Charles Baudelaire
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Charles Baudelaire
Lorsque Charles Baudelaire (1821-1867) fut réabilité en 1949, on ne reconnut pas seulement son droit à exprimer sa poésie, on lui reconnut le génie qui le rendit si populaire. Poète maudit, voilà bien l'adjectif qui lui convenait. Charles était, comme tous ces génies poétiques, un grand tourmenté (le contexte familial dans lequel il grandit fut quelque peu chaotique). Mais lorsque l'on regarde son oeuvre de plus près, au delà de la beauté obscure et mystérieuse de ses vers, on se rend compte à quel point ce n'était pas lui qui était maudit, mais son époque ! Ou plutôt, son époque le considérait comme maudit, faute de l'avoir compris. Admiré de Verlaine, qu'il refusa d'approcher, il affectionnait une sorte de solitude, dans laquelle il devait sans doute trouver une sorte d'isolement, pour fuir le monde ? Un monde qui ne lui tendit jamais la main, ou est-ce lui qui la refusa, car trop souffrant de ces incessantes incompréhensions. Ainsi, Baudelaire (comme tant de génie du XIX ème siècle), trouva sa gloire au cours du vingtième siècle, dès l'instant où l'on se rendit compte que sa poésie, une fois sortie du contexte et du carcan de cette moitié du XIX ème, devenait lumineuse, s'extrayait de cette pesanteur morbide que lui attribuaient ses juges d'alors. Désormais Baudelaire est un grand, très grand poète du panthéon des versificateurs, et ses "fleurs de mal" ont trouvé leur juste place dans le monde littéraire, à savoir celle qui leur a toujours été dûe. Il suivit les traces de Gérard de Nerval ou de Gustave Flaubert, qui furent tout comme lui incompris et malmenés par une époque par trop puritaine et hypocrite. Mais il sut faire transparaitre une poésie pure, un cri, peut être un déchirement de l'âme, mais de la vraie poésie...
A lire également, ses oeuvres en prose, notamment le "Spleen de Paris".
A lire également, ses oeuvres en prose, notamment le "Spleen de Paris".
Invité- Invité
Re: Charles Baudelaire
Je pleure là-dessus même quand je n'ai pas trop bu, alors ce soir, forcément...
La Mort des amants
Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères,
Des divans profonds comme des tombeaux,
Et d'étranges fleurs sur des étagères,
Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux.
Usant à l'envi leurs chaleurs dernières,
Nos deux coeurs seront deux vastes flambeaux,
Qui réfléchiront leurs doubles lumières
Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.
Un soir fait de rose et de bleu mystique,
Nous échangerons un éclair unique,
Comme un long sanglot, tout chargé d'adieux;
Et plus tard un Ange, entr'ouvrant les portes,
Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
Les miroirs ternis et les flammes mortes.
La Mort des amants
Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères,
Des divans profonds comme des tombeaux,
Et d'étranges fleurs sur des étagères,
Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux.
Usant à l'envi leurs chaleurs dernières,
Nos deux coeurs seront deux vastes flambeaux,
Qui réfléchiront leurs doubles lumières
Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.
Un soir fait de rose et de bleu mystique,
Nous échangerons un éclair unique,
Comme un long sanglot, tout chargé d'adieux;
Et plus tard un Ange, entr'ouvrant les portes,
Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
Les miroirs ternis et les flammes mortes.
Re: Charles Baudelaire
Et puis et puis... le surréalisme ! L'éclair, puis la nuit, que ces vers sont magnifiques et romantiques...
A une passante
La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;
Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?
Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !
A une passante
La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;
Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?
Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !
Re: Charles Baudelaire
J'aime beaucoup LA MORT DES AMANTS aussi. C'est le côté de Baudelaire qui me plait le plus, ces poèmes où ils mêlent l'aspect lumineux et l'aspect sombre des choses, dans une union si délicate...
Invité- Invité
Re: Charles Baudelaire
Oui, la boue qu'il transforme en or... j'aime qu'il réussisse à poétiser des choses qu'on n'aurait pas songé à mettre en vers avant lui. Comme Une charogne, par exemple, ou la Mendiante rousse et ses vêtements usés...
La beauté toujours surprenante, là où on ne l'attend pas.
La beauté toujours surprenante, là où on ne l'attend pas.
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