Ronsard...

Bien sûr, tout le monde connaît ses fameux vers : "Mignonne, allons voir si la rose..."

Pierre de Ronsard (1524-1585) est à maints égards l'un des plus grands poètes de la renaissance. Son style hautement romantique préfigure déjà celui des non moins romantiques du XIX ème siècle. Il a multiplié les poèmes amoureux, en l'honneur de multiples dames, qu'il vanta des ses vers sans pareils...

LES AMOURS DE CASSANDRE, XVIII

Une beauté de quinze ans enfantine,
Un or frisé de maint crèpe anelet,
Un front de rose, un teint damoiselet,
Un ris qui l'âme aux Astres achemine;

Une vertu de telle beauté digne,
Un col de neige, une gorge de lait,
Un coeur jà mûr en un sein verdelet,
En Dame humaine une beauté divine ;

Un oeil puissant de faire jour les nuits,
Une main douce à forcer les ennuis,
Qui tient ma vie en ses doigts enfermée ;

Avec un chant découpé doucement
Or' d'un souris, or d'un gémissement,
De tels sorciers ma raison fut charmée.

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On pense surtout à ses trois Amours, Cassandre Salviati, Marie Dupin et Hélène de Surgères, trois paquets de vers étincelants et je suis d'accord avec vous pour situer Ronsard en compagnie de mes chers Racine et Baudelaire (La langue française en produit tant d'autres, encore...).
Mais on oublie souvent les déceptions qu'il éprouva au plan politique, quand il ne sût se faire entendre du roi (Henri III) sur l"état du royaume" et surtout on oublie cette surdité qui n'alla qu'en s'aggravant avec les années. Quand on pense à Beethoven autre grand sourd de la musique, qui ne put jamais diriger sa septième symphonie quoiqu'il en eut, on ne pense pas au sonnet que Ronsard écrivit, complètement sourd, pour son dernier amour, Hélène, le très célèbre et trop oublié pourtant :" Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle..."/ Merci de nous avoir rappelé ces grands poètes de la Pléiade. A quand Du Bellay ?

Mais de rien Herodote, et vos lumières nous sont grandement profitables aussi ! Merci à vous d'avoir apporté toutes ces précisions, car à vrai dire je poste volontairement des sujets un peu dépouillé, c'est à dire simplement le poème et un petit résumé, afin que d'autres membres apportent des détails... Ainsi la participation est plus grande. Du Bellay ? Oui c'est pour bientôt ! La poésie est tellement vaste...

Vous avouez donc que vous nous instrumentalisez, comme on dit maintenant ?
Ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd (quoique, à mon âge, on n'entende plus très bien). Et les Salviati, Dupin et autres Surgères, j'irai les proposer à un autre Forum, qui me paiera mieux que celui-ci !

C'est du joli !

Je vais me plaindre à votre patron, qui doit rôder dans les environs de son Univers à lui (J'en parle de façon étendue, Lundi prochain). Bonne nuit.

Me voici "chien fou" maintenant! On n'a plus le respect des vieux, nulle part ! Et j'ai droit à une étoile, comme un mauvais cognac ! C'est décidément complet ce soir. Encore bonne nuit !

Bonne nuit Herodote !

J'admet que mon oreille est peu encline à Ronsard, je préfère Du Bellay je ne saurais dire pour quoi ( si je creuse je trouverai certainement pourquoi ), les seuls poèmes de Ronsard qui me plaisent sont ceux, plus profonds à mon goût, de sa fin de vie, comme "je n'ai plus que les os", ou il annonce le baroque qui suivra. Je trouve sinon sa poésie sans beaucoup d'assise, trop du côté du bord conforme si l'on veut, tout comme Lamartine à mon sens, tout y est clair comme de l'eau de roche et ne présente, une fois la beauté des vers passée, que peu d'intérêt à mon goût.
Contrairement à Racine justement, que je ne mettrais pas, Hérodote, sur le même plan, ou encore Baudelaire, qui savent parler de désir, de l'âme humaine en profondeur. La passion chez Ronsard me semble encore trop conventionnelle et superficielle... Peut être est ce l'écart du temps ou mon propre aveuglement ? Mon avis n'est ici que personnel et je ne m'oserais guère, comme avec Mallarmé, à une analyse sur le poète.

Et quand il ne resterait que la musique des mots mariant leurs sonorités et leurs rythmes, faudrait-il jeter le bébé avec l'eau du bain ?
Le dernier sonnet à Hélène, celui que j'évoquais hier,: "Quand vous srez bien vieille...". Regardez seulement les deux tercets du sonnet, qui me semblent répondre à ce que vous attendiez de Ronsard : "Je serai sous la terre et, fantôme sans os / Par les ombres myrteux je prendrai mon repos./ Vous serez au foyer une vieille accroupie, /regrettant mon amour et votre fier dédain...". J'y trouve un réalisme à la Bosch.
Non que je méprise Du Bellay, j'en ai meme réclamé hier soir. Il n'y a pas le rythme racinien, c'est vrai , mais Racine est, à mes yeux l'insurpassable : "Mais tout dort/ et l'armée/ et les vents/ et Neptune " (Iphigénie). Mais que de beautés harmonieuses dans Ronsard. Moi qui aime tant compenser la pauvreté expressive du sens des phonèmes accolés, par la musique qu'un grand poète parvient à faire voler autour de ces mêmes phonèmes...

