De la poésie !
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De la poésie !
Je constate que le forum manque un peu de questions et d'échanges concernant la poésie, alors j'ouvre le bal ! De Villon à Baudelaire, en passant par Verlaine et Hugo, exprimez vos goûts, et les échanges seront lancés !
Bien à tous, Olive.
Bien à tous, Olive.
Invité- Invité
Re: De la poésie !
"Comme les anges à l'oeil fauve
Je reviendrai dans ton alcôve
Et vers toi glisserai sans bruit
Avec les ombres de la nuit"
De qui est-ce ?
Je reviendrai dans ton alcôve
Et vers toi glisserai sans bruit
Avec les ombres de la nuit"
De qui est-ce ?
Nelson- Grand Maitre Suprême
- Messages : 6859
Date d'inscription : 25/04/2011
Localisation : Hic et nunc
Re: De la poésie !
Alors moi j'ai une méga question:
Vous voyez les Djinns, d'Hugo?
Murs, ville,
Et port,
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise,
Tout dort.
Dans la plaine
Naît un bruit.
C'est l'haleine
De la nuit.
Elle brame
Comme une âme
Qu'une flamme
Toujours suit !
La voix plus haute
Semble un grelot.
D'un nain qui saute
C'est le galop.
Il fuit, s'élance,
Puis en cadence
Sur un pied danse
Au bout d'un flot.
La rumeur approche.
L'écho la redit.
C'est comme la cloche
D'un couvent maudit ;
Comme un bruit de foule,
Qui tonne et qui roule,
Et tantôt s'écroule,
Et tantôt grandit,
Dieu ! la voix sépulcrale
Des Djinns !... Quel bruit ils font !
Fuyons sous la spirale
De l'escalier profond.
Déjà s'éteint ma lampe,
Et l'ombre de la rampe,
Qui le long du mur rampe,
Monte jusqu'au plafond.
C'est l'essaim des Djinns qui passe,
Et tourbillonne en sifflant !
Les ifs, que leur vol fracasse,
Craquent comme un pin brûlant.
Leur troupeau, lourd et rapide,
Volant dans l'espace vide,
Semble un nuage livide
Qui porte un éclair au flanc.
Ils sont tout près ! - Tenons fermée
Cette salle, où nous les narguons.
Quel bruit dehors ! Hideuse armée
De vampires et de dragons !
La poutre du toit descellée
Ploie ainsi qu'une herbe mouillée,
Et la vieille porte rouillée
Tremble, à déraciner ses gonds !
Cris de l'enfer! voix qui hurle et qui pleure !
L'horrible essaim, poussé par l'aquilon,
Sans doute, ô ciel ! s'abat sur ma demeure.
Le mur fléchit sous le noir bataillon.
La maison crie et chancelle penchée,
Et l'on dirait que, du sol arrachée,
Ainsi qu'il chasse une feuille séchée,
Le vent la roule avec leur tourbillon !
Prophète ! si ta main me sauve
De ces impurs démons des soirs,
J'irai prosterner mon front chauve
Devant tes sacrés encensoirs !
Fais que sur ces portes fidèles
Meure leur souffle d'étincelles,
Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes
Grince et crie à ces vitraux noirs !
Ils sont passés ! - Leur cohorte
S'envole, et fuit, et leurs pieds
Cessent de battre ma porte
De leurs coups multipliés.
L'air est plein d'un bruit de chaînes,
Et dans les forêts prochaines
Frissonnent tous les grands chênes,
Sous leur vol de feu pliés !
De leurs ailes lointaines
Le battement décroît,
Si confus dans les plaines,
Si faible, que l'on croit
Ouïr la sauterelle
Crier d'une voix grêle,
Ou pétiller la grêle
Sur le plomb d'un vieux toit.
D'étranges syllabes
Nous viennent encor ;
Ainsi, des arabes
Quand sonne le cor,
Un chant sur la grève
Par instants s'élève,
Et l'enfant qui rêve
Fait des rêves d'or.
