Mariage du Corps et de l'Idée

J'ai composé quelques sonnets l'année dernière, après avoir lu, pour celui ci, W.Blake, le Mariage du ciel et de l'enfer, d'ou le titre... Celui ci fait office d'Art poétique si l'on veut.

Je l'ai retravaillé un peu, je ne le trouve toujours pas satisfaisant ( on sent à mon goût trop le travail rythmique pour que le vers fasse 12 syllabes et sonne comme un alexandrin). Mais je le poste tout de même, espérant qu'on peut tout de même lui trouver certaines qualités :


Mariage du corps et de l’Idée.

Lorsque les traits de la peinture nous apparaissent,
Nous éprouvons un agrément dû à Paresse,
Car nos yeux habitués à l’immédiateté,
Ne peuvent pas accéder sans ascèse à l’Idée.

Création du langage, idées, corps en mariage,
L’apparition soudaine du fond sous un alliage,
Qui nous fait apparaitre, sous sa lueur cosmique,
Le visage de l’Idée, sans son masque ironique.

Voilà la force de l’artiste de génie,
Nous représenter avec son Art l’infini,
Dès lors l’impression vire du plaisir au vertige.

La conscience porte un état d’émanation,
Ainsi le monde apparaît sans objection,
C'est une totalité, sans qu'elle se fige.

Tu as eu le mérite de composer LR, et c'est déjà très bien en soi. Il faut savoir qu'il est difficile de composer un sonnet, j'ai un ami qui excelle dans ce domaine, mais c'est un exercice qui exige non seulement de l'inspiration, mais de la technique structurelle. C'est bien, bravo pour ce poème LR ! En outre tu as du mérite car tu as voulu combiner le sonnet et l'alexandrin, ce qui est plutôt ardu ! Le sonnet peut comporter douze ou treize syllabes, c'est selon, en réalité il n'y a pas de contrainte. Certains sonnets comportent même moins de douze syllabes...

Si je puis me permettre, juste à propos d'une particularité du sonnet mais je pense que tu la connais, c'est le principe de la "rime embrassée". En fait il existe une certaine musicalité dans le sonnet, une harmonique qui, précisément, est dûe à ces rimes embrassées. Je pourrais te trouver maints exemples, c'est le fait d'enchasser des rimes entre deux autres; par exemple dans le sonnet cela donne : (la lettre désignant la fin de la rime à chaque vers de chaque strophe)

A
B
B
A

C
D
D
C

E ou F
E ou F
E ou F

G ou H
G ou H
G ou H

La rime est dite "embrassée" car elle s'intègre entre deux autres rimes... Enfin la poésie est libre, ce ne sont que des indications qui peuvent donner une certaine musicalité.

Oui effectivement, le sonnet peut être en octosyllabe, décasyllabe ou alexandrin dans la formule classique, avec Rimbaud il éclate et deviendrait presque impair ...

J'ai composé d'autres sonnets avec des rimes embrassées oui, j'ai essayé de varier les formes. Je les ai écrit il y'a un an quand j'étudiais la structure poétique de la modernité en cours de Lettres l'année dernière. Je trouve la deuxième strophe correcte et la fin un peu plate...

A remarquer que mon sonnet n'est pas régulier puisqu'il ne fait pas alternance de rime féminine et masculine.

Oui mais au delà de tout cela LR, il y a le contenu poétique de ton poème; et c'est tout de même important... L'âme d'un poème est peut être ce qui lui fournit son aura ? Je pense que l'on peut injecter la même beauté dans un poème qui traite exactement de la même chose, mais sans utiliser les mêmes vers, les mêmes harmonies...

Evidemment, mais c'était pour rajouter à la remarque formaliste que tu avais faites.

Tous les poèmes sur l'amour, de Ronsard à Apollinaire ont bien montré qu'on pouvait parler de la même chose sans paraître redondant. Dire ce que d'autres ont dit mais le dire à sa façon, et donc le dire autrement.

Et il fallait le dire LR !