Comment l'incitation pécuniaire nous fait oublier notre morale

Un article que j'ai reçu hier soir, et que j'ai trouvé intéressant - il est toutefois en Anglais (et je n'ai pas le temps de vous faire la trad) :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

L'idée est la suivante : toute "incitation" pécuniaire a de forte chance de vous faire oublier votre raisonnement moral.

Quelle découverte !

Claude : as-tu lu l'article ? L'exemple de la crèche est assez frappant. Le premier exemple sur le stockage des déchets nucléaires en Suisse aussi.

J'ai lu l'article un peu en diagonale, mais je pense en avoir saisi l'essnetiel.

Ce n'est vraiment pas une découverte de voir que nous avons tous une morale à géométrie variable.

Dans l'exemple suisse il ne s'agit même pas d'ailleurs de valeurs morales puisque, parmi les raisons qui poussaient certains à refuser l'installation de cette zone, il y avait le fait qu'elle dévaluerait leur bien immobilier. S'il recevaient une compensation financière, ils ne s'opposaient plus à cette installation, cela me semble logique et tout à fait étranger à la morale.

Sur le fond, c'est pour moi une évidence que nous avons tous des motivations très nobles et d'autres qui le sont un peu moins et que se voir proposer une certaine somme d'argent contre un changement d'attitude peut amener, effectivement, à prendre une position différente de celle qu'on avait à l'origine.

En ce qui concerne le second exemple cela me fait un peu penser à la taxe carbone ou à la loi sur le pourcentage obligatoire de logements sociaux dans une commune.
On instaure une taxe que doivent payer ceux qui ne respectent pas la loi ou le règlement.
Du coup certains préfèrent payer la taxe plutôt que d'appliquer la règle commune et le fait de payer la taxe légitime à leurs yeux le fait qu'ils n'appliquent pas cette règle.

Donc, dans le cas cité par l'article, des parents venant chercher leurs enfants en retard.
A partir du moment où ces parents payent parce qu'ils sont en retard ils en viennent tout naturellement à penser que ce qu'ils payent, c'est simplement un service supplémentaire et ils peuvent donc le faire en toute tranquillité d'esprit puisqu'ils payent ce service.

Voila pourquoi je dis que ce 'est pas une découverte.

Claude St Malo a écrit:J'ai lu l'article un peu en diagonale, mais je pense en avoir saisi l'essnetiel.

Dans l'exemple suisse il ne s'agit même pas d'ailleurs de valeurs morales puisque, parmi les raisons qui poussaient certains à refuser l'installation de cette zone, il y avait le fait qu'elle dévaluerait leur bien immobilier. S'il recevaient une compensation financière, ils ne s'opposaient plus à cette installation, cela me semble logique et tout à fait étranger à la morale.

C'est justement l'inverse !!
Premier test : ne rien proposer en échange -> plus d'adhésion (dans les 50% de tête).
Second test : dédommager les propriétaire -> deux fois moins d'adhésion.

Pour la crèche :
Premier cas : X% de parents en retard pour récupérer les gamins, ce qui pose des soucis (ils ne vont pas laisser les gamins devant et fermer ...)
Second cas : Instauration d'une sorte d'amende (plus chère que le tarif normal) pour les retards -> plus de parents en retard qu'avant car ils prenaient cette amende pour ... un tarif de garde leur permettant d'arriver en retard !

Mathieu, tu as raison, j'avais vraiment lu trop en diagonale.

Autant pour moi 

Sur l'exemple de la crèche nous avons la même analyse.

Oui en gros c'est l'éternelle question du caractère corruptible de l'être humain. 
C'est très compliqué, car cela est lié à un tas de facteurs divers et variés : milieu social, éducation, environnement familial, évolution... Je ne pense pas que l'on puisse généraliser, ce sont pour moi des considérations individuelles, qui ne peuvent être appliquées à l'ensemble de l'humanité. 

La gamme des approches individuelles est très large dans ce domaine, les repères moraux et humains aussi... Quant à des expressions du style :" Au-delà d'une certaine somme tout le monde oublie ses valeurs morales", je n'y crois pas ! Ce serait un peu long à exposer ici, mais pour moi cela revient à réduire l'être humain à une boule organique focalisée sur l'appât du gain, ce à quoi je ne crois pas. Et là je ne me base pas sur l'ensemble de l'humanité, mais plutôt sur ses exceptions ! Lesquelles exceptions ne confirment pas la règle !

Je ne crois pas qu'il s'agisse de corruption.

Dans l'exemple de la crèche, comme dans ceux que je donnais, taxe carbone et loi sur le pourcentage de logements sociaux dans une commune, on instaure une taxe destinée à inciter les gens à respecter la règle.

En réalité on leur laisse le choix : soit ils respectent la règle, soit ils payent.
On légitime ainsi le non respect de la règle initiale puisqu'on a institué une seconde règle qui permet de contourner la première en toute légalité.

Tout compte et conte faits, cela me fait penser à l'expérience bien pesée de mille grammes.

Comme quoi on ne vaut pas lourd... .

Claude St Malo a écrit:Je ne crois pas qu'il s'agisse de corruption.

Dans l'exemple de la crèche, comme dans ceux que je donnais, taxe carbone et loi sur le pourcentage de logements sociaux dans une commune, on instaure une taxe destinée à inciter les gens à respecter la règle.

En réalité on leur laisse le choix : soit ils respectent la règle, soit ils payent.
On légitime ainsi le non respect de la règle initiale puisqu'on a institué une seconde règle qui permet de contourner la première en toute légalité.

Oui je comprends, c'est sans doute l'intitulé du topic qui m'a influencé !
Non moi je partais dans une autre forme de raisonnement, je faisais allusion aux avantages perçus contre des situations illégales et immorales. Mais je te suis parfaitement Claude, pas de problème.