Ravel : le maître enchanteur
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MathieuMf
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Ravel : le maître enchanteur
J'hésite à faire ma bafouille de présentation. Je ne veux pas donner la vaniteuse impression de ramener Ravel à ma petite personne. C'est toujours le piège quand on parle d'un artiste qu'on aime profondément. Je vais alors en parler avec des images et des couleurs. Le noir, le bleu nuit, l’or, le fauve, le safran, le parfum acajou du modern style, les oranges d'Espagne gorgées de soleil, les lampes Gallé en cristal coloré, un sous-bois vu par Monet... Mais mon bric-à-brac de mots sent la naphtaline et fait brocante, alors que sa musique, contrairement à celle d'autres compositeurs, traverse les modes et les âges avec la grâce, la force de l'intemporalité.
Bref... nous avons à peu près l’esprit, ne manque que le corps. Et là, les traits de caractère de l'homme rejoignent ceux de l'artiste : névrosé, insomniaque, solitaire. Ravel en société devait recourir à toute une série de masques pour cacher une âme qu’on devinait prostrée dans la petite enfance. Qui était Ravel ? Un gothique ? Hum... si le sang noir coule dans ses veines, il suffit d’écouter sa musique pour s'apercevoir qu'il est avant tout lumière. Et au risque de retomber dans le jeu du bric-à-brac images/couleurs, je dirais que c'est une lumière filtrée par l’eau d’un étang, dont les reflets, à la surface, nous donnent à voir un essaim de lucioles qui virevoltent, papillonnent comme par magie. Une lumière brouillée, vaseuse, impressionniste, et à la fois d'une extrême pureté. J'ai peur d'être ridicule en disant que Ravel, dans sa souffrance, ses névroses, prétendait à la pureté. Pourtant nous sommes bien dans un univers de cristal et de verre où la lumière se miroite, où tout est méthodiquement à sa place, où le moindre faux pas ficherait tout par terre. En fait, on ne peut parler de sa musique qu'à pas feutrés du visiteur émerveillé, ému, qui voudrait gueuler sa joie sans le pouvoir : le moindre son étranger et patrata, l'univers ouvragé par ce maître enchanteur tomberait en miettes. Alors ? Janséniste ? Gothique ? Peut-être...
On ne peut qu’aimer Ravel. C’est quelqu’un qui entre chez vous doucement et vous dit : « Ecoute… c’est pour toi. Ce moment, je te le donne. » Puis disparaît alors que nous le voyons, nous l’entendons encore, voire davantage. Il fait partie de ces gens qui ne sont jamais aussi là que dans leur absence.
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Guthrie- .
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Re: Ravel : le maître enchanteur
Je vous lirai tout à l'heure, Guthrie, la tête reposée et le ventre plein( j'ai fort mal déjeuné ce midi).
Et puis il faut du temps pour digérer la musique belle.
Et j'ai une amie qui attend ma correspondance par une voie autre que celle d'ici, si pleine d'embûches et de misfits. Et elle m'est très chère. Je ne puis la laisser tomber. Mais je suis attentif à vos attentions (piêtre allitération...).
A très bientôt.
(je ne voulais pas sortir sans vous avoir dit combien je suis touché par votre geste). Et je vais aller conduire ma voiture, sans crainte et sans risque, devant tant de merveilles... Bon appétit à vous aussi.
Et puis il faut du temps pour digérer la musique belle.
Et j'ai une amie qui attend ma correspondance par une voie autre que celle d'ici, si pleine d'embûches et de misfits. Et elle m'est très chère. Je ne puis la laisser tomber. Mais je suis attentif à vos attentions (piêtre allitération...).
A très bientôt.
(je ne voulais pas sortir sans vous avoir dit combien je suis touché par votre geste). Et je vais aller conduire ma voiture, sans crainte et sans risque, devant tant de merveilles... Bon appétit à vous aussi.
Re: Ravel : le maître enchanteur
Merci !
Bon appétit, Hérodote.
Et bon appétit à tous !
