sociétés compagnonniques : réception
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Le Bandeau sur les yeux forum maçonnique :: Discussions entre profanes et franc-maçons :: Questions et discussions autour de la Franc-Maçonnerie
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sociétés compagnonniques : réception
on le sait, il y a pas mal de points communs entre les "maçons opératifs" des sociétés compagnonniques et la franc-maçonnerie. Dans ces sociétés le point culminant est la réception comme compagnon.
Voici un tableau décrivant comment cela se passait du temps d'Agricol Perdiguier, dit Avignonnais-la-vertu.
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patos- Admin
- Messages : 5365
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Luciole, danielsan et Nastassia aiment ce message
Re: sociétés compagnonniques : réception
Voici un article intéressant de Laurent RIDEL l’historien, pas le Directeur pénitentiaire, qui jette un certain regard sur les bâtisseurs et les francs-maçons, article contradictoire mais…pas que.
Les bâtisseurs de cathédrales sont-ils à l’origine de la franc-maçonnerie ?
Laurent Ridel
Derrière les artisans et les architectes des cathédrales se cacheraient les francs-maçons ou du moins leurs ancêtres. Cette thèse me paraît un mythe. Démonstration.
Dès que j’entends parler de « francs-maçons », de « templiers » ou d’« alchimistes », mon cerveau se met en mode « méfiance ». Sur ces sujets, les fantasmes l’emportent généralement sur les preuves scientifiques.
La relation entre franc-maçonnerie et bâtisseurs de cathédrales, je l’ai déjà abordé après avoir regardé un documentaire douteux sur RMC Découverte. Il ne m’a pas convaincu. Depuis, j’ai lu des livres et des articles. Conclusion : je le suis encore moins.
Des points communs troublants
Pourtant, il est bien tentant de rapprocher les deux groupes, au moins par le vocabulaire. Maçons du Moyen Âge et francs-maçons d’aujourd’hui se réunissent par exemple en loge.
Au temps des cathédrales, la loge est d’abord le bâtiment des travailleurs, collé à l’édifice en construction. C’est là où ils travaillent à l’abri du soleil ou des intempéries, là où ils rangent leurs outils, là où ils prennent leur repas et même parfois là où ils dorment. Dans certaines enluminures, cet atelier ressemble à une cabane couverte d’un simple toit de paille, mais ce peut être aussi une véritable maison. La loge a fini par désigner le groupe d’ouvriers qui y œuvrent. C’est à ce dernier sens que se rattachent les loges maçonniques, unité de base de la franc-maçonnerie rassemblant entre une trentaine et une centaine de frères.
Le rapprochement devient même évident à la vue des symboles. Dans leurs documents, les francs-maçons dessinent des équerres, des compas, des maillets, des règles. Autant d’objets piochés dans la boîte à outils des bâtisseurs. De même, les 3 principaux grades distinguant les francs-maçons — maître, compagnon, et apprenti — rappellent la hiérarchie au sein des métiers dans les villes médiévales. Bref, ces indices laissent penser une naissance de la franc-maçonnerie à l’ombre des cathédrales.
Ne confondez pas le grade de compagnon et les compagnons du devoir, qui font le tour de France.
Les deux maçonneries
L’histoire de la franc-maçonnerie est souvent présentée ainsi. Au départ, on a des maçons de métier et des maîtres d’œuvre qui se consacrent à l’édification d’une cathédrale. C’est la maçonnerie opérative : elle travaille de ses mains.
Puis, à partir de 1600 environ, les loges d’artisans accueillent en leur sein des gens qui ne sont pas du métier, des notables. Pourquoi les fait-on entrer ? Leurs dons financent la caisse d’entraide de la loge. Les artisans ont en effet besoin d’argent pour soutenir les ouvriers malades, invalides et pour payer des frais de procès.
Peu à peu, les membres extérieurs (les gentlemen masons) deviennent majoritaires dans les loges par rapport aux travailleurs. En conséquence, le but de ces associations est réorienté : il ne s’agit plus de construire des édifices, mais de construire des hommes parfaits. C’est la naissance de la maçonnerie spéculative, autrement dit la franc-maçonnerie moderne.
Roger Dachez a épluché les sources pour évaluer la véracité de ce récit.
Qui est Roger Dachez ? C’est un historien, lui-même franc-maçon, qui s’est plongé dans le sujet des origines de la franc-maçonnerie. Il est notamment l’auteur de Les francs-maçons de la légende à l’histoire, publié chez Tallandier en 2003. Autrement dit, c’est la personne que je vais davantage écouter que d’autres écrivains sur le sujet, comme je vais davantage écouter un pompier de Paris que Donald Trump pour m’expliquer comment éteindre l’incendie de Notre-Dame (le président des Etats-Unis avait conseillé l’envoi de canadairs ! L’eau larguée aurait sûrement défoncé les voûtes).
La conclusion de Roger Dachez : cette théorie de la transition entre maçonnerie opérative et maçonnerie spéculative « paraît plus qu’incertaine », selon ses propres mots. À l’heure actuelle, il n’existe pas de preuves documentaires d’un lien direct entre francs-maçons modernes et maçons médiévaux. L’arbre généalogique se coupe au XVIIe siècle. Faute de textes, il faut donc se limiter à dire que la franc-maçonnerie naît au début du XVIIIe siècle en Angleterre et non au temps des cathédrales.
