La généalogie

Il y a un véritable engouement pour la généalogie personnelle: publications, forums, sites, clubs, etc.

Cela a l'air de l'extérieur très technique de monter un arbre généalogique, passionnant et très prenant ne serait-ce que pour le temps consacré aux recherches.

Certains ici pratiquent-ils?

Plus généralement, qu'est-ce qui peut pousser les généalogistes amateurs à entreprendre une telle recherche? Mulitfactoriel, j'imagine. Que cela nous révèle-t-il sur notre société selon vous tant le phénomène a pris de l'ampleur? Puis je ne serais pas contre qq mises au point sur le cheminement de la nomination des individus au cours de l'histoire.

Je me suis lancé dans la généalogie de ma famille suite aux délires de ma tante. Celle-ci prétendait que notre ancêtre était un médecin de Charles-Quint et que, par conséquent, nous étions d'extraction noble bien sûr. Je trouvais cela ridicule car je savais par ailleurs que mes arrières-grands-parents étaient des paysans bretons : je ne voyais pas comment le fameux chirurgien du plus grand monarque de l'époque avait pu se retrouver dans une campagne bretonne pour donner une descendance de paysans illettrés !

Etant déjà chercheur en histoire, je n'ai eu beaucoup de mal d'autant plus que la Bretagne n'a pas été traversée de guerres d'invasions et que les registres paroissiaux sont globalement intacts (C'est très différent dans l'Est de la France).

Ce qui est attendrissant, c'est de retrouver au fil des ans, des gens qui vous ressemblent, qui portent le même nom, voire le même prénom. Dans ma famille, les garçons se nomment Jean, Pierre et Gilles par ordre de naissance depuis le 15ème siècle au moins. Et mon père s'appelle Jean et moi Jean-Dominique. Donc, quand je retrouve un Jean de ma famille, c'est moi, avec un autre costume, un autre accent. L'histoire devient alors familière. J'ai ainsi découvert une gentille famille de paysans, mêlées aux autres familles de paysans, qui étaient les parrains, les marraines, les témoins de mariages des uns et des autres, et qui signaient d'une croix au bas des actes.

Lors d'une réunion de famille, j'ai présenté à tous, y compris à ma tante, les résultats de mes recherches. Elle ne m'a guère adressé la parole depuis ce jour ! Dire combien je m'en fous ne donnerait qu'une idée encore très vague de l'infini !

pour la tante.

Vrai que ça doit être très attendrissant ce jeu de miroir, de différences et de points communs avec les différents membres de la famille.

Un cousin du côté maternel a monté l'arbre généalogique pour sa fille, c'est impressionnant visuellement et émouvant aussi cet ancrage d'une personne dans l'histoire de la famille. Mais quel temps cela lui a pris.

Moi c 'est ce qui met sur mes gardes, j'ai l'impression que quand on met le doigt dedans, on peut être happé, surtout quand tu n'as pas la formation pour les recherches.

En plus, je viens d'une famille multiculturelle: mère franco-allemande, père du Maroc, Berbère chleuh, plus précisément. Jadis, pour le Maroc, la transmission reposait sur l'oral pour la filiation, et la filiation en plus passait par le prénom du père, donc bordel monstre car en plus je ne parle pas les langues idoines pour faire les recherches ni même le potentiel financier pour aller suffisamment longtemps là-bas. J'ai eu des bribes sur les ascendances, d'un côté comme de l'autre et c'est vrai que cela fut toujours remuant.

Une anecdote qui m'a vraiment touchée: lorque mon père est mort, le village chleuh d'origine nous a envoyé une lettre très sollennelle, avec rappel du lignage, pleine de compassion et de respect tapée à la machine avec chacun de nos prénoms pour mes frères, ma mère et moi. Alors qu'il n'y a pas une machine à taper à 20kms à la ronde, c'est la montagne, ils sont très pauvres, encore beaucoup d'illétrisme, etc. Bref, un vrai investissement que fut pour eux cette lettre. Et là j'ai senti l'épaisseur d'une branche de la famille qui est si lointaine dans les faits pour moi.

La généalogie est assez facile lorsqu'on est dans des zones fixées. On prend les registre et on remonte de 25 ans en 25 ans en moyenne (âge moyen du mariage sous l'ancien régime). A partir de l'acte de mariage, on a les dates de naissance.
Pour le Maroc, on se heurte à la tradition orale, ça devient très aléatoire.