Bon appétit, Hérodote.
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Guthrie- .
- Messages : 2547
Date d'inscription : 30/09/2012
Re: Ravel : le maître enchanteur
Un autre petit extrait.
Il s'agit d'un passage de Ma Mère l'Oye (version orchestre) intitulé Le Jardin Féérique.
La vidéo ci-dessous est malheureusement tronquée à la fin, il y a un fade out.
Mais le document est pas mal parce qu'il y a un très bon son et aussi parce qu'on voit Simon Rattle diriger, un des chefs incontournables aujourd'hui.
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Il s'agit d'un passage de Ma Mère l'Oye (version orchestre) intitulé Le Jardin Féérique.
La vidéo ci-dessous est malheureusement tronquée à la fin, il y a un fade out.
Mais le document est pas mal parce qu'il y a un très bon son et aussi parce qu'on voit Simon Rattle diriger, un des chefs incontournables aujourd'hui.
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Guthrie- .
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Date d'inscription : 30/09/2012
Re: Ravel : le maître enchanteur
J'aime beaucoup...Merci!!!
chrysalide- Sage Confirmé
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Re: Ravel : le maître enchanteur
Merci à toi, chère Chrysalide.
Guthrie- .
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Date d'inscription : 30/09/2012
Re: Ravel : le maître enchanteur
Ravel c'est un coloriste, un touche à tout.C'est vrai qu'il joue des couleurs comme des images musicales. Inspiration tantôt Tsigane, espagnole, tantôt orientale, musique noire nord américaine. a la fin de sa vie il a été subjugué par Gershwin.
J'aime la lenteur et la douceur jazzy d'un concerto en sol:
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la violence et l'envolée des tableaux d'une exposition de Mussorgsky, revisité. (j'adore également la version également d'Emerson Lake et Palmer)
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Un musicien à découvrir et à redécouvrir car il propose une palette incroyable de couleurs musicales.
Merci Guthrie
J'aime la lenteur et la douceur jazzy d'un concerto en sol:
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Merci Guthrie
the loner- Sage Confirmé
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Re: Ravel : le maître enchanteur
Ah merci beaucoup, The Loner !
Cool, t'as pensé au mouvement lent du concerto en sol, une pure merveille quand la flûte rentre après l'exposition du piano ! Et je te rejoins sur Emerson, Lake and Palmer que j'avais en cassette à l'époque. C'était une version concert je me rappelle. Les Tableaux revisités par ces trois bonhommes, ça vaut son pesant de cahouettes !
Cool, t'as pensé au mouvement lent du concerto en sol, une pure merveille quand la flûte rentre après l'exposition du piano ! Et je te rejoins sur Emerson, Lake and Palmer que j'avais en cassette à l'époque. C'était une version concert je me rappelle. Les Tableaux revisités par ces trois bonhommes, ça vaut son pesant de cahouettes !
Guthrie- .
- Messages : 2547
Date d'inscription : 30/09/2012
Re: Ravel : le maître enchanteur
Les "Tableaux d'une exposition" ce sera pour demain, cher Guthrie.
je m'en suis tenu à vous lire (premièrement) dans votre exposé des motifs magistral.On n'a pas à expliquer pourquoi on aime la beauté. On laisse aller et ça vient tout seul. Comme les nymphéas de Monet que vous avez omis de mentionner, avec ce grouillement d'étincelles qui vibrionnent dessus, le long, dessous, au fond et qui semblent frappés d'éternité. Comme l'océan (deuxièmement) qui redevient calme sous la barque qui est nous, car elle est "nous", elle est Ravel, la barque, et n'a d'existence que par l'océan qui n'en fait qu'à sa guise sous elle, tendre, furieux, grondeur, presque niais, apaisé vers la fin (magnifiques ilustrations qui cadrent pile-poil avec les intentions de la musique).
