Freud et la Religion

Freud disait :
“En fixant fortement ses adeptes à un infantilisme psychique et en leur faisant partager un délire collectif, la religion réussit à épargner à quantité d’êtres humains une névrose individuelle”

Qu'en pensez vous ? J'aimerais bien aborder ce sujet.

Il est vrai qu'on peut échapper à une crise d'angoisse par un moment de rêve éveillé. Mieux encore, on peut détourner sa pensée, pour un cheminement déjà éprouvé et adopté pour la circonstance .

Une prière récitée, un mantra, deviennent méthodes pour couper la montée d'une angoisse.

Devant l'angoisse de la réalité, de la vie,ou de la mort, on peut oublier en se focalisant sur une vision artificielle, d'autant plus efficace qu'elle est partagée par tous, répétée, gravée par des rites et des symboles.

Une méthode thérapeutique

Les religions, des thérapies ?
Je dirais entre autres.

Cela rejoint ce que je disais ailleur sur le fait que le Christiannisme avait remplace le stoicisme parce qu'au niveau de la question de la mort, et de la peur qu'elle engendrait, la Religion offrait quelque chose de plus reconfortant, de plus personnel, avec un espoir concret de retrouver les etres chers qui avaient disparus avant nous.

C'est ici le delire collectif dont on parle non ? C'est vrai que si l'on en est persudade, cela peut aider a soigner des nevroses.

Doit on en conclure que les non croyants sont tous nevroses ?

Ils ont d'autres méthodes, éventuellement.

La politique, au niveau des discours, des tracts, affiches, meetings... c'est aussi un rêve éveillé, non ?

L'homme a BESOIN d'illusions.

(L'homme est plein d'imperfections; normal, si on pense à l'époque où il a été créé. Pierre Dac.)

Nelson a écrit:Les religions, des thérapies ?
Je dirais entre autres.

Sans être mal au point, je me sens souvent bien en sortant d'une messe. Je n'irais pas jusqu'a thérapeutique mais source de bien-être, oui, ça m'est déja arrivé.

Ca m'est arrivé de ressentir un profond ennui... c'est la religion ou le prêtre le responsable?

Le froid et les bigotes.

Une tenue maçonnique bien menée, ça vous laisse aussi l'impression d'un moment de qualité, de relation de groupe, de devoir accompli : une liturgie ?

De quoi ressentir une élévation de l'esprit, un contentement partagé ...

Bonne thérapie, aussi

Une égrégore ?

une ou un ?

ça doit être neutre ?

Je crois que les deux genres sont acceptés.

Oui c'est une idée intéressante...

Peut-être qu'un phénomène d'union des inconscients bloque le processus des névroses ? On se soutient dans l'acceptation de l'inconnu et du mystérieux donc le moral suit... Je ne sais pas.

Si la religion agit de cette manière, alors comment expliquer le fanatisme ? Ou alors, l'identification serait telle que le résultat aboutirait à la négation même de la personne en tant que telle ! Je suppose que Freud faisait plutôt allusion à la pratique raisonnable et censée, dans le respect et l'harmonie, auquel cas, c'est un fait, l'union et l'espoir sont bénéfiques. Enfin, j'interprète les choses de cette manière mais je ne suis pas certain de mon point de vue.

Le fanatisme n'est jamais que le rejet d'une idéologie différente.
Pathologie socio-culturelle, donc.

Chaque bonne pratique a sa maladie, eh.
Mais c'est quand même malheureux qu'on abrège aussi souvent la religion à des prédications populaires à cause de fous furieux dans le genre. On en oublie l'essentiel en faisant ça - les pseudo rationalistes qui la critiquent aussi (pour des raisons toutes aussi répétées...)

Après tout, si les gens sont aussi nombreux à rêver, c'est que ça répond bien à un besoin. De là à mener à un infantilisme psychique... c'est aller un peu vite en besogne je trouve, en fait j'ai du mal à cerner de quelle déclinaison de la religion Freud parle exactement - c'est une entité aussi ambigüe que difficile à critiquer de façon univoque. Puisque tout dépend de sa propre pratique, certaines manifestement plus infantiles que d'autres... mais si les gens ne vont pas au-dessus, c'est bien parce qu'ils n'ont pas besoin de plus pour spirituellement se sentir bien... et ce besoin serait simplement infantile ?

La messe peut sembler toute aussi offensante que bienfaisante après tout, et ça aussi c'est plutôt infantile, dans les deux cas.
EDIT : Quand j'y pense, n'importe quoi peut être une réponse spirituelle, pas simplement la religion. Je pense que c'est ce qui a mené une partie des gens à se détacher de la religion à l'aide d'autre chose (Art, science, peu importe), que ça soit à cause de cela ou dans la quête d'un "opium" supérieur. Mais la religion étant la plus explicite...

Bonjour Scylaax ! Bienvenue parmi nous !

Ce que tu dis est parfaitement juste selon moi !

Sur le plan humain, beaucoup de personnes trouvent un refuge bienfaisant dans la pratique de la religion, mais ce domaine n'a pas l'exclusivité des bienfaits, heureusement ! L'art possède des vertus un peu semblables, dans le sens où il va permettre à la personne d'exprimer une quantité de points de vue, émotionnels ou idéologiques.

Freud a abordé la question sous l'angle psychanalytique, mais je pense que la foi dépasse un peu le stade de la simple analyse, et qu'il faut la considérer comme quelque chose de plus profondément humain. Car elle nous rapproche de la question de l'absolu, des fondements de l'univers. Je pense que c'est quelque chose de plus profond, ancré en nous depuis des millénaires. Cette impression d'infantilisation du pratiquant prend peut-être sa source dans l'histoire, à une époque où le rationnalisme prenait racines, et où la religion était considérée davantage comme une vue de l'esprit que comme une conviction réelle, pouvant être envisagée comme véritable. Si l'on tente d'expliquer la religion uniquement par le biais de la psychanalyse, cela risque de rationnaliser la seule chose qui puisse être intime à l'homme, c'est à dire sa capacité à envisager, à transcender la nature, pour voir plus loin.

A mon sens ce n'est pas la foi qui est une composante du psychisme, mais c'est la religion ! On en revient au sujet théologique habituel...

J'aurai du mal à parler de Freud....parti pris, hélas...
par contre je vous invite à lire C.G.Jung "ma vie" élève de Freud, je préfère de loin son "style" et ses réflexions...

D'accord, Chrysalide; d'autant plus que Jung est nettement plus abordable, plus moderne et plus accessible.

je le pense aussi en effet, puis j'aime bien son idée d'inconscient collectif...moins catégorique que Freud, mais bon comme je l'ai dit je ne suis pas une adepte de Freud...donc mon avis est totalement subjectif.

Tu as du lire le livre d'Onfray alors ?

Non, pas encore.
j'ai beaucoup entendu parlé de lui mais pas encore ouvert un de ses livres.
Tu m'en conseilles un en particulier? le traité d'athéologie par exemple?

Je pensais surtout à son dernier livre dans lequel il démonte complètement toutes les théories de Freud.

Oh!!!interessant!!!
faut que je le lise.

j'ai tout de même beaucoup de respect pour le Monsieur, père de la psychanalyse..

chrysalide a écrit:Non, pas encore.
j'ai beaucoup entendu parlé de lui mais pas encore ouvert un de ses livres.
Tu m'en conseilles un en particulier? le traité d'athéologie par exemple?

Celui-là, il vaut le coup; je l'ai lu, et je te le conseille.