Liberté quand tu nous tiens…
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Liberté quand tu nous tiens…
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J’observais mes petits-enfants s’ébattre au soleil d’août, et en les voyant défendre bec et ongles leur liberté de choix personnel à propos de tout, je me demandais pourquoi des notions comme le bien commun ou la solidarité semblent avoir perdu du terrain des pratiques quotidiennes de nos contemporains.
La fraternité s’est elle dissoute dans l’individualisme post-soixante-huitard ?
Certes, notre chère démocratie s’oblige à protéger les minorités, et la plus petite minorité c’est l’individu, comme l’indiquait Ayn Rand, après avoir vécu sous le joug soviétique. Mais cette fois on se demande si le balancier, détaché, ne s’est pas envolé vers le côté jungle.
Jungle, parce que, réseaux sociaux et algorithmes aidant, c’est toujours l’émotion et très souvent l’émotion négative qui est stimulée, si bien que tout luxe ou tout bonheur apparent déclenche l’envie ( avec son prétexte « il ne l’a pas acquis honnêtement » ), toute opinion déclenche sa contradiction, etc.
Arrêt sur l’image de la société qu’affichent nos écrans .
D’un côté, nous vivons dans une société dans laquelle, semble-t-il, tout est possible, donc pas de limite à nos désirs. De l’autre, il reste quelques contraintes, de moins en moins supportables, imposées par les représentants d’une autorité résiduelle comme les élus, parlant au nom de la volonté majoritaire sortie des urnes, ou comme la police, qui possède officiellement le monopole de la violence légale, et d’autres, comme les banquiers qui gèrent nos dépenses et rentrées ( dépenses souvent plus grandes que rentrées puisque la dette ne semble pas avoir de plafond ), et les multinationales qui derrière leurs clinquantes publicités n’ont d’yeux que pour nos minces portefeuilles.
Alors, d’où vient notre rage anti-contraintes ?
En observant à nouveau les petits enfants, un premier indice apparaît . Peu après leur naissance, leurs parents veillent à ce qu’ils ne manquent de rien : nourriture, chaleur, propreté, sécurité… Cela vient si automatiquement ( dans la plupart des cas ) que l’enfant développe une pensée magique : mon besoin se comble avant même qu’il ne se précise dans mon esprit, et c’est parce que je suis tout puissant !
Patatras, les premières interdictions tombent un peu plus tard, et le deuil de la toute-puissance sera long et douloureux. Chez les enfants-rois on recule un peu cette échéance sans la supprimer et on ne peut exclure que cela ne la rende encore plus difficile que chez les autres enfants. Parfois même l’enfant-roi ne disparaît pas : il devient un adulte ingouvernable ( tiens tiens, un qualificatif qu’on accole parfois à notre peuple…) . Dans tous les cas, la frustration du désir non immédiatement comblé reste cuisante .
Bref, à ce stade de nos réflexions, nous voilà devant une régression du niveau moyen de maturité de nos contemporains, mais attention : c’est observable dans toutes les tranches d’âge ! On pourra leur trouver comme explications ou excuses l’implacable efficacité du marketing et des algorithmes.
Les algorithmes ? Oui, vous savez, l’exploitation de ce Big Data qui nous connaît mieux que nous-mêmes parce qu’il a enregistré tous nos like et autres clics sur la toile . L’avalanche d’informations et distractions, ajoutée à la bonne connaissance de nos façons de réagir, a obtenu que beaucoup de nos jeunes et moins jeunes vivent dans la civilisation du poisson rouge : ce dernier a en effet une durée d’attention de 8 secondes, à comparer aux 9 secondes trouvées par une étude d’un échantillon de jeunes américains ( non , on ne ricane pas sur le dos de nos amis d’outre-Atlantique ! ).
Soit, mais n’y a-t-il pas autre chose ?
Il y a plus de cent ans déjà, le sociologue Durkheim analysait les statistiques des suicides et détectait des hausses des taux de suicide pendant les récessions économiques mais aussi pendant les périodes de boom économique. Il découvrit le point commun des deux hausses en question : l’anomie, ou absence de norme, c’est-à-dire qu’il s’agissait de périodes pendant lesquelles les désirs compris comme réalisables et la réalité telle que vécue dans le présent étaient trop éloignés les uns des autres. Cette caractéristique, nous l’avons évoquée à propos de l’époque actuelle puisque tout est présenté comme possible, tandis que dans la réalité les plafonds de verre existent partout.
Comment calmer nos contemporains, enfants éblouis par tant de promesses mais en difficulté dès qu’un effort long est nécessaire pour atteindre un objectif digne du nom, comme tailler sa pierre ?
