Taxe à gogo ?

Soit près de 8000 euros, quoi. Ah ouais... quand même ! Tu vois, Mathieu, c'est ça qui me dépasse, nos chers représentants, nos chers députés se fendent chaque semaine 10 à 15 fois d'un joli couplet sur la dette, la mine basse, la voix grave, la main sur le cœur, et d'un autre côté t'as près de 500 niches fiscales en France. Et en plus eux, les députés, ils touchent quelque chose comme 20000 euros par mois et refusent toute transparence sur leurs frais de bouche ou de déplacement ; et là on ne parle même pas du cumul des mandats. Vous avez pas vu là, après les toubibs, c'est maintenant l'association des entreprises privés (AFEP) qui monte au créneau en appelant à une baisse de l'impôt sur les sociétés (IS) alors que l'on sait très bien que, par le biais des structures offshore, les grosses entreprises payent moins d'IS que le plombier-artisan de notre quartier. Là aussi faut pas manquer de souffle ! Quel culot ! Vous pensez pas que si l'IS doit baisser, il y a des catégories d'entrepreneurs largement plus prioritaires que les membres de cette chère AFEP ? Et en même temps, les hauts membres de cette asso n'ont pas daigné lâcher un mot sur la relocalisation des emplois, alors que les entreprises du CAC40 sont les plus gros délocalisateurs... Non, sérieux ! Purée, Lord, repasse-moi le plat de tagliatelles au beurre, j'suis dégoûté là...

Ok, Mathieu, excuse pour ne pas être allé vérifier le montant exact concernant les députés. C'est pourquoi j'ai employé la formule quelque chose comme 20000 euros parce que je parlais de mémoire. Pour le reste, sur les niches, je suis d'accord avec toi, évidemment qu'il y en a de justes ! Sur les 500, ce serait un comble de ne pas en trouver ! Je faisais juste le lien entre la grogne récente des toubibs et l'attitude digne, loyale, sans le rouge de la honte aux joues, de ces représentants de l'AFEP. Quant à l'ouverture d'un autre topic, je sais pas, c'est comme vous voulez. Pourquoi ? On n'est pas dans le sujet, tu penses ?

Ben que je sache, Mathieu, c'est toujours eux que j'entends me chanter l'air de la dette. Comme c'est toujours mon boulanger, quand il augmente ses prix et fait passer la baguette à 90 centimes d'euro, qui me chante l'air de l'augmentation des matières premières. Ce que je veux dire - et peut-être ai-je à l'instant un pied dans le populisme de bas étage, je ne sais pas - c'est que c'est toujours ceux qui encaissent qui te chantent des chansons tristes.

Bon allez, soyons honnête. Je t'accorde volontiers que mon glissement député/boulanger était tiré par les cheveux. Comme chute vertigineuse, on ne peut pas faire plus grossier. D'autant qu'un député, en théorie et en pratique, a la charge de représenter l'Etat, les électeurs de son fief, bref en un mot les citoyens, alors que le boulanger ne représente que lui-même. Du coup je ne vais même pas te parler du patrimoine de mon boulanger, ou le peu que j'en sais (maison-piscine-4 voitures) car si je ne suis pas satisfait, et tu as raison, je n'ai qu'à aller ailleurs. Non, c'est vrai. Pourquoi irais-je me jeter dans la gueule d'un loup qui fait la baguette à 90, alors que 20 mètres plus loin, j'en ai un autre - avec le même nombre d'employés sous son aile - qui me la fait à 70 ? Et en plus, cela me fera marcher. Sur le cas Tapie, comment ne pas te rejoindre ? C'est à se frapper la tête contre le bouclier fiscal. En voilà un qui a certainement le plus truhandé l'argent public et qui reçoit, au bout du compte, une coquette somme de l'Etat en - comme tu dis - dédommagement moral, en gros pour marquer d'une pierre blanche et d'un gros chèque son exemplarité exemplaire envers son pays... Et je ne serais pas surpris qu'une rue ou un square porte un jour son nom ! Je sais, je le connais l'animal. Le bougre à Marseille a laissé son empreinte. Il avait tenté de viser la mairie à travers l'OM. Tu sais, chez nous, les gens ne sont guère compliqués. Une anisette, une tape dans le dos, un projet de rénovation pour le stade vélodrome, et tu te les mets dans la poche. Gaudin, dans un autre style, applique la même méthode : conserver la mairie par le stade vélodrome.

