Emile Verhaeren - Les Villes Tentaculaires
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Emile Verhaeren - Les Villes Tentaculaires
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Les Villes Tentaculaires
Emile Verhaeren
La Bibliothèque Gallimard
Les Usines
Se regardant avec les yeux cassés de leurs fenêtres
Et se mirant dans l'eau de poix et de salpêtre
D'un canal droit, tirant sa barre à l'infini,
Face à face, le long des quais d'ombre et de nuit
Par à travers les faubourgs lourds
Et la misère en guenilles de ces faubourgs,
Ronflent terriblement les fours et les fabriques.
Rectangles de granit, cubes de briques,
Et leurs murs noirs durant des lieues,
Immensément, par les banlieues ;
Et sur leurs toits, dans le brouillard, aiguillonnés
De fers et de paratonnerres,
Les cheminées.
(...)
Se regardant de leurs yeux noirs et symétriques,
Par la banlieue, à l'infini,
Ronflent le jour, la nuit.
Les usines et les fabriques.
Oh les quartiers rouillés de pluie et leurs grand' rues l
Et les femmes et leurs guenilles apparues
Et les squares, où s'ouvre, en des caries
De plâtras blanc et de scories.
Une flore pâle et pourrie.
Les Villes Tentaculaires
Emile Verhaeren
La Bibliothèque Gallimard
Nelson, tu as fait un prodige en me conseillant Verhaeren et ses Villes Tentaculaires. Tu as fait