evopsy et franc-maçonnerie
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evopsy et franc-maçonnerie
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Bien longtemps une partie de l’humanité a cru n’exister que depuis environ 6000 ans, et il en reste toujours des traces dans nos récits, n’est-il pas ? Charles Darwin et son complice Alfred Wallace ont secoué tout cela en montrant de manière irréfutable l’évolution des espèces et en soutenant que cette évolution est attribuable à un processus de sélection naturelle. Nous sommes deux siècles plus tard, et la thèse de « l'évolution biologique des espèces par la sélection naturelle et la concurrence vitale » a à peu près gagné la partie. Il reste cependant des fondamentalistes, souvent religieux, qui se maintiennent dans ce qu’on appelle désormais le créationnisme.
Si l’on admet l’exactitude de la théorie de l’évolution de Darwin, on reconnaît le primat de la biologie dans la constitution du corps humain, au même titre que ceux de tous les êtres vivants . Le corps humain se construit au sein de l’utérus maternel grâce au génome dont le fœtus hérite, transmis par ses parents. La question suivante est bien entendu
« Et le génome influence-t-il aussi nos comportements ? »
La réponse est immanquablement oui, par exemple dès qu’on compare le style comportemental de jumeaux élevés séparément dans des environnements très différents. Nous arrivons là sur le terrain de l’inné comparé à l’acquis, qui a beaucoup fait couler d’encre. Les psychologies se sont beaucoup penchées sur l’acquis, à commencer par la psychanalyse freudienne. Démêler le génétique, le culturel reçu des parents et le culturel acquis ailleurs reste un exercice non évident. Une aide provient de l’observation des espèces animales, et en particulier nos cousins les primates.
Certains comportements s’observent chez les singes et chez les humains et sont expliqués par un avantage sélectif, c’est-à-dire que ces comportements ont favorisé la survie de l’espèce et/ou la transmission des gènes qui les ont permis. Dans ce cas nous sommes devant de la psychologie évolutionniste, en abrégé de l’évopsy. Cette nouvelle branche de la science a pris son essor dans les années 90. Comme dans toute jeune science, les concepts et découvertes ont été âprement discutés, et le sont toujours aujourd’hui. Les discussions sur les domaines respectifs de l’évopsy et des psychologies centrées sur l’acquis continuent toujours également.
Lorsqu’il s’agit d’étudier une espèce animale, le regard porté reste plutôt serein, mais dès que les similitudes avec l’humain apparaissent, des résistances et émotions s’invitent dans les débats. Les opinions idéologiques et croyances religieuses viennent polariser la compréhension des faits, et les biais cognitifs accomplissent leur brouillage délétère.
L’évopsy en ultra-survol
Chaque scientifique doit faire taire sa voix morale intérieure pour rester collé aux faits et contourner la case jugement. La racine du problème est le « mismatch » : le décalage entre notre génome optimisé pour le paléolithique et la vie actuelle. D’un côté la vie clanique et nomade, la rareté des ressources ; de l’autre, la vie en sociétés et villes complexes et hiérarchisées, avec plein d’anonymat. Votre génome vous incite à privilégier la transmission de vos gènes plutôt que ceux des autres. Que le meilleur gagne ! Si l’espèce humaine a survécu, c’est parce qu’elle fait partie comme tous les grands animaux des espèces opérant une sélection sexuelle : l’accouplement est conditionné à une sélection préalable du partenaire.
L’homme, disposant de millions de spermatozoïdes à répandre, a une tendance naturelle à la polygynie. La femme ne peut grosso modo qu’enfanter une fois par an, elle porte donc la circonspection. Elle est en faiblesse pendant la grossesse, et en demande d’assistance pendant l’allaitement puis l’éducation du petit. En effet, la constitution physique liée à la station debout induit que le bébé naît avant terme si on le compare aux petits des autres animaux. C’est parfait pour la transmission des savoirs, mais cela consomme des ressources, et ralentit les déplacements du clan. L’association du père est indispensable. Cela inclut de pouvoir consommer les ressources dont il dispose ou qu’il a mis en réserve . En échange de l’engagement demandé à l’homme, que peut offrir la femme ? Les meilleures garanties que l’enfant sera sain : cet aspect sain c’est la jeunesse et la beauté de la femme. Et voilà « pourquoi les femmes des riches sont belles », titre du livre de Philippe Gouillou.