Les Djinns funèbres,
Fils du trépas,
Dans les ténèbres
Pressent leurs pas ;
Leur essaim gronde :
Ainsi, profonde,
Murmure une onde
Qu'on ne voit pas.
Ce bruit vague
Qui s'endort,
C'est la vague
Sur le bord ;
C'est la plainte,
Presque éteinte,
D'une sainte
Pour un mort.
On doute
La nuit...
J'écoute : -
Tout fuit,
Tout passe
L'espace
Efface
Le bruit.
Et bien, si vous renversez le poème à l'horizontale, il ressemble vaguement au mur d'une cité. C'est un effet voulu par l'auteur? Quel sens peut-on donner à cette morphologie du poème.
Vous voyez les Djinns, d'Hugo?
Murs, ville,
Et port,
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise,
Tout dort.
Dans la plaine
Naît un bruit.
C'est l'haleine
De la nuit.
Elle brame
Comme une âme
Qu'une flamme
Toujours suit !
La voix plus haute
Semble un grelot.
D'un nain qui saute
C'est le galop.
Il fuit, s'élance,
Puis en cadence
Sur un pied danse
Au bout d'un flot.
La rumeur approche.
L'écho la redit.
C'est comme la cloche
D'un couvent maudit ;
Comme un bruit de foule,
Qui tonne et qui roule,
Et tantôt s'écroule,
Et tantôt grandit,
Dieu ! la voix sépulcrale
Des Djinns !... Quel bruit ils font !
Fuyons sous la spirale
De l'escalier profond.
Déjà s'éteint ma lampe,
Et l'ombre de la rampe,
Qui le long du mur rampe,
Monte jusqu'au plafond.
C'est l'essaim des Djinns qui passe,
Et tourbillonne en sifflant !
Les ifs, que leur vol fracasse,
Craquent comme un pin brûlant.
Leur troupeau, lourd et rapide,
Volant dans l'espace vide,
Semble un nuage livide
Qui porte un éclair au flanc.
Ils sont tout près ! - Tenons fermée
Cette salle, où nous les narguons.
Quel bruit dehors ! Hideuse armée
De vampires et de dragons !
La poutre du toit descellée
Ploie ainsi qu'une herbe mouillée,
Et la vieille porte rouillée
Tremble, à déraciner ses gonds !
Cris de l'enfer! voix qui hurle et qui pleure !
L'horrible essaim, poussé par l'aquilon,
Sans doute, ô ciel ! s'abat sur ma demeure.
Le mur fléchit sous le noir bataillon.
La maison crie et chancelle penchée,
Et l'on dirait que, du sol arrachée,
Ainsi qu'il chasse une feuille séchée,
Le vent la roule avec leur tourbillon !
Prophète ! si ta main me sauve
De ces impurs démons des soirs,
J'irai prosterner mon front chauve
Devant tes sacrés encensoirs !
Fais que sur ces portes fidèles
Meure leur souffle d'étincelles,
Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes
Grince et crie à ces vitraux noirs !
Ils sont passés ! - Leur cohorte
S'envole, et fuit, et leurs pieds
Cessent de battre ma porte
De leurs coups multipliés.
L'air est plein d'un bruit de chaînes,
Et dans les forêts prochaines
Frissonnent tous les grands chênes,
Sous leur vol de feu pliés !
De leurs ailes lointaines
Le battement décroît,
Si confus dans les plaines,
Si faible, que l'on croit
Ouïr la sauterelle
Crier d'une voix grêle,
Ou pétiller la grêle
Sur le plomb d'un vieux toit.
D'étranges syllabes
Nous viennent encor ;
Ainsi, des arabes
Quand sonne le cor,
Un chant sur la grève
Par instants s'élève,
Et l'enfant qui rêve
Fait des rêves d'or.
Les Djinns funèbres,
Fils du trépas,
Dans les ténèbres
Pressent leurs pas ;
Leur essaim gronde :
Ainsi, profonde,
Murmure une onde
Qu'on ne voit pas.