''''Lors d'une réunion de famille, j'ai présenté à tous, y compris à ma tante, les résultats de mes recherches. Elle ne m'a guère adressé la parole depuis ce jour ! Dire combien je m'en fous ne donnerait qu'une idée encore très vague de l'infini !''''


Mais pourquoi ne pas l'avoir laisser croire son histoire et t'appliquer à ne le dire qu'à ceux que cela ne blessait pas?
Il nous arrive fréquemment de découvrir des faits erronés et il faut alors se demander si le jeu vaut la chandelle de tout dévoiler...
Parfois ,les familles ont grandies et vieillies avec des mythes et des histoires plus ou moins vraies,il faut être indulgent et surtout comprendre que le temps peut avoir troublé la mémoire des gens.
Dans mon cas,ma propre mère croit que nous sommes de la même famille qu'une grande athlète olympique et je sais que ce n'est pas le cas car j'ai discuté avec cette athlete au cour de mon travail..
Mais je n'en parle pas à ma mère pour ne pas lui enlever ce ''plaisir''
Surtout que la rumeur venait de bonne foi dans le temps et que notre famille a effectivement eu beaucoups de drôle de contact!

Pour le sujet, moi aussi je suis très attiré par la généalogie!
Et par les mythes familliaux aussi!

Cérès:
- pourquoi es-tu attiré par la généalogie ? Qu'y trouves-tu ? Ma question est mal formulée mais tu vois l'esprit.

- le mythe familial c'est ce dont tu parlais par exemple avec l'histoire de l'athlète que ta mère croyait de la famille ?

J'aimerais faire des recherches sur ma famille, je pense que je m'y attellerai lorsque j'aurai plus de temps.

Cérès, le cas de ma tante relève de la falsification et non du mythe familial. Parce que cette bourgeoise de Neuilly, fille de général, acceptait mal d'être issue d'une famille de paysans. Il lui fallait des quartiers de noblesse pour faire bonne figure avec ses voisines. Je n'y vois aucun inconvénient et je me suis bien gardé de rendre public mes travaux à Neuilly pour que tout le monde baigne encore dans les usurpations avunculaires.
En revanche, je n'acceptais pas que l'on pollue le reste de la famille avec des fables ridicules : voici donc un grand chirurgien riche, juif (ma tante acceptait même cette tare pourvu qu'elle l'annoblisse !), qui, du jour au lendemain, se retrouve au fin fond de la Bretagne, oublie l'espagnol et l'hébreux, ne sait plus écrire et donne naissance à une lignée de ploucs ! Le ridicule de la thèse est total !
Il me paraissait plus valorisant de présenter une vraie famille, avec ses ombres et ses secrets il est vrai, des naissances mystérieuses, des alliances parfois étranges, mais toujours intégrés dans le milieu social local. Moi j'ai été fier de constater que les familles du coin demandaient toujours à l'un des miens d'être témoin de mariage ou parrain ou marraine. Sur 3 paroisses, 3 familles sont les plus populaires : la famille du seigneur local qui apparait comme parrain régulièrement, et deux familles de paysans, la mienne et une autre, très cousinées toutes les deux. Ma famille n'était pas riche, pas possédante mais suffisamment appréciée : ça me parait bien plus valorisant que l'usurpation d'une lignée !

Cela dit la généalogie ouvre la voie aux mythes familiaux. A partir de 1806-1807, j'ai constaté l'apparition de la famille Surcouf (le corsaire) dans l'histoire de ma famille. Parrain, marraine, tel fils devenant jardinier chez les Surcouf, témoin de mariage. Curieusement ce lien s'est perpétué jusqu'à la mort de mon grand-père à l'enterrement duquel une délégation de la famille Surcouf était présente. Il se racontait des trucs, on ne savait pas quoi. La généalogie m'a permis de donner corps à ce mythe, sans en découvrir la véritable raison : une chose est certaine, il y a eu une histoire entre eux et nous et les Surcouf ont été les protecteurs lointains de ma famille pendant plus de 150 ans !

Pourquoi la généalogie m'attire?
Pour connaitre d'où je viens!
J'ai appris qu'une de mes arrières grands mère était Irlandaise et jaimerais en savoir plus!
Je sais qu'il y a du sang Français dans mes veines et je voudrais connaitre l'histoire de ceux qui sont venus en Amérique...

Trouver un noble ou une vedette m'indifère!
Mais trouver un lointain cousin ou cousine au gré de mes rencontres serait un pur bonheur!

Merci Cérès. Ah oui, j'ai complètement oublié le fait que tu peux rencontrer des gens de ta famille vivants, la bécasse. Je ne voyais que le pur côté ascendant.