Si on ajoute que la peau lisse et claire est interprétée comme signe de jeunesse, on se voit déjà aux portes d’un genre de racisme par défaut. Et l’échange ressources/beauté a, lui, un fort relent de virilisme, non ? La poussée instinctive en faveur de ses propres gènes a été décrite scientifiquement par Richard Dawkins dans son célèbre « le gène égoïste ». Nos sociétés actuelles sont bâties sur la cellule familiale nucléaire. Père et mère sont partenaires pour la durée …famille Ricoré, tout va bien, circulez, rien à voir.
Dans la célèbre pub apparaît le postier, tiens ? Madame a accès aux ressources accumulées et entretenues par monsieur, mais les gènes de madame se demandent si ceux de monsieur sont optimaux. Ceux du facteur ou du technicien d’entretien de la piscine sont plus jeunes donc plus sains, et en plus ils ont de ces pectoraux…Faire un enfant avec chaque pourvoyeur de gènes réduit les risques que la descendance s’arrête trop vite, non ? Tant pis si l’enfant bénéficie des ressources du mari, s’il n’en sait rien. De son côté, monsieur se tient peut-être un raisonnement similaire, la vie actuelle recèle tant d’opportunités.
Les statistiques évoquent un taux de « cocuage » moyen des enfants de 15%. On voit là le côté corrosif pour la stabilité du couple que déclenchent les agissements souterrains du gène égoïste. La société actuelle a intégré cela et arrondit les angles en permettant la « monogamie à répétition », qui satisfait les exigences du gène égoïste par la séquence divorce-remise en couple-nouvel enfant. Les questions de ressources se règlent par indemnités compensatoires et autres dispositifs. Il y a aussi de plus en plus de femmes qui assurent leurs revenus seules tout en élevant leurs enfants. Ceci pour l’impact sur individus et familles. En regardant la société de plus loin, on constate que les inégalités sociales peuvent laisser de nombreux jeunes hommes ( pleins de testostérone ) au bord du chemin, sans compagne. Leurs frustrations seront un moteur de violence sociétale. Bref, le mismatch est à l’origine de pas mal de souffrance.
Et les francs-maçons dans tout cela ?
Notre moteur c’est la droiture morale et le respect des conventions de la société, donc en opposition avec les calculs darwiniens sous-jacents évoqués ci-avant. Mais, d’un autre côté, notre recherche de la vérité et de la connaissance de l’homme fait que nous ne pouvons ignorer ces aspects. Explication n’est pas synonyme d’excuse. Nous ne sommes pas les seuls à nous interroger sur ce mismatch morale/évopsy . Un professionnel de cette science, Stéphane Debove, a écrit un livre primé nommé « pourquoi notre cerveau a inventé le bien et le mal » . La possible récupération par un groupe idéologiquement teinté est aussi au cœur de ses préoccupations .
Voir à ce propos [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Un livre en a été tiré : « A qui profite (vraiment) la génétique ? » avec comme sous-titre « Pourquoi la biologie du comportement humain ne condamne pas le progrès social » …Cela sonne maçonnique, non ?
On peut en conclure que l’ignorance est la moins bonne des attitudes, et que toute intention de minimiser l’influence des différences, si louable soit-elle, peut se retourner contre son auteur. Les racistes, sexistes et autres -istes clivants sont à l’affût et utiliseront toute opportunité, même en bidouillant les faits scientifiques, pour déclarer avoir raison.
…A nous donc de raison garder en toutes circonstances. D’abord, il faut garder à l’esprit est que l’influence génétique n’exclut pas l’influence culturelle, et inversement. Tout ceci nous oblige à ne pas pousser des cris d’orfraie devant des situations prévisibles. Qui dit prévisible dit aussi évitable, et gouverner c’est prévoir et prévenir .
Parmi les outils-maîtres sur ces sujets, citons la contractualisation avec équilibre des échanges, l’explicitation et le respect des consentements, etc. Éliminons la politique de l’autruche. C’est notre boulot de francs-maçons : adultes, responsables , et à l’affût des progrès possibles de l’Humanité, individuellement et sociétalement.
