Petites pensées du soir

Un poète cherche une fleur, une fleur au parfum unique. Il cherche son odeur, il cherche un chemin, une route, une clairière... Il ne cherche rien. Ou plutôt si, il cherche trop. Une âme qui se perd dans chaque beauté du monde, qui est partie en quête d'une ultime envolée. Un jour dans les remous du temps, j'ai rencontré l'amour, seul argument d'une vie passionnée, il s'est glissé en moi comme une révélation se glisse dans l'essence d'un coeur meurtri. Depuis je n'ai plus de mot, ou plutôt j'en ai trop. Des mots, voilà bien ce qu'il me faut, de simples mots dont le son résonne ainsi qu'un écho magnifique et troublant. Des mots pour semer la grâce au sein de la postérité. Des mots pour recréer un monde sans matière, un monde où vont se perdre quelques vers, juste pour elle...

Je me permet de te féliciter pour cette jolie prose. C'est émouvant je trouve... Chaque phrase sonne à moi comme le reflet d'un sentiment fort et sincère.

Merci Toms, parfois je me laisse aller à des pensées de ce genre, une promenade poétique qui se présente à moi...

J'ai toujours préféré le vers à la prose, mais par moment j'avoue que c'est très agréable.

Moi, j'aime bien la poésie en prose, genre Saint-John Perse.

J'aime beaucoup la prose parce que ça laisse une assez grand liberté au niveau de la structure... Mais c'est vrai que la poésie en vers a un côté... musical de part son rythme.

Hélas je ne suis pas inspiré aujourd'hui mais j'apprécie de te lire.

Oui, c'est un genre qui possède aussi son charme. Je ne connais pas Saint-John Perse, il faudra que je m'y mette !

Je préciserai que Saint-John Perse est un écrivain français et non anglo-saxon , qui de son vrai nom s'appelait Alexis Léger, et qui fut longtemps Secrétaire Général du Quai d'Orsay. C'est un auteur qui se lit aisément et qui n'encombre pas l'esprit avec des divagations oiseuses. C'est sans doute ainsi que notre ami Nelson l'aime. (il est vrai que Nelson aime aussi Emil Cioran, le rude et sombre penseur par aphorismes infernaux que moi aussi, j'aime lire).

Tant qu'il y aura des poètes, le monde ne sera pas totalement foutu...

Jolie phrase Amédée, peut être parce que les poètes ne voient qu'avec leur âme ?

Lorsque les yeux se ferment, lentement... Apparait ce monde vague et délicat des souvenirs si tristes. Des souvenirs si doux, aux frontières du monde que nous avons connu. Ces frontières que l'on sent légères comme des élytres, vaporeuses et diaphanes, dans les allées émues de nos mémoires. A cet instant je revois les formes évanescentes qui apparaissaient dans les pénombres d'un crépuscule paisible. Seul, je dégustais les fruits d'une solitude enveloppante, presque maternelle. Et lorsque les yeux se ferment, les revoir semble être un moment de grâce, comme une offrande aux dieux qui nous habitent. Ces dieux de l'être que l'on nomme passion ou joie, regret ou liesse...

Petit reproche cependant, concernant les poètes en général - et non à certains en particulier alors ne te sens pas visé, cher Olive - ils sont assez axés sur eux-mêmes, contemplatifs de leur propre nombril et guère tournés vers les autres, rarement altruistes.

Oui ne t'inquiètes pas Amédée je ne me sens pas visé , et d'ailleurs tu as raison, mais les poètes sont des personnes comme les autres dans le sens où ils peuvent se montrer très suffisants parfois. Mais je ne pourrais te dire si c'est quelque chose de commun ou non, ni dans quelles proportions.

En fait, tu ne sais rien, Olive.
Comme moi.

Nous sommes des bienheureux.

Je ne sais si je ne sais rien, ni si je suis bienheureux !

L'être et le néant, l'insoutenable légèreté de l'être. Autant de subtiles métaphores qui s'immiscent en nos nuits pensives. Que n'ai-je vu qui ne ressemble au néant ? Que n'ai-je vu qui ne ressemble à l'être, l'aérien ? Mes pas faisaient craquer les branchages sur le chemin forestier, tout semblait immobiles, et tout semblait m'observer. L'être n'était pas le néant, et sa légèreté était palpable, invisible et insoumise aux lois d'un monde par trop ignorant. C'est ainsi que les formes s'élèvent dans la nature, élégantes et discrètes, insaisissables. Aux longues nappes de brumes qui viendront bientôt s'étendre sur les bocages obscurs, je pense et j'observe leur mouvement qui s'enfonce dans la nuit. Mais à l'aurore, les derniers vestiges d'une légère rêverie viendront me confier un secret, le secret des fées, quelque chose d'inavouable et d'absurde, précisément pour se protéger de l'impudence des hommes. L'être et le néant, mais le néant sans l'être, est un monde sans moment. L'insoutenable légèreté de l'être, sans masse et sans forme, mais prompt à soulever les plus hautes pensées, mais aussi et surtout, les plus nobles. La lune m'est témoin, rien de ce que je vis n'est parti, et tout est encore enfoui dans ma mémoire, ma mémoire qui s'en va chercher d'autres volutes, d'autres visions...

Quel pouet !
Le père Hugo peut aller se rhabiller !

Qu'est-ca dire "Grincheux" ?

Ben, c'est un compliment !
T'es jamais content !

Bon, un moment j'ai cru que tu osais te payer ma poire.

Merci Nelson ! Merci...

Je suis confus Nelson, me pardonneras-tu ?

Je ne sais pas encore.
Si tu es sage avec tes petits camarades...

Oui, promis !

Je plaisante, Olive.
Mais tu ne le sais pas toujours.

Et pourtant, on t'aime, tu sais !

Ce soir j'ai décidé, d'être un mouton noir. J'ai décidé de bouder la grande messe de père télévisor. Je ne ferme pas mes volets et je regarde par la fenêtre, et au dela du brouaha de la ville je sens le vent et vois la lune qui me rappelle que le vrai monde existe.