"Ma mère l'oye" j'aime moins, surtout si je vous avoue ne pas être un inconditionnel de Rattle( Sir Simon) devenu, je le reconnais, peu à peu le digne successeur à la tête du Philharmoniker, de Claudio Abbado, mon préféré, s'arrangeant comme il peut de son cancer. Je vous enverrai un nouveau message sur l'extraordinaire Concerto en Sol. A tout de suite.
je m'en suis tenu à vous lire (premièrement) dans votre exposé des motifs magistral.On n'a pas à expliquer pourquoi on aime la beauté. On laisse aller et ça vient tout seul. Comme les nymphéas de Monet que vous avez omis de mentionner, avec ce grouillement d'étincelles qui vibrionnent dessus, le long, dessous, au fond et qui semblent frappés d'éternité. Comme l'océan (deuxièmement) qui redevient calme sous la barque qui est nous, car elle est "nous", elle est Ravel, la barque, et n'a d'existence que par l'océan qui n'en fait qu'à sa guise sous elle, tendre, furieux, grondeur, presque niais, apaisé vers la fin (magnifiques ilustrations qui cadrent pile-poil avec les intentions de la musique).
"Ma mère l'oye" j'aime moins, surtout si je vous avoue ne pas être un inconditionnel de Rattle( Sir Simon) devenu, je le reconnais, peu à peu le digne successeur à la tête du Philharmoniker, de Claudio Abbado, mon préféré, s'arrangeant comme il peut de son cancer. Je vous enverrai un nouveau message sur l'extraordinaire Concerto en Sol. A tout de suite.
Re: Ravel : le maître enchanteur
Cher Guthrie, et vous aussi, The Loner, j'avais vu dès la première image la crinière de Léonard Bernstein, et je savais que cela allait être "grand". C'est grand. Oui, ce l'est ! Bernstein ne taille jamais petit. Tout le monde sera d'accord; une remarque concernant le compositeur de ce "Concerto en sol" pour piano et orchestre. "Il a nous a présenté un "adagio asai". La poigne magnifique de Bernstein n'a pas eu de peine à en faire une sorte d'"andante" et " expressivo" de surcroît, ce qui est un qualificatif que je réserve généralement à Beethoven. Quelle splendeur, ainsi traité ! La flute marque la réappartion de l'orchestre, timide, comme si on avait capté le son du seul piano. Mais on entend quand même le grondement des cors. Et tout est apothéose. Qu'en est-il de l'oeuvre complête ainsi dirigée et interprêtée ?
Les soirées raveliennes se succèdent et croissent en magnificence.
Dommage que je ne sache pas me servir des boutons de ma bécane pour aller chercher surYou Tube ou dans ma collection de disques ou de dvd de quoi vous offrir un fil "Hector Berlioz" avec un autre "Sir", celui-ci plus ancien bien qu'encore dirigeant, Sir Colin Davis, conduisant dans la cathédrale de Ratisbonne le "Requiem" dudit Berlioz, avec les trois coups de timbale finaux qui intriguent depuis longtemps le Maçon que je suis...
Merci pour tant de bonheur. Je vais me mettre à ma correspondance privée. Bonsoir et merci encore à tous les deux.
Les soirées raveliennes se succèdent et croissent en magnificence.
Dommage que je ne sache pas me servir des boutons de ma bécane pour aller chercher surYou Tube ou dans ma collection de disques ou de dvd de quoi vous offrir un fil "Hector Berlioz" avec un autre "Sir", celui-ci plus ancien bien qu'encore dirigeant, Sir Colin Davis, conduisant dans la cathédrale de Ratisbonne le "Requiem" dudit Berlioz, avec les trois coups de timbale finaux qui intriguent depuis longtemps le Maçon que je suis...
Merci pour tant de bonheur. Je vais me mettre à ma correspondance privée. Bonsoir et merci encore à tous les deux.