Bien longtemps une partie de l’humanité a cru n’exister que depuis environ 6000 ans, et il en reste toujours des traces dans nos récits, n’est-il pas ? Charles Darwin et son complice Alfred Wallace ont secoué tout cela en montrant de manière irréfutable l’évolution des espèces et en soutenant que cette évolution est attribuable à un processus de sélection naturelle. Nous sommes deux siècles plus tard, et la thèse de « l'évolution biologique des espèces par la sélection naturelle et la concurrence vitale » a à peu près gagné la partie. Il reste cependant des fondamentalistes, souvent religieux, qui se maintiennent dans ce qu’on appelle désormais le créationnisme.
Si l’on admet l’exactitude de la théorie de l’évolution de Darwin, on reconnaît le primat de la biologie dans la constitution du corps humain, au même titre que ceux de tous les êtres vivants . Le corps humain se construit au sein de l’utérus maternel grâce au génome dont le fœtus hérite, transmis par ses parents. La question suivante est bien entendu
« Et le génome influence-t-il aussi nos comportements ? »
La réponse est immanquablement oui, par exemple dès qu’on compare le style comportemental de jumeaux élevés séparément dans des environnements très différents. Nous arrivons là sur le terrain de l’inné comparé à l’acquis, qui a beaucoup fait couler d’encre. Les psychologies se sont beaucoup penchées sur l’acquis, à commencer par la psychanalyse freudienne. Démêler le génétique, le culturel reçu des parents et le culturel acquis ailleurs reste un exercice non évident. Une aide provient de l’observation des espèces animales, et en particulier nos cousins les primates.
Certains comportements s’observent chez les singes et chez les humains et sont expliqués par un avantage sélectif, c’est-à-dire que ces comportements ont favorisé la survie de l’espèce et/ou la transmission des gènes qui les ont permis. Dans ce cas nous sommes devant de la psychologie évolutionniste, en abrégé de l’évopsy. Cette nouvelle branche de la science a pris son essor dans les années 90. Comme dans toute jeune science, les concepts et découvertes ont été âprement discutés, et le sont toujours aujourd’hui. Les discussions sur les domaines respectifs de l’évopsy et des psychologies centrées sur l’acquis continuent toujours également.
Lorsqu’il s’agit d’étudier une espèce animale, le regard porté reste plutôt serein, mais dès que les similitudes avec l’humain apparaissent, des résistances et émotions s’invitent dans les débats. Les opinions idéologiques et croyances religieuses viennent polariser la compréhension des faits, et les biais cognitifs accomplissent leur brouillage délétère.
L’évopsy en ultra-survol
Chaque scientifique doit faire taire sa voix morale intérieure pour rester collé aux faits et contourner la case jugement. La racine du problème est le « mismatch » : le décalage entre notre génome optimisé pour le paléolithique et la vie actuelle. D’un côté la vie clanique et nomade, la rareté des ressources ; de l’autre, la vie en sociétés et villes complexes et hiérarchisées, avec plein d’anonymat. Votre génome vous incite à privilégier la transmission de vos gènes plutôt que ceux des autres. Que le meilleur gagne ! Si l’espèce humaine a survécu, c’est parce qu’elle fait partie comme tous les grands animaux des espèces opérant une sélection sexuelle : l’accouplement est conditionné à une sélection préalable du partenaire.
L’homme, disposant de millions de spermatozoïdes à répandre, a une tendance naturelle à la polygynie. La femme ne peut grosso modo qu’enfanter une fois par an, elle porte donc la circonspection. Elle est en faiblesse pendant la grossesse, et en demande d’assistance pendant l’allaitement puis l’éducation du petit. En effet, la constitution physique liée à la station debout induit que le bébé naît avant terme si on le compare aux petits des autres animaux. C’est parfait pour la transmission des savoirs, mais cela consomme des ressources, et ralentit les déplacements du clan. L’association du père est indispensable. Cela inclut de pouvoir consommer les ressources dont il dispose ou qu’il a mis en réserve . En échange de l’engagement demandé à l’homme, que peut offrir la femme ? Les meilleures garanties que l’enfant sera sain : cet aspect sain c’est la jeunesse et la beauté de la femme. Et voilà « pourquoi les femmes des riches sont belles », titre du livre de Philippe Gouillou.
