Frédéric Mistral
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Frédéric Mistral
Je ne pouvais passer à côté de l'un des plus célèbres poètes provençaux : Frédéric Mistral. Né à Maillane (Boûches-du-Rhône) en 1830, il fut le poète le plus porteur des parfums de la Provence, et plus précisément de la Crau. Sa poésie aux couleurs de cette belle région située entre Rhône, Durance et mer, trouvera sa plus belle réalisation dans son oeuvre majeure "Mireille". Prix nobel de littérature, il fut même admiré de Lamartine, qui n'hésita pas à le comparer à Homère ! Il s'éteignit le 25 mars 1914, à l'aube d'une bien sombre période... Mais savourez cette poésie qui a le goût des fruits de Provence, et le son des cigales !
Ce poème est une traduction, car bien sûr Mistral composait en provençal. Mais, afin de vous faire goûter à cette jolie langue de mon pays, je me suis dis que vous apprécieriez que je vous présente les deux versions !
§§§§§§§§§
LOU POUEMO DOU ROSE (LE POEME DU RHONE)
E davalavo. Mai, jusquo à la cencho--- Et de descendre. Mais jusqu'à la ceinture,
E piéi plus aut, de se senti vestido--- Et puis plus haut, tout aise de se sentir vêtue
Per lou mantèu ufanous de la riaio,--- Par le manteau fastueux du torrent,
Pensé plus qu'au bonur de tout soun èstre--- Elle ne pensa plus qu'au bonheur de son être.
Mescladis, counfoundu me lou grand Rose.--- Mêlé, confondu avec le grand Rhône.
Souto si pèd l'areno èro tant douço !--- Le sable sous ses pieds était si doux !
Uno michour, uno frescour tebeso--- Une impression moite, une fraîcheur tiède
D'un imourous chalun l'agouloupavo.--- L'enveloppait d'un charme halitueux
A flour de pèu, a flour de carnaduro,--- A fleur de peau, à fleur de carnation,
Vesiadamen li vertoulet de l'oundo--- Mignardement les ondes tournoyantes
Lé fasien de poutoun, de sousselègue,--- Lui faisaient des baisers, des chatouillis,
En murmurant de suàvi paraulo--- En murmurant de suaves paroles
Que i adusien l'espaine de plasènço...--- Qui lui donnaient des spasmes de plaisir...
Quand tout-d'un-cop, dins l'aigo bouleguivo--- Quand tout à coup, dans l'eau mobile
E trelusènto i rai de la lugano,--- Et transparente au clair de lune,
Eilalin founs, espandi sus la mousso--- Là-bas au fond, étendu sur la mousse
D'un jas esmeraudin, que te vai veire ?--- D'un lit d'émeraude, que va t-elle voir ?
Un bèu jouvènt que iè fasiè cachiero.--- Un beau jouvanceau qui lui souriait.
Enroula coume un dièu, blanc coume evôri,--- Roulé comme un dieu, blanc comme l'ivoire,
Oundejavo emé l'oundo e sa man linjo--- Il ondulait dans l'onde et sa main effilée
Teniè no flour d'esparganèu sôuvage--- Tenait une fleur, fleur de "jonc fleuri",
Que presentavo à la jouvènto nuso,--- Qu'il présentait à la fillette nue.
E de si bouco atremoulido e marfo--- Et de ses lèvres tremblantes et pâles
Sourtien de mot d'amour o de mistèri--- Sortaient des mots d'amour mystérieux,
Que s'esperdien dins l'aigo incoumprensible--- Dans l'eau se perdant, incompréhensibles.
De si dous iue catarèu, pivelaire,--- Avec ses yeux félins, fascinateurs,
Eu la fasiè veni, gravoujo, nèco,--- Il la faisait venir, craintive, stupéfaite,
Desalenado e barbelanto, au rode--- Et, haletante de désir; à l'endroit
Ounte lou cors e l'amo cridon sebo--- Où crient merci le corps et l'âme.
Enclauso dins lo rièu pèr l'escaufèstre--- Ensorcelée par l'émoi dans le fleuve
Emai pèr un deleitamen estrange,--- Et par une plaisanterie étrange,
Ero, la pauro, aqui coume un que sounjo,--- Elle était là, pauvrette, comme celui qui songe,
Qu'es esglaria pèr quauco pôu counfuso--- Et auquel, effaré par quelque peur confuse,
E que, de courre, acô i'es impoussible,--- S'il veut courir, cela est impossible.
E quand durbié lis lue vers lou trevaire--- Et sitôt qu'elle ouvrait les yeux vers le lutin
Qu'envirouna de sa lusour lachenco--- Qui, entouré de sa lueur laiteuse
Semblavo l'espera dins si bras souple,--- Semblait l'attendre en ses bras souples,
Un frenimen d'amour invoulountàri--- Un frissonnement d'amour spontané
Souto lou cèu la jitavo en languino--- La jetait en langueur sous la voûte du ciel
E iè fasiè plan-plan mouri il veno...--- Et la faisait doucement défaillir...
§§§§§§§§§
N'est-ce pas merveilleux ?
Ce poème est une traduction, car bien sûr Mistral composait en provençal. Mais, afin de vous faire goûter à cette jolie langue de mon pays, je me suis dis que vous apprécieriez que je vous présente les deux versions !
