre. Toutes ces lettres, tous ces mots, toutes ces propositions sont le fruit dune longue maturation ou d'une fulgurante inspiration, respectables toutes les deux. Je ne prêterais pas, pour une exposition, un portrait qui m'est cher, ma femme aimée, mes enfants petits. Il y a des regards qui sont des souillures. Je crains...C'est vrai.

Ma remplaçante, que je ne connaissais absolument pas, et venue chez moi la semaine dernière et ... est repartie avec un de mes livres.

Je les prête très facilement, j'aime le fait de partager quelque chose que j'ai lu, connaitre les avis d'autres personnes, et ça me donne l'impression que le livre "vit".

Il y a une vingtaine d'année, j'avais prêté la moitié des oeuvres de Soljenitsine à quelqu'un en qui j'avais confiance. Je ne les ai jamais revus.
Et comme les chevaux, je ne retombe jamais deux fois dans le même trou, je ne prête plus de bouquins à personne. C'est irrévocable.

Par contre, il m'arrive d'en donner ou d'en offrir, comme Hérodote.

Je suis d'accord! Un livre c'est sacré. Pour moi ils ont tous une valeur sentimentale, plus que financière.

Nelson : je vois que vous êtes passé par les mêmes escroqueries que celles dont j'ai été victime avec les 1000 nuits et 1 nuit (ce qui est le titre exact). Celà dresse les côtes à tout âge ! Et que vous en avez tiré les mêmes conclusions pratiques : ne plus jamais prêter un livre.
Paulati (en voici quand même un qui ne vous inflige pas le sobriquet de "Poulette" !) : Oui, le temps ne désacralise pas le livre. Celui qu'on a aimé, peut demeurer des décennies sur son rayonnage. Il ne vieillira pas. C'est pour l'aspect sentimental. Je ne méprise pas l'aspect financier quand il revêt l'apparence de droits d'auteur. Quand par exemple mon éditeur m'envoie le relevé des droits attachés à tel ouvrage, ça fait toujours plaisir, même si j'estime qu'il fait son beurre sur mn dos (10% du tarif de vente au public hors TVA). Il faudrait être Houellebecq pour faire fortune ainsi. Et je ne souhaite pas être comme lui, surtout non !

(Poulette c'est affectif hein, pas un sobriquet réducteur ...)