Il me semble important de commencer par bien s’approprier cette réalité de nos faiblesses mentales face au monde qui nous entoure : la lucidité est le premier pas, et ensuite gouverner c’est prévoir.
Qu’en pensez vous ?
J’observais mes petits-enfants s’ébattre au soleil d’août, et en les voyant défendre bec et ongles leur liberté de choix personnel à propos de tout, je me demandais pourquoi des notions comme le bien commun ou la solidarité semblent avoir perdu du terrain des pratiques quotidiennes de nos contemporains.
La fraternité s’est elle dissoute dans l’individualisme post-soixante-huitard ?
Certes, notre chère démocratie s’oblige à protéger les minorités, et la plus petite minorité c’est l’individu, comme l’indiquait Ayn Rand, après avoir vécu sous le joug soviétique. Mais cette fois on se demande si le balancier, détaché, ne s’est pas envolé vers le côté jungle.
Jungle, parce que, réseaux sociaux et algorithmes aidant, c’est toujours l’émotion et très souvent l’émotion négative qui est stimulée, si bien que tout luxe ou tout bonheur apparent déclenche l’envie ( avec son prétexte « il ne l’a pas acquis honnêtement » ), toute opinion déclenche sa contradiction, etc.
Arrêt sur l’image de la société qu’affichent nos écrans .
D’un côté, nous vivons dans une société dans laquelle, semble-t-il, tout est possible, donc pas de limite à nos désirs. De l’autre, il reste quelques contraintes, de moins en moins supportables, imposées par les représentants d’une autorité résiduelle comme les élus, parlant au nom de la volonté majoritaire sortie des urnes, ou comme la police, qui possède officiellement le monopole de la violence légale, et d’autres, comme les banquiers qui gèrent nos dépenses et rentrées ( dépenses souvent plus grandes que rentrées puisque la dette ne semble pas avoir de plafond ), et les multinationales qui derrière leurs clinquantes publicités n’ont d’yeux que pour nos minces portefeuilles.
Alors, d’où vient notre rage anti-contraintes ?
En observant à nouveau les petits enfants, un premier indice apparaît . Peu après leur naissance, leurs parents veillent à ce qu’ils ne manquent de rien : nourriture, chaleur, propreté, sécurité… Cela vient si automatiquement ( dans la plupart des cas ) que l’enfant développe une pensée magique : mon besoin se comble avant même qu’il ne se précise dans mon esprit, et c’est parce que je suis tout puissant !
Patatras, les premières interdictions tombent un peu plus tard, et le deuil de la toute-puissance sera long et douloureux. Chez les enfants-rois on recule un peu cette échéance sans la supprimer et on ne peut exclure que cela ne la rende encore plus difficile que chez les autres enfants. Parfois même l’enfant-roi ne disparaît pas : il devient un adulte ingouvernable ( tiens tiens, un qualificatif qu’on accole parfois à notre peuple…) . Dans tous les cas, la frustration du désir non immédiatement comblé reste cuisante .
Bref, à ce stade de nos réflexions, nous voilà devant une régression du niveau moyen de maturité de nos contemporains, mais attention : c’est observable dans toutes les tranches d’âge ! On pourra leur trouver comme explications ou excuses l’implacable efficacité du marketing et des algorithmes.
Les algorithmes ? Oui, vous savez, l’exploitation de ce Big Data qui nous connaît mieux que nous-mêmes parce qu’il a enregistré tous nos like et autres clics sur la toile . L’avalanche d’informations et distractions, ajoutée à la bonne connaissance de nos façons de réagir, a obtenu que beaucoup de nos jeunes et moins jeunes vivent dans la civilisation du poisson rouge : ce dernier a en effet une durée d’attention de 8 secondes, à comparer aux 9 secondes trouvées par une étude d’un échantillon de jeunes américains ( non , on ne ricane pas sur le dos de nos amis d’outre-Atlantique ! ).
Soit, mais n’y a-t-il pas autre chose ?
Il y a plus de cent ans déjà, le sociologue Durkheim analysait les statistiques des suicides et détectait des hausses des taux de suicide pendant les récessions économiques mais aussi pendant les périodes de boom économique. Il découvrit le point commun des deux hausses en question : l’anomie, ou absence de norme, c’est-à-dire qu’il s’agissait de périodes pendant lesquelles les désirs compris comme réalisables et la réalité telle que vécue dans le présent étaient trop éloignés les uns des autres. Cette caractéristique, nous l’avons évoquée à propos de l’époque actuelle puisque tout est présenté comme possible, tandis que dans la réalité les plafonds de verre existent partout.
Comment calmer nos contemporains, enfants éblouis par tant de promesses mais en difficulté dès qu’un effort long est nécessaire pour atteindre un objectif digne du nom, comme tailler sa pierre ?
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