Cocteau Twins

Imaginez une bergère du haut Atlas marocain, fredonnant un air, se le mettant en bouche, puis le déclamant de toute sa voix aux montagnes, accompagnée de deux épouvantails coiffés en pétard.

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Imaginez une demoiselle de Yamagata, en kimono long opale à motifs floraux, sur le perron en bois d'une case à thé encore chauffée par le soleil couchant, qui entonne un vieil air traditionnel genre Sakura, toujours accompagnée de ses deux épouvantails en mode zombie.

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Imaginez une vahiné à queue de sirène, chantant dans un coquillage conique en porcelaine, avec en fond le bruit du ressac, et toujours cette musique coldwave jouée par les épouvantails comme deux peluches sans vertèbres, musique sans rapport avec la choucroute mais offrant néanmoins la succulence de l'ambroisie.  

Et vous aurez l'esprit des Cocteau Twins.

Né en 1979, mort en 1997, le trio écossais a laissé derrière son passage une traînée de poudre d'étoiles.

Fleuron avec Dead can Dance du label 4AD, le groupe explore au début le dédale d'une coldwave paranoïaque. Liz Fraser, traitant les mots comme matière sonore, chante souvent malgré elle une langue inconnue. Puis, au fil de l'eau, c'est le jardin d'Éden. La voix de Liz se fait angélique. La basse de Simon moins schizophrène. Et les guitares de Robin, prises dans une foule d'effets antédiluviens pluggés en série, s'appliquent à reproduire les quatre éléments de l'univers.