Philippe Besson - Un homme accidentel
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Philippe Besson - Un homme accidentel
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Un homme accidentel
Philippe Besson
Editions 10/18
Un homme accidentel
Philippe Besson
Editions 10/18
Je me tairai pour commencer. Je préfère laisser la parole à Albert Camus qui disait de son roman L’Etranger : « On ne se tromperait pas beaucoup en lisant l'histoire d'un homme qui, sans aucune attitude héroïque, accepte de mourir pour la vérité. Meursault pour moi est un homme pauvre et nu, amoureux du soleil qui ne laisse pas d'ombres. Loin qu'il soit privé de toute sensibilité, une passion profonde, parce que tenace l'anime, la passion de l'absolu et de la vérité. »
En lisant Un Homme Accidentel, j’ai senti planer l’ombre de Camus pendant au moins la bonne moitié du livre. Et le narrateur, personnage dont on ignore le nom, on serait tenté de l’appeler Meursault. Le style de Besson semble s’appuyer sur la même pulsation, il reste au niveau de l’existence pure, presque sans vie intérieure ni jugement ; si l’on prenait un oscillographe pour le mesurer comme une courbe, le signal serait presque nul. Ici, bien que la mort soit très présente, c’est l’amour qui va frapper de plein fouet ; amour et mort allant de toute façon toujours ensemble, main dans la main, comme deux amants qui en se découvrant l’un l’autre se redécouvrent eux-mêmes, renaissent, s’enlacent, puis s’aiment jusqu’à la déchirure avec la mort en bout de cycle.
Ce personnage-narrateur, qui est-il ? Pour le Meursault de Camus, son seul visage est son nom. Pour celui de Besson, sa profession. Un flic banal, sans envergure, qui jamais ne ressent le besoin de se démarquer. Il est marié à Laura. Elle l’aime. Elle attend un enfant. Ils forment un couple heureux, sans histoires. Le décor est planté. C’est, vous le devinez, le calme avant la tempête. Et la tempête s’appelle Jack Bell.
Jack Bell, c’est un acteur paillettes d’Hollywood, un peu sur le déclin. Notre flic le croisera au cours d’une enquête, une affaire de meurtre dans laquelle il sera entendu comme relation de la victime. Dès la première confrontation entre les deux hommes, c’est le coup de foudre. Mais un coup de foudre – pardonnez la préciosité de l’adjectif – camusien, un coup de foudre sur pulsation de mort. Peut-être les circonstances nous donnent cette sensation : le meurtre, l’enquête, le flic, l’acteur désenchanté. En tout cas, ils vont s’aimer. D’un amour à la fois tendre et violent, noble et vulgaire. D’un amour qui passe par toutes les phases, sentiments délicats, désir irrépressible, pulsion, un amour en bloc ; le beau résulte toujours d’un accident, d’une femme ou d’un homme accidentel, et lorsque l’habitude est prise, l’accident cesse d’être un accident. Il devient non événement et perd sa vertu de choc. Pourtant nos deux hommes vivront leur amour sans cesse sur la corde raide, à l’affût des dangers en bas qui les menacent comme des requins prêts à les faire chuter au moindre faux mouvement.
Vous l’aurez compris, nous sommes sur le ressort du drame. Je vous laisse le découvrir. Vous dire que Philippe Besson nous raconte que l’amour absolu est une religion sans espoir ne serait rien vous dévoiler puisque nous devinons ce qui va se passer dès les premières lignes. L’histoire, ici, est ailleurs. Chacun y verra la sienne en marge.
Autre précision, ayant choisi la ville de San Francisco pour décor, Philippe Besson s'amuse à faire de nombreux contrepoints avec le film Vertigo d'Hitchcock dans son livre.
En lisant Un Homme Accidentel, j’ai senti planer l’ombre de Camus pendant au moins la bonne moitié du livre. Et le narrateur, personnage dont on ignore le nom, on serait tenté de l’appeler Meursault. Le style de Besson semble s’appuyer sur la même pulsation, il reste au niveau de l’existence pure, presque sans vie intérieure ni jugement ; si l’on prenait un oscillographe pour le mesurer comme une courbe, le signal serait presque nul. Ici, bien que la mort soit très présente, c’est l’amour qui va frapper de plein fouet ; amour et mort allant de toute façon toujours ensemble, main dans la main, comme deux amants qui en se découvrant l’un l’autre se redécouvrent eux-mêmes, renaissent, s’enlacent, puis s’aiment jusqu’à la déchirure avec la mort en bout de cycle.