Je suis assez d'accord avec vous Hérodote, et pas du tout de l'avis de Boileau, avec ses "pipeaux rustiques" : Ronsard a des bouffées de modernité étonnantes. Mais j'aime chez Du Bellay ce romantisme avant la lettre dans le poème "Heureux qui comme Ulysse..." ; il y a là-dedans des accents que n'aurait pas désavoués Lamartine.

Et si on commençait, Cher Pimbi, par couper la route à notre ami Olive1968, en l'instrumentalisant lui-même ? Ainsi, sommes-nous bien partis à traiter un sujet voisin de celui de Ronsard, Joachim du Bellay.
Pas certain que Lamartine eût apprécié le sens, (voulu par la cadence du sonnet je suppose) du dernier vers :"Et plus que l'air marin, la douceur angevine". Je connais bien Rome ('unique objet de mon assentiment" j'arrange un peu Corneille à mon goût!) et les miasmes de Rome, avec la canicule, due aux senteurs de la Cloaca Maxima se déversant dans le Tibre à sec, "Canis culum,"qui lui firent préférer la douceur angevine, laquelle est plus proche de la dominante marine ouest venue de Bretagne (oui, de chez moi) que ce que j'ai pu sentir en mes longues pauses au Forum de Trajan, avec les prisonniers Daces portant la même coiffure que les Roumains aujourd'hui, ou aux "terme di Caracalla."

Et voila c'est parti. Nous instrumentalisons un Modérateur. Et comme je me méfie de toutes les hiérarchies, je biche. Mais, au fait, en tant que "sage confitmé" et avec vos trois étoiles, comme sur le goulot d'un honnête Martell, ne seriez-vous pas un modérateur caché ?

Non, non, je ne suis pas modérateur, j'ai bien assez de mal à me modérer moi-même.
Quant à Lamartine, ce fier mythomane que j'adore, je suppose qu'il a été sensible à la suavité de ce poème de Du Bellay. Mais je ne fais que supposer.
J'ai été moi aussi à Rome, où j'ai des amis (exactement à Lido di Ostia), et du reste je parle parfaitement l'italien, et avec un accent romanachu... Carlo, Billy et Massimo, trois potes inoubliables de mes dix-huit ans où nous avons refait le monde autour de tant de veillées à belle étoile...

Ah ! Pasolini !

Qui écrira son 'Tombeau" comme Ravel le "Tombeau de Couperin ?

J'adore les "Miroirs", au piano : partition difficile et exigeante.

Cher Herodote, cher LR, chers tous, je suis certes modérateur, mais mon rôle s'arrête là ! Je ne vous instrumentalise pas (même si je sais que vous plaisantez), je tiens au contraire à ce que chacun puisse donner son avis et analyser par lui même la poésie proposée, donc c'est parfait, continuez ainsi...

De mon côté, en tant que modérateur, je ne suis là que pour publier des topics poétiques, et éventuellement intervenir si les débats deviennent irrespectueux ou déplacés. Du moment que vous restiez dans les limites du cadre poétique qui nous intéresse ici, peu importe...

Repos !

A ce propos connaissez-vous suffisamment la poésie féminine médiévale ? Ah ah ! Là je vous colle ! Je vous ferai découvrir l'une des plus célèbres bientôt...

Louise Labbé ?

Louise Labbé ?

A part elle je vois mal qui en effet...

Mon cher Hérodote, si la poésie se restreignait à une pure musicalité ce serait bien triste, autant passer à la musique directement !

Mais vous avez raison, je ne jette pas tout Ronsard.

Oui, je possède un recueil de Paul Eluard, la Poésie du passé, éditions R. Laffont, collection Bouquins, que j'ai non seulement lu et relu, mais abondamment annoté.
Christine de Pisan est, au XIVe siècle, la première femme citée. Après vient précisément Louise Labé, mais nous sommes déjà au XVIe.

De Pisan en effet, influence notable de Villon, je l'avais oublié !

Absolument Pimbi ! Je faisais allusion à Christine de Pisan en effet. Je vois que vous êtes tous très érudits en matière de poésie, alors je vous fais entièrement confiance pour nous faire partager vos savoirs...

Oui, Christine de Pizan (dont je vais bientôt publier l'un des poèmes) fut la première femme poète à avoir vécu de ses écrits (à notre connaissance). Elle vécut entre les XIV ème et XV ème siècle, et fut veuve très jeune. Il faut se replacer dans le contexte de l'époque, où bien des activités artistiques étaient réservées à des hommes, et la poésie n'échappait pas à la règle. Certes quelques femmes devaient composer mais plus ou moins dans l'ombre. Disons que Christine de Pisan a introduit la poésie féminine dans les moeurs d'une manière professionnelle. Bien avant elle Marie de France était réputée pour ses fameux "lais", mais celle-ci était noble, et possédait un statut social élevé. Christine de Pisan amorce ainsi la grande lignée des poètes désireux de ne vivre que de leurs oeuvres.

C'est super Pimbi ! N'hésites pas à nous faire partager ton intérêt pour Paul Eluard...

Quant à François Villon, j'espère que nous aurons également l'occasion de revenir sur ses oeuvres, belles perspectives en tous cas...

Et ll? De quelle époque ?

Pardon Herodote mais je n'ai pas compris... De quelle époque concernant quoi ?

Il s'agit de deux "l" minuscules. mais dans ces caractères, c'est incompréhensible.
Si vous n'avez pas deviné, cela ne fait rien.
Laissez tomber. C'est pas beau de rire de son prochain !...