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LOU POUEMO DOU ROSE (LE POEME DU RHONE)
E davalavo. Mai, jusquo à la cencho--- Et de descendre. Mais jusqu'à la ceinture,
E piéi plus aut, de se senti vestido--- Et puis plus haut, tout aise de se sentir vêtue
Per lou mantèu ufanous de la riaio,--- Par le manteau fastueux du torrent,
Pensé plus qu'au bonur de tout soun èstre--- Elle ne pensa plus qu'au bonheur de son être.
Mescladis, counfoundu me lou grand Rose.--- Mêlé, confondu avec le grand Rhône.
Souto si pèd l'areno èro tant douço !--- Le sable sous ses pieds était si doux !
Uno michour, uno frescour tebeso--- Une impression moite, une fraîcheur tiède
D'un imourous chalun l'agouloupavo.--- L'enveloppait d'un charme halitueux
A flour de pèu, a flour de carnaduro,--- A fleur de peau, à fleur de carnation,
Vesiadamen li vertoulet de l'oundo--- Mignardement les ondes tournoyantes
Lé fasien de poutoun, de sousselègue,--- Lui faisaient des baisers, des chatouillis,
En murmurant de suàvi paraulo--- En murmurant de suaves paroles
Que i adusien l'espaine de plasènço...--- Qui lui donnaient des spasmes de plaisir...
Quand tout-d'un-cop, dins l'aigo bouleguivo--- Quand tout à coup, dans l'eau mobile
E trelusènto i rai de la lugano,--- Et transparente au clair de lune,
Eilalin founs, espandi sus la mousso--- Là-bas au fond, étendu sur la mousse
D'un jas esmeraudin, que te vai veire ?--- D'un lit d'émeraude, que va t-elle voir ?
Un bèu jouvènt que iè fasiè cachiero.--- Un beau jouvanceau qui lui souriait.
Enroula coume un dièu, blanc coume evôri,--- Roulé comme un dieu, blanc comme l'ivoire,
Oundejavo emé l'oundo e sa man linjo--- Il ondulait dans l'onde et sa main effilée
Teniè no flour d'esparganèu sôuvage--- Tenait une fleur, fleur de "jonc fleuri",
Que presentavo à la jouvènto nuso,--- Qu'il présentait à la fillette nue.
E de si bouco atremoulido e marfo--- Et de ses lèvres tremblantes et pâles
Sourtien de mot d'amour o de mistèri--- Sortaient des mots d'amour mystérieux,
Que s'esperdien dins l'aigo incoumprensible--- Dans l'eau se perdant, incompréhensibles.
De si dous iue catarèu, pivelaire,--- Avec ses yeux félins, fascinateurs,
Eu la fasiè veni, gravoujo, nèco,--- Il la faisait venir, craintive, stupéfaite,
Desalenado e barbelanto, au rode--- Et, haletante de désir; à l'endroit
Ounte lou cors e l'amo cridon sebo--- Où crient merci le corps et l'âme.
Enclauso dins lo rièu pèr l'escaufèstre--- Ensorcelée par l'émoi dans le fleuve
Emai pèr un deleitamen estrange,--- Et par une plaisanterie étrange,
Ero, la pauro, aqui coume un que sounjo,--- Elle était là, pauvrette, comme celui qui songe,
Qu'es esglaria pèr quauco pôu counfuso--- Et auquel, effaré par quelque peur confuse,
E que, de courre, acô i'es impoussible,--- S'il veut courir, cela est impossible.
E quand durbié lis lue vers lou trevaire--- Et sitôt qu'elle ouvrait les yeux vers le lutin
Qu'envirouna de sa lusour lachenco--- Qui, entouré de sa lueur laiteuse
Semblavo l'espera dins si bras souple,--- Semblait l'attendre en ses bras souples,
Un frenimen d'amour invoulountàri--- Un frissonnement d'amour spontané
Souto lou cèu la jitavo en languino--- La jetait en langueur sous la voûte du ciel
E iè fasiè plan-plan mouri il veno...--- Et la faisait doucement défaillir...
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N'est-ce pas merveilleux ?
Invité- Invité
Re: Frédéric Mistral
Il est plus merveilleux lu en provençal. avec l’accent et les cigales qui chantent
willyloge- Maitre Philosophe
- Messages : 1437
Date d'inscription : 20/06/2012
Age : 62
Localisation : Cuers 83
Re: Frédéric Mistral
Je ne te le fais pas dire Willy !
Et en ce moment je les entends les cigales, justement ! Je connais bien son village natal : Maillane, situé entre Avignon et Saint-Rémy de Provence, dans les plaines de la Crau. Mistral c'est un parfum d'ici qui plane dans nos coeurs et colore nos bouquets...
Et en ce moment je les entends les cigales, justement ! Je connais bien son village natal : Maillane, situé entre Avignon et Saint-Rémy de Provence, dans les plaines de la Crau. Mistral c'est un parfum d'ici qui plane dans nos coeurs et colore nos bouquets...
Invité- Invité
Re: Frédéric Mistral
Et en même temps inspire nos proses, de son souffle puissant mais toujours source de beau temps.
willyloge- Maitre Philosophe
- Messages : 1437
Date d'inscription : 20/06/2012
Age : 62
Localisation : Cuers 83
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