Ce personnage-narrateur, qui est-il ? Pour le Meursault de Camus, son seul visage est son nom. Pour celui de Besson, sa profession. Un flic banal, sans envergure, qui jamais ne ressent le besoin de se démarquer. Il est marié à Laura. Elle l’aime. Elle attend un enfant. Ils forment un couple heureux, sans histoires. Le décor est planté. C’est, vous le devinez, le calme avant la tempête. Et la tempête s’appelle Jack Bell.
Jack Bell, c’est un acteur paillettes d’Hollywood, un peu sur le déclin. Notre flic le croisera au cours d’une enquête, une affaire de meurtre dans laquelle il sera entendu comme relation de la victime. Dès la première confrontation entre les deux hommes, c’est le coup de foudre. Mais un coup de foudre – pardonnez la préciosité de l’adjectif – camusien, un coup de foudre sur pulsation de mort. Peut-être les circonstances nous donnent cette sensation : le meurtre, l’enquête, le flic, l’acteur désenchanté. En tout cas, ils vont s’aimer. D’un amour à la fois tendre et violent, noble et vulgaire. D’un amour qui passe par toutes les phases, sentiments délicats, désir irrépressible, pulsion, un amour en bloc ; le beau résulte toujours d’un accident, d’une femme ou d’un homme accidentel, et lorsque l’habitude est prise, l’accident cesse d’être un accident. Il devient non événement et perd sa vertu de choc. Pourtant nos deux hommes vivront leur amour sans cesse sur la corde raide, à l’affût des dangers en bas qui les menacent comme des requins prêts à les faire chuter au moindre faux mouvement.
Vous l’aurez compris, nous sommes sur le ressort du drame. Je vous laisse le découvrir. Vous dire que Philippe Besson nous raconte que l’amour absolu est une religion sans espoir ne serait rien vous dévoiler puisque nous devinons ce qui va se passer dès les premières lignes. L’histoire, ici, est ailleurs. Chacun y verra la sienne en marge.
Autre précision, ayant choisi la ville de San Francisco pour décor, Philippe Besson s'amuse à faire de nombreux contrepoints avec le film Vertigo d'Hitchcock dans son livre.
Guthrie- .
- Messages : 2547
Date d'inscription : 30/09/2012
Re: Philippe Besson - Un homme accidentel
En tous cas bravo pour cette présentation l'ami Guth ! Quelle belle plume !
Invité- Invité
Re: Philippe Besson - Un homme accidentel
Le vrai style, c'est le tien.
Car, contrairement à moi, tu as trop conscience que la voix véritable est une caresse secrète, qui ne cherche aucun éloge, ne tente jamais de forcer l'admiration, dans le plus respectueux souci des lecteurs.
Avec toi, on est branché au coeur en direct.
Le cerveau ne vient pas polluer le message.
Je t'embrasse très fort, ami Olive.
Car, contrairement à moi, tu as trop conscience que la voix véritable est une caresse secrète, qui ne cherche aucun éloge, ne tente jamais de forcer l'admiration, dans le plus respectueux souci des lecteurs.
Avec toi, on est branché au coeur en direct.
Le cerveau ne vient pas polluer le message.
Je t'embrasse très fort, ami Olive.
Guthrie- .
- Messages : 2547
Date d'inscription : 30/09/2012
Re: Philippe Besson - Un homme accidentel
Eh bien, quand on ne sait plus que dire, c'est qu'il faut s'en jeter un p'tit !
Qu'est-ce tu prends ?
Mauresque ?
Demi ?
Vin rouge, blanc, pétillant ?
Kir ?
Qu'est-ce tu prends ?
Mauresque ?
Demi ?
Vin rouge, blanc, pétillant ?
Kir ?
Guthrie- .
- Messages : 2547
Date d'inscription : 30/09/2012
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