Re: Ravel : le maître enchanteur
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Dernière édition par the loner le Mar 30 Oct - 8:38, édité 1 fois
the loner- Sage Confirmé
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Re: Ravel : le maître enchanteur
Merci pour votre très juste ressenti, Hérodote. En effet, le concerto en sol dirigé par ce touche-à-tout de génie qu'était le grand Leonard, c'est quelque chose ! The Loner a fait fort avec ce document. Et vous avez raison, voir Bernstein jouer la partie piano, en transe, tout en dirigeant l'orchestre, est un truc qui ne peut que nous transpercer la poitrine. Quant à la version intégrale dudit concerto par le bonhomme, nous en mettrons des bouts ici ou là pour que ceux qui découvrent ces choses ne soient pas trop submergés. Je vous souhaite également une bonne nuit.
Dernière édition par Guthrie le Ven 2 Nov - 21:46, édité 2 fois (Raison : aurtografe)
Guthrie- .
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the loner- Sage Confirmé
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Re: Ravel : le maître enchanteur
Guthrie et The Loner: Savez-vous que Ravel répudia sa "pavane pour une infante défunte" au faîte de sa gloire et qu'il dit à ses amis qu'il regrettait de l'avoir composée, qu'il ne ne la recomposerait plus et qu'il n'avait pas la possibilité d'en empêcher l'éxécution.
On s'est beaucoup interrogé sur cette répudiation de cette pièce qui, ainsi que le "Bolero" est la plus populaire dans l'oeuvre du grand musicien : pas assez de recul vis-à-vis de Debussy (Il est vrai que ces deux grands compositeurs fraçais avaient des similitudes liées à l'époque musicale qu'ils ouvraient. Il y de l'"après-midi d'un faune" dans la "pavane", si on cherche bien. Etait-ce le dérangement mental dont il a souffert très tot qui lui inspirait cette auto-phobie. Etait-ce un souvenir transperçant la composition qui s'avéra douloureux au point d'autoriser cette détestation ? On ne saura jamais? Mais personnellement, j'aime cette "pavane", executée comme ceci ou comme cela, qu'importe. Ravel y est présent sur l'une des faces de sa médaille, médaille qui a une infinité de faces_...
On s'est beaucoup interrogé sur cette répudiation de cette pièce qui, ainsi que le "Bolero" est la plus populaire dans l'oeuvre du grand musicien : pas assez de recul vis-à-vis de Debussy (Il est vrai que ces deux grands compositeurs fraçais avaient des similitudes liées à l'époque musicale qu'ils ouvraient. Il y de l'"après-midi d'un faune" dans la "pavane", si on cherche bien. Etait-ce le dérangement mental dont il a souffert très tot qui lui inspirait cette auto-phobie. Etait-ce un souvenir transperçant la composition qui s'avéra douloureux au point d'autoriser cette détestation ? On ne saura jamais? Mais personnellement, j'aime cette "pavane", executée comme ceci ou comme cela, qu'importe. Ravel y est présent sur l'une des faces de sa médaille, médaille qui a une infinité de faces_...
Re: Ravel : le maître enchanteur
Eh oui ! Cela fait partie des facteurs qui jouent dans le succès, facteurs qui nous laissent fort souvent les yeux écarquillés sur l'incompréhensible. Comme disent les Anglais : Popularity seems to be based on lowest common denominators. Mais bon, dans le cas présent, avoir écrit cette Pavane ou encore Le Boléro, beaucoup de compositeurs, à l'inverse de Ravel, en seraient horriblement orgueilleux. Lui en souffrait. On peut comprendre car ces deux oeuvres font écran aux trésors que le bonhomme nous a laissés. Mais quoiqu'on en pense, effectivement, cette Pavane, dans son apparente simplicité, vous a une de ces forces ! Et Le Boléro demeure à jamais un magnifique exemple pour les élèves de comment faire tourner la même idée pendant un quart d'heure en jouant sur les nuances et l'orchestration. Quant au petit jeu des similitudes, davantage que l'Après-midi d'un faune, le début du thème de Pavane à mon oreille ressemble comme deux gouttes d'eau au thème du Petit Poucet dans Ma Mère l'Oye. Ecoutez à 0.28 dans la video ci-dessous, vous verrez, c'est assez flagrant. On dirait que Ravel se pompe lui-même.