Ce bruit vague
Qui s'endort,
C'est la vague
Sur le bord ;
C'est la plainte,
Presque éteinte,
D'une sainte
Pour un mort.
On doute
La nuit...
J'écoute : -
Tout fuit,
Tout passe
L'espace
Efface
Le bruit.
Et bien, si vous renversez le poème à l'horizontale, il ressemble vaguement au mur d'une cité. C'est un effet voulu par l'auteur? Quel sens peut-on donner à cette morphologie du poème.
Hikari- Nouveau né
- Messages : 27
Date d'inscription : 20/10/2011
Re: De la poésie !
Je suis archi ignorant de la poésie, mais ce poème d'Hugo a effectivement une structure certainement voulue comme cela.
rbbe41- Maitre Philosophe
- Messages : 2073
Date d'inscription : 28/06/2011
Age : 48
Localisation : Suisse
Re: De la poésie !
J'avais appris ce poème en ma jeunesse; ce qui en fait l'intérêt est son rythme progressif/dégressif, calculé pour provoquer l'effroi/apaisement.
Génial !
Génial !
Nelson- Grand Maitre Suprême
- Messages : 6859
Date d'inscription : 25/04/2011
Localisation : Hic et nunc
Re: De la poésie !
Arrrrggg Nelson ! Je connais ce quatrain, c'est sûr, mais son auteur m'échappe !
Invité- Invité
Sublime poème
Ah ! Cher Hikari, vous ne pouviez pas mieux tomber, Victor Hugo est mon poète préféré !
Oui bien sûr, ce sublime poème est construit de la sorte pour une raison précise, et celle-ci est d'ailleurs assez simple à expliquer !
Victor a voulu donner l'illusion d'une intensité croissante, qui trouve son point culminant vers le milieu du poème puis qui décroît lentement pour évoquer une forme d'apaisement. Un peu comme en musique lorsque l'intensité orchestrale est plus manifeste à un moment donné, puis s'apaise... Tous les sens doivent y participer ! Nous devons voir et entendre les évènements s'affirmer peu à peu, puis nous devons percevoir les choses comme si celles-ci retrouvaient un état de paix antérieure, pour retrouver la sérénité d'un contexte qui fut perturbé. On trouve fréquemment ce type de construction poétique, évocatrice. Si l'on place le poème dans une position horizontale, il est vrai que celui-ci pourra évoquer tantôt une ville, tantôt une montagne, en gros une courbe plus ou moins régulière.
Concernant le sens et le contenu de ses poèmes, Victor Hugo demeure pour moi un très très grand poète, l'oeuvre qui m'a le plus marqué :"Les contemplations", une merveille aux vers oniriques, mélancoliques et profonds... Proche du lyrisme, j'adore !
Oui bien sûr, ce sublime poème est construit de la sorte pour une raison précise, et celle-ci est d'ailleurs assez simple à expliquer !
Victor a voulu donner l'illusion d'une intensité croissante, qui trouve son point culminant vers le milieu du poème puis qui décroît lentement pour évoquer une forme d'apaisement. Un peu comme en musique lorsque l'intensité orchestrale est plus manifeste à un moment donné, puis s'apaise... Tous les sens doivent y participer ! Nous devons voir et entendre les évènements s'affirmer peu à peu, puis nous devons percevoir les choses comme si celles-ci retrouvaient un état de paix antérieure, pour retrouver la sérénité d'un contexte qui fut perturbé. On trouve fréquemment ce type de construction poétique, évocatrice. Si l'on place le poème dans une position horizontale, il est vrai que celui-ci pourra évoquer tantôt une ville, tantôt une montagne, en gros une courbe plus ou moins régulière.
Concernant le sens et le contenu de ses poèmes, Victor Hugo demeure pour moi un très très grand poète, l'oeuvre qui m'a le plus marqué :"Les contemplations", une merveille aux vers oniriques, mélancoliques et profonds... Proche du lyrisme, j'adore !
Invité- Invité
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