Le pouvoir poétique

Je crois au pouvoir poétique. Ce pouvoir se nourrit de nos émotions, et nous nourrit en retour... Il rend compte des états d'âme, et revisite des paysages en tous genres. Il s'adresse à ce que nous avons de plus intime, par ce qu'il y a de plus intime en nous ! Il recrée le rêve perdu, ranime de vieilles croyances que l'on pensait éteintes. Mais il a aussi un pouvoir thérapeutique, personnellement j'en suis convaincu !

Nous n'en doutons pas.
Mais qui lit encore régulièrement de la poésie.
L'instantanéïté domine nos vie; hors, la poésie prend du temps.
Denrée qui devient de plus en plus rare, étant donné la dispersion de nos centres d'intérêt.
Voilà pourquoi je me méfie souvent des gens TRES occupés...
On ne fait pas bien plusieurs choses à la fois.

Nelson a écrit:Nous n'en doutons pas.
Mais qui lit encore régulièrement de la poésie.
L'instantanéïté domine nos vie; hors, la poésie prend du temps.
Denrée qui devient de plus en plus rare, étant donné la dispersion de nos centres d'intérêt.
Voilà pourquoi je me méfie souvent des gens TRES occupés...
On ne fait pas bien plusieurs choses à la fois.

Ton serviteur, et régulièrement...

Certes, mais je crois que les gens comme toi sont l'exception.
(tu es donc (avec Olive) exceptionnel.
Des dinosaures perdus dans notre monde, en quelque sorte.)

Je lis aussi beaucoup de poésie. J'en ai besoin. Je crois en son pouvoir, comme Olive.

Exceptionnel, moi ? Ah, ah, c'est la meilleure.
Je le serai quand j'aurai vendu quinze millions d'exemplaires : pour l'heure, ce n'est pas le cas.
Mais ça viendra.
Je te le prophétise, mille sabords !

Baudelaire disait :

" On peut vivre deux jours sans nourriture, mais sans poésie, impossible ! Et tous ceux qui vous diront le contraire se trompent !"

J'en connais qui vivent sans poésie toute leur existence.

Oui... Je ne les envie pas !

Si Baudelaire voyait tout cela, que dirait-il ?

Olive1968 a écrit:Oui... Je ne les envie pas !

Si Baudelaire voyait tout cela, que dirait-il ?

Il en penserait QN.*


*Quantité négligeable

Je suis en train de relire "La fin de Satan", et "Dieu", de Victor Hugo.
J'ai entendu dire que VH était, je cite, un "génial imbécile". Ce sont de bonnes âmes qui émettent pareil jugement sur cet homme. D'autres affirment que ses vers sont de la sous-poésie. Si quelqu'un venait me débiter cela en face, je lui répondrais : "j'ignore si la poésie de VH est de la sous-poésie, mais je vous affirme que vous n'êtes pas un sous-con".

Gloire à toi Pimbi ! Et je t'applaudis des deux mains vivement !

Moi qui suis un admirateur de Victor Hugo, bien parlé ! Victor Hugo, de la sous poésie ! En effet, la personne qui a dit cela en tenait une sacré couche ! C'est à mon sens la plus belle poésie qui n'est jamais été écrite, et j'en ai lu...

Je pense que VH faisait beaucoup de jaloux autour de lui, à cause de son génie et probablement aussi de son fort caractère, d'où le stupide mépris de certains. Non, VH est sans doute l'un des plus grands poètes français, si ce n'est la plus grand, enfin selon moi. Quelqu'un qui après avoir lu les "contemplations" me dit que c'est de la sous poésie, je lui dirais d'ôter les escarbilles qu'il a dans les yeux, ou d'aller apprendre le français !

Ecoutez ces vers extraordinaires sur la nécessaire amnésie de l'homme ici-bas :

Si l’homme pénétrait sa vie antérieure,
La future serait transparente ; il verrait
A travers un secret connu, l’autre secret ;
Son regard atteindrait de sa sphère à la nôtre,
Et, perçant une nuit, il pourrait percer l’autre.
Il ne serait plus l’homme, il ne douterait plus.
Qu’est-ce que l’océan sans flux et sans reflux ?

On ne peut que s'incliner devant un tel génie...

Et je n'ai cité qu'une infime partie : tout dans ce prodigieux poème est source d'émerveillement ! Quelle puissance d'évocation, et quelle intuition spirituelle !

Et l'on ne parle pas de son oeuvre littéraire, absolument magnifique, pleine d'humanité et de poésie ! Il a porté un regard sur la société qui était digne des plus grands penseurs de tous les temps...

J'ai presque tout lu, hors ses deux premiers roman Jan d'Islande et Burg Jargal (orthographe non garantie). Mais pour les autres, un régal. Il n'y a que ses personnages féminins qui m'embarrassent : ce sont à peu près toutes des jeunes filles un peu sottes, sans grand relief ; mais une certaine misogynie était de mise à l'époque. Aussi, Cosette, comme Déruchette, comme Déa, comme Esmeralda n'ont-elle pas grande allure. On exceptera Fantine, dont la saisissante déchéance physique est un coup de génie phénoménal ("Hier, elle était l'ombre d'elle-même ; aujourd'hui, elle n'en était plus que le spectre").

Ce n'est pas faux Pimbi ! C'est pour cette raison qu'il est intéressant de lire de la poésie féminine du XIX ème, car elle exprime toute la grâce et la beauté, la finesse d'une poésie romantique et mélancolique par certains côtés. Des auteurs comme Elisa Mercoeur ou Marceline Desbordes Valmore sont de très grandes poétesses, ce qui est désolant c'est qu'elles ne soient pas très connues du grand public, contrairement à leurs homologues masculins.

De ce point de vue, le XIXe siècle est bien plus misogyne et rétrograde que le siècle précédent. Il n'est que de lire, par exemple, les louanges que beaucoup d'hommes, et non des moindres, ont décernées à Emilie, marquise du Châtelet.

Oui, il semblerait que le XVIII è fut plus propice aux talents en jupons ! J'aurais presque tendance à dire que sur certains plans, le moyen âge n'était pas si sombre que cela concernant la poésie féminine; on y puise une richesse non négligeable dans ce domaine...

Et comment ! J'ai un recueil de poésies anciennes, une vraie anthologie dans le genre, et je te prie de croire que les femmes sont largement à l'honneur.

Moi aussi j'en ai une ! : " Voix de femmes au moyen-âge", une anthologie remarquable où l'on trouve de superbes poésies féminines. Je suis un grand fan de la poésie médiévale, j'ai toujours été un grand romantique !

Les ballades de Christine de Pisan

Hé, dieux ! que le temps m'annuye !
Un jour m'est une semaine ;
Plus qu'en yver longue pluye,
M'est ceste saison grevaine(1)

Les sonnets de Louise Labé

Quelle grandeur rend l'homme vénérable ?
Quelle grosseur ? Quel poil ? Quelle couleur ?
Qui est des yeux le plus emmielleur ?
Qui fait plus tôt une plaie incurable ?

(1) pesante.

Merci de ce partage Pimbi. Christine de Pisan, Louise Labé, mais aussi Marie de France, dont les lais préfigurent bien l'amour courtois.

Notez l'emploi de cestui, ceste, directement issu du latin iste, ista, istud, qui désigne quelqu'un ou quelque chose péjorativement, alors que celle-ci, celle-là est laudatif (ille, illa, illud). Je regrette qu'on n'ait pas conservé cette nuance en français moderne.