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Guthrie- .
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Re: Ravel : le maître enchanteur
Effectivement, oui !
Mais non seulement les 28 premières secondes, mais la suite aussi.
Rien n'indique dans la vie de Ravel qu'il ait été hostile à Debussy. Il ont marché de conserve au même pas qui était celui de musique dite" classique" rénovée. Ils ont été tous les deux des enfonceurs de portes que Franck et Fauré avaient déjà déverrouillées.
"Pelléas et Mélisande" et l"Enfant et les Sortilèges" sont de la même veine, mais il y a les différences incoercibles entre les deux Génies qui honorent notre musique d'alors. Tant mieux pour nous et pour le monde de l'Art !
Mais non seulement les 28 premières secondes, mais la suite aussi.
Rien n'indique dans la vie de Ravel qu'il ait été hostile à Debussy. Il ont marché de conserve au même pas qui était celui de musique dite" classique" rénovée. Ils ont été tous les deux des enfonceurs de portes que Franck et Fauré avaient déjà déverrouillées.
"Pelléas et Mélisande" et l"Enfant et les Sortilèges" sont de la même veine, mais il y a les différences incoercibles entre les deux Génies qui honorent notre musique d'alors. Tant mieux pour nous et pour le monde de l'Art !
Re: Ravel : le maître enchanteur
Ah non mais vous avez raison. Je ne voulais pas insinuer que Ravel et Debussy étaient hostiles ou que leurs oeuvres respectives ne s'interpénétraient pas, au contraire ! Ils sont du même bois. Ils ont inventé le même langage. A la différence - peut-être - qu'on retrouve davantage dans Ravel l'héritage de Fauré. Debussy, lui, est un pur extra-terrestre. Il semble n'avoir aucun maître. C'est vraiment étrange la force de ce bonhomme... D'où il vient ce Debussy ? D'une autre planète ?
Guthrie- .
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Re: Ravel : le maître enchanteur
Superbe, merci d'avoir partagé ces extraits !
Je découvre (et en plus ça me met de bonne humeur)
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MathieuMf- Grand Maitre Suprême
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Date d'inscription : 27/06/2012
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Re: Ravel : le maître enchanteur
You're welcome, my dear friend !
Plaisir partagé !
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Guthrie- .
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Re: Ravel : le maître enchanteur
Allez, avant de partir manger, un petit morceau (de musique) montrant aussi l'aspect démoniaque de Ravel.
La mélancolie ici, simplement fugitive, apparaît au milieu du morceau avec une cadence hispanisante.
Oui, vous l'entendrez d'entrée, c'est davantage le Ravel du pays basque qui s'exprime là.
Rythmes furieux, guitares flamenco, accents marqués et double-notes diaboliques !
Alborada del Gracioso, pièce extraite du recueil Miroirs :
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La mélancolie ici, simplement fugitive, apparaît au milieu du morceau avec une cadence hispanisante.
Oui, vous l'entendrez d'entrée, c'est davantage le Ravel du pays basque qui s'exprime là.
Rythmes furieux, guitares flamenco, accents marqués et double-notes diaboliques !
Alborada del Gracioso, pièce extraite du recueil Miroirs :
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Guthrie- .
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Date d'inscription : 30/09/2012
Re: Ravel : le maître enchanteur
Là, c'est underground -10.
Ravel touche le fond.
D'infimes éclairs ont l'air de parvenir encore à transpercer la masse d'eau qui écrase notre homme, couché sur le dos, inerte, au fond de l'étang.
Face tournée vers la surface ; cette surface là-haut, très loin, où plus rien ne filtre.
Ses grands yeux ouverts ne battent plus.
Aux coins des lèvres montent des grappes de bulles.
Et ses oreilles n'entendent plus qu'une note.
Une seule note.
Sa vie ne tient que par ce fil désormais.
On sent bien qu'il cherche à dire, à construire des choses autour de cette note.