Pourquoi la franc-maçonnerie revendique-t-elle alors ces racines plus anciennes ? Ses fondateurs ont cherché à lui conférer un certain prestige en la vieillissant de plusieurs siècles. Ils ont voulu lui donner une origine mythique.
Selon ces textes fondateurs (notamment les Constitutions d’Anderson écrites en 1723), la franc-maçonnerie remonte même bien plus loin que l’époque gothique. Son acte de naissance serait la construction du temple de Jérusalem par le roi de l’Ancien Testament, Salomon.
Salomon commande la construction du temple de Jérusalem. Un moment fondateur dans l’histoire légendaire des francs-maçons. Page d’un manuscrit, Chronique de Baudoin d’Avennes, vers 1475, manuscrit conservé à la British Library sous la cote Royal MS 18 E V
Mais j’entends déjà certains lecteurs spécialistes protester, malgré l’écran d’ordinateur, de tablette ou de smartphone qui nous sépare.
J’entends même leurs propos véhéments : « Vous dîtes qu’il n’y a pas de textes ! Or, on en a plusieurs qui évoquent au Moyen Âge des francs-maçons ».
C’est vrai. Par exemple, en 1396, l’archevêque de Cantorbéry obtient pour le chantier de sa cathédrale l’embauche de 24 « freemasons ». Le sens de cette expression n’est pas clair, mais il n’a pas rapport avec la franc-maçonnerie. Il désigne des tailleurs de pierre et des maçons qui travaillent la pierre franche. C’est-à-dire la pierre sans défaut, celle qu’on peut utiliser pour la sculpture. À ces artisans plus habiles, semblent réservées les tâches les plus spécifiques ; les autres se contentant de poser les pierres ou de dégrossir les blocs.
En observant attentivement les murs des cathédrales, on peut apercevoir sur certains blocs des signes gravés. Leur sens est énigmatique. On attribue communément leur origine soit aux francs-maçons, soit aux compagnons qui auraient utilisé ces marques comme un moyen de communication entre initiés.
Marque de tâcheron sur la petite église de Martres en Gironde.
Les archéologues sourient de cette interprétation ésotérique. Pour eux, nul mystère. Ces signes sont :
§ Soit des marques de provenance. Elles indiquent la carrière d’extraction.
§ Soit des marques de positionnement. Une équerre gravée indique le sens de la pose.
§ Soit des marques de « tâcherons« . Elles serviront comme base pour calculer la rétribution des travailleurs, alors payés à la tâche.
Le goût du secret
S’il n’y a pas de parenté évidente entre la franc-maçonnerie et le monde des bâtisseurs de cathédrale, il est indéniable que les francs maçons, séduits par le mode d’organisation médiéval, ont largement puisé chez les travailleurs leurs références. Nous avons déjà parlé des symboles comme l’équerre, le compas, le maillet…
On pourrait aussi évoquer les rites et le goût du secret. Au sein des métiers médiévaux, le savoir-faire est jalousement gardé. Nul ne peut être initié à la maçonnerie (même chose dans la boucherie, la boulangerie, ou l’orfèvrerie…), sans intégrer la corporation du métier. Le savoir-faire se transmet par l’apprentissage et reste inaccessible à ceux qui n’appartiennent pas au sérail.
Encore que, selon l’historien Jean Gimpel, on exagère beaucoup le rôle contraignant et omniprésent des corporations dans les métiers du bâtiment au Moyen Âge. C’est un peu plus tard, au XVIe siècle, qu’apparaissent des signes plus évidents d’hermétisme chez les bâtisseurs professionnels. En Écosse, les maçons les plus qualifiés se reconnaissent entre eux par un moyen oral, le mot du maçon, qui leur est communiqué lors d’une cérémonie. Une culture du secret et de la discrétion qui inspirera les générations futures.
Vitrail au siège de la loge « Union et philanthropie » à Bruxelles (Wikimedia Commons)
Rites d’initiation au Moyen Âge
Les francs-maçons ont aussi trouvé leur miel dans de vieux textes anglais, les Old Charges (Anciens Devoirs). Ces règlements s’imposaient aux maçons et révèlent dès la fin du XIVe siècle l’existence de cérémonie et de rites initiatiques.
L’ouvrier reçu sur un chantier jurait de respecter Dieu, la sainte Église, son roi et le maître du chantier ; on lui enseignait des prescriptions morales comme bien se tenir à table ou ne pas coucher avec la femme ou la concubine du maître (si on l’interdit, c’est que ça devait arriver !). Enfin on lui présentait la Bible.
L’institution maçonnique a donc emprunté pratiques et vocabulaire aux maçons du Moyen Âge. Cependant, il n’est pas possible d’affirmer qu’elle se rattache directement à ces artisans. Quoiqu’en disent certains affiliés qui entretiennent cette tradition. Déçu ?
danielsan- Grand Initié
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Re: sociétés compagnonniques : réception
merci notre Danielou d'amour !
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patos- Admin
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danielsan- Grand Initié
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