Hommage à Victor

O grand Victor, au fil des mortes eaux
Au gré des blés d'or, des stèles et des os
Ton esprit nous éclaire.
Les longs rameaux caressant tes errances
Tes mots aériens, sur des larmes d'enfance
Sous la veillée lunaire.

Lorsque ta plume parcourait le papier
Les anges devaient se presser, altiers
Relisant tes vers délicieux.
Quelques voiles sur les constellations
Perles de larmes sur les désolations
En tes égards précieux.

C'est une plume unique, texture d'ange
Ton coeur bât toujours sur l'île qui change
Et la brise le porte.
Crépusculaire grâce, apparition dans le bois
Tu illumines la nuit, et le hibou qui voit
La lueur sous ta porte.

O grand poète, lévitant sur les landes
Planant au-delà des prairies qui s'étendent
Bordées de Bruyères.
En tes mots tout devient le bel archétype
Du merveilleux qui aime et anticipe
L'attrait de la lumière.

Tu es là si beau, en ta légère ubiquité
Ton rêve même saura toujours ressusciter
De ton grand cénotaphe.
Tu as comblé le vide des chemins meurtris
Car tu fus celui qui nous aura appris
Les plus beaux épitaphes.

Ton coeur immense, et tes contemplations
Abreuvent les âmes nues de tes adorations
Les fées n'en reviennent pas.
Moi je m'abandonne à tes somptueux dires
Et je sais que tu joues toujours de ta lyre
Dans les scellés du trépas.

Olive.

Le grand totor reste pour beaucoup, sinon le plus grand, le plus prolixe.
Il est rare qu'un écrivain excelle tant dans la prose que dans la poésie.
J'ai une grande admiration pour lui.

Oui Nelson, et j'en suis un grand admirateur également. As-tu lu "La légende des siècles" ? Je suppose que oui.

C'est une oeuvre magistrale, toute en vers, où Victor a choisit certains épisodes de l'histoire, réelle ou fictive, pour créer un tableau monumental ! Personnellement je préfère les "Contemplations", car je trouve qu'il s'agit là de son oeuvre la plus personnelle (il était en exil à Jersey, était en deuil de sa fille), et ses poèmes sont plus que beaux, ils sont sublimement habités d'un lyrisme et d'une mélancolie sans fard...

Il est bien dommage, non dramatique qu'un tel homme est sombré dans de tels tourments.

Bouddha avait raison ce à quoi l'on tient le plus est assurément la cause des plus grands malheurs. Alors faut il s'attacher?Oui, il le faut car dans la bonheur de la chose et dans son malheur s'exprime la beauté de la vie. Mais seulement pour les lointains observateurs que nous sommes car quand ça nous arrive alors...

Oui cam, Victor Hugo a connu maints malheurs dans son existence. Déjà tout petit, les médecins de l'époque pensaient qu'il ne survivrait pas, alors qu'il a vécu plus de 80 ans ! Et bien sûr les deuils qu'il a du subir... Notamment celui de sa fille. Mais, je dirais que c'est justement dans ces obscures mélancolies et tristesses qu'il a su créer, exprimer tout ce qu'il avait en lui... Je ne pense pas qu'il aurait pu écrire d'aussi belles poésies, en tous cas peut-être pas dans la même résonance, si sa vie avait été idyllique. Il se peut que je ne parvienne pas à expliquer exactement ce que je veux dire, mais il me semble que les plus belles émotions naissent souvent dans les plus grands tourments. Mais probablement aussi dans les plus grandes joies, ce n'est pas la même influence. Victor Hugo a extrait de sa mélancolie une substance lumineuse, transcendante. Un peu comme Baudelaire l'a fait mais d'une manière encore plus sombre (pas toujours soit dit en passant). Son âme s'exprimait dans ses poèmes, et tout ce qu'elle avait à dire fut ainsi magnifié. Je crois que certains esprits possèdent une fibre poétique dès leur naissance, et que celle-ci va évoluer en fonction de l'existence de ces esprits. Telle influence va engendrer telle inspiration... Il y a probablement la sensibilité de base, et puis les contingences de la vie qui vont interagir avec celle-ci.