Il jette ses dernières forces pour tenter de l'étouffer, la faire disparaître.
Il jette ses dernières forces pour tenter de revenir parmi les vivants.
Mais la note martèle, plus tenace, plus obsessionnelle qu'avant.
Ravel touche le fond.
D'infimes éclairs ont l'air de parvenir encore à transpercer la masse d'eau qui écrase notre homme, couché sur le dos, inerte, au fond de l'étang.
Face tournée vers la surface ; cette surface là-haut, très loin, où plus rien ne filtre.
Ses grands yeux ouverts ne battent plus.
Aux coins des lèvres montent des grappes de bulles.
Et ses oreilles n'entendent plus qu'une note.
Une seule note.
Sa vie ne tient que par ce fil désormais.
On sent bien qu'il cherche à dire, à construire des choses autour de cette note.
Il jette ses dernières forces pour tenter de l'étouffer, la faire disparaître.
Il jette ses dernières forces pour tenter de revenir parmi les vivants.
Mais la note martèle, plus tenace, plus obsessionnelle qu'avant.
Que les croyants ou les âmes sensibles passent leur chemin, dans cette pièce intitulée Le Gibet, Ravel voit ce qu'il y a après la mort et nous en fait la plus terrible description. Prenez garde, il y a des fantômes dans cette musique. Des fantômes qui traînent leurs chaînes tristement. Il y a le gouffre sans fond de l'univers. Mais n'ayez crainte... Oui, n'ayez crainte de ces fantômes prisonniers du vide ; nous serons bientôt des leurs.
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Guthrie- .
- Messages : 2547
Date d'inscription : 30/09/2012
Re: Ravel : le maître enchanteur
Oui, Guthrie, merci pour ce "Gibet". Certes il y beaucoup de fantômes (mais ne sont-ce pas ceux que nous engendrons en nous?). Mais il y aussi l'obsession ravelienne qui reparait avec ses deux notes (des "fa" naturels, si je ne me trompe) qui, lancinants, ryhtment l'ombre où se meuvent, enserrés les uns aux autres et s'ignorant entre eux, les fantômes que vous dites. Sur un tempo calme apparemment, comme le temps qui n'a pas fini de faire son oeuvre. L'obsession cesse à la toute fin lorsque ces deux notes s'effacent en une seule, répétée dans les dernières mesures, comme le "la" de Chopin dans l'un de ses préludes dont je n'ai plus le numéro en tête. Savez-vous que Serge Lifar avait entrepris de monter un ballet sur la musique du Bolero, avec le titre plus évocateur pour un chorégraphe, d"Obession" ? C'est l'obsession ravelienne qui nous entraine, maelström souterrain, dans des profondeurs imaginables seulement par lui. Ce qui nous laisse une fois de plus, "veufs" de sensations qu'il a emportées avec lui. Il nous reste notre propre construction intérieure. Il faut faire avec cela.
Re: Ravel : le maître enchanteur
Je ne savais pas que Serge Lifar avait dans l'idée de monter Le Boléro en baptisant son ballet Obsession. Mais votre exemple, pris pour mettre en exergue l'obsession de Ravel, me plaît. Je suis d'accord avec vous. Et c'est une leçon pour nous tous. Il faut savoir quelquefois se laisser couler tout au fond pour mieux revenir à la surface, recouverts de paillettes d'or ; comme cette paillette d'or que le vieux pêcheur de l'Ondine de Giraudoux voit dans l'oeil de la princesse Violante. Je cite Ondine car Ravel vivait dans les contes. Et quand on vit dans un conte, que voulez-vous, la réalité vous rattrape tôt ou tard et vous enferme dans la névrose. C'est aussi ça, comme vous le dites, qu'il tente d'exprimer à travers Le Gibet par cette note lancinante (Si bémol) doublée à l'octave. Quoiqu'il en soit, chacun y verra les fantômes de son choix et c'est ainsi que Ravel l'a voulu.
Guthrie- .
- Messages : 2547
Date d'inscription : 30/09/2012
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