Si on ajoute que la peau lisse et claire est interprétée comme signe de jeunesse, on se voit déjà aux portes d’un genre de racisme par défaut. Et l’échange ressources/beauté a, lui, un fort relent de virilisme, non ? La poussée instinctive en faveur de ses propres gènes a été décrite scientifiquement par Richard Dawkins dans son célèbre « le gène égoïste ». Nos sociétés actuelles sont bâties sur la cellule familiale nucléaire. Père et mère sont partenaires pour la durée …famille Ricoré, tout va bien, circulez, rien à voir.
Dans la célèbre pub apparaît le postier, tiens ? Madame a accès aux ressources accumulées et entretenues par monsieur, mais les gènes de madame se demandent si ceux de monsieur sont optimaux. Ceux du facteur ou du technicien d’entretien de la piscine sont plus jeunes donc plus sains, et en plus ils ont de ces pectoraux…Faire un enfant avec chaque pourvoyeur de gènes réduit les risques que la descendance s’arrête trop vite, non ? Tant pis si l’enfant bénéficie des ressources du mari, s’il n’en sait rien. De son côté, monsieur se tient peut-être un raisonnement similaire, la vie actuelle recèle tant d’opportunités.
Les statistiques évoquent un taux de « cocuage » moyen des enfants de 15%. On voit là le côté corrosif pour la stabilité du couple que déclenchent les agissements souterrains du gène égoïste. La société actuelle a intégré cela et arrondit les angles en permettant la « monogamie à répétition », qui satisfait les exigences du gène égoïste par la séquence divorce-remise en couple-nouvel enfant. Les questions de ressources se règlent par indemnités compensatoires et autres dispositifs. Il y a aussi de plus en plus de femmes qui assurent leurs revenus seules tout en élevant leurs enfants. Ceci pour l’impact sur individus et familles. En regardant la société de plus loin, on constate que les inégalités sociales peuvent laisser de nombreux jeunes hommes ( pleins de testostérone ) au bord du chemin, sans compagne. Leurs frustrations seront un moteur de violence sociétale. Bref, le mismatch est à l’origine de pas mal de souffrance.
Et les francs-maçons dans tout cela ?
Notre moteur c’est la droiture morale et le respect des conventions de la société, donc en opposition avec les calculs darwiniens sous-jacents évoqués ci-avant. Mais, d’un autre côté, notre recherche de la vérité et de la connaissance de l’homme fait que nous ne pouvons ignorer ces aspects. Explication n’est pas synonyme d’excuse. Nous ne sommes pas les seuls à nous interroger sur ce mismatch morale/évopsy . Un professionnel de cette science, Stéphane Debove, a écrit un livre primé nommé « pourquoi notre cerveau a inventé le bien et le mal » . La possible récupération par un groupe idéologiquement teinté est aussi au cœur de ses préoccupations .
Voir à ce propos [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Un livre en a été tiré : « A qui profite (vraiment) la génétique ? » avec comme sous-titre « Pourquoi la biologie du comportement humain ne condamne pas le progrès social » …Cela sonne maçonnique, non ?
On peut en conclure que l’ignorance est la moins bonne des attitudes, et que toute intention de minimiser l’influence des différences, si louable soit-elle, peut se retourner contre son auteur. Les racistes, sexistes et autres -istes clivants sont à l’affût et utiliseront toute opportunité, même en bidouillant les faits scientifiques, pour déclarer avoir raison.
…A nous donc de raison garder en toutes circonstances. D’abord, il faut garder à l’esprit est que l’influence génétique n’exclut pas l’influence culturelle, et inversement. Tout ceci nous oblige à ne pas pousser des cris d’orfraie devant des situations prévisibles. Qui dit prévisible dit aussi évitable, et gouverner c’est prévoir et prévenir .
Parmi les outils-maîtres sur ces sujets, citons la contractualisation avec équilibre des échanges, l’explicitation et le respect des consentements, etc. Éliminons la politique de l’autruche. C’est notre boulot de francs-maçons : adultes, responsables , et à l’affût des progrès possibles de l’Humanité, individuellement et sociétalement.
patos- Admin
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Date d'inscription : 15/09/2015
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Re: evopsy et franc-maçonnerie
Ouf! J'avoue que la psychologie évolutive n'est pas vraiment ma tasse de thé, mais l'article Patrick de Van Denhove est intéressant et ta conclusion claire.
On en revient au même truc...l'ignorance amène l'intolérance et vice et versa.
On en revient au même truc...l'ignorance amène l'intolérance et vice et versa.
danielsan- Grand Initié
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