En revanche, concernant la comparaison implicite que tu fais entre moi et la France, question finances, la différence c'est que moi mon banquier ne m'a jusque-là jamais accordé de prêt à un taux d'intérêts négatif. Il ne m'a jamais payé pour que j'aille emprunter chez lui. C'est un autre aspect des nombreux populismes dont nous sommes fautifs. Ne jamais comparer notre foyer à un Etat : ça ne marche pas mais pas du tout pareil.

Ouais, Mathieu, pour le boulanger, c'est exactement ça. Il marge sur la pâtisserie. Une pâtisserie d'ailleurs qu'il ne fait pas lui-même, puisque la plupart des boulangeries-pâtisseries travaillent avec les industriels pour tout ce qui est gâteaux de soirée et compagnie (hormis la viennoiserie, of course !)

Pour le reste... évidemment, avec notre monnaie commune, au contraire des Etats-Unis, faire fonctionner la planche à billets ou pratiquer des dévaluations à la pelle pour effacer une partie de la dette publique, tout ça pour nous c'est terminé. La dette est là, oui, et il s'agit de la gérer au mieux. Et ce serait bafouer la liberté d'expression si je ne me servais que d'amalgames pour te répondre. Les patrons responsables, soucieux de vouloir faire prospérer leur entreprise en investissant, en innovant, en encourageant la créativité et la motivation du personnel (et aussi en ramassant du bénef au passage, hein, n'angélisons pas les petits patrons), je me dis effectivement qu'ils existent bel et bien dans les PME/PMI. Passé la catégorie supérieure, et notamment les entreprises du CAC40, j'ai la faiblesse de croire que le mode opératoire n’est plus le même. En cause, le conseil d'administration en large part composé par les actionnaires de haut vol. Avec leur boulimique envie de voir l'argent lâché sur le tapis revenir plus vite, plus gros, plus fort que s'ils l'avaient placé sur un compte épargne quelconque. Certains me diront que c'est normal parce qu'ils prennent des risques. Oui, oui, bien sûr. Ils prennent tous les risques sauf celui d'investir dans la recherche, par exemple, qui offre un retour sur investissement trop long. Ils prennent tous les risques, même celui de dégraisser la masse salariale, de délocaliser certaines activités dans des pays où cette masse est moins chère, pays de préférence où il n'y a aucune législation du travail et où les enfants travaillent comme des esclaves. Ils prennent tous les risques, sauf celui de s'embarrasser avec un problème de conscience.

C'est pourquoi je réagissais au cri d'alarme de l'AFEP, qui est du pur foutage de gueule. Car enfin ce sont ces groupes qui ont étranglé leurs sous-traitants français avant de les sacrifier au plus offrant. Ce sont eux qui, depuis trente ans, ont mené des fusions incessantes visant à constituer des monopoles tout en réalisant des "synergies" - mot technique sonnant à la fois compliqué, mystique et aérodynamique, mais qui veut tout bonnement dire virer 50% des effectifs. Et ce sont eux qui échafaudent des montages financiers complexes, aux Iles Caïmans et ailleurs, pour échapper à l'impôt. Comment donc, ils crachent hilares sur la solidarité nationale et ils ont le culot de l'ouvrir sur l'IS ??? Et ce sont les gens de ces grands groupes qui deviennent ministres. On revient à la politique...

T'as tout dit, Mathieu. Et je pense qu'il faut voir là-dedans encore un privilège accordé à une catégorie par un représentant de l'Etat à des fins électoralistes : donc pas dans le but du plus grand nombre. C'est son rapport LUI avec cette frange (droitière) de l'électorat qui a engendré cette mesure. D'autant que les restaurateurs devaient s'engager à baisser leurs prix de près de 10% (je crois) et à embaucher à la pelle - tu me diras, avant ça le secteur était open-bar, si j'ose dire, mais personne ne veut aller bosser dans la restau. Ben paraît que le compte n'y est pas du tout. Et de combien est le manque à gagner pour le Trésor, à cause de cette mesure ? 3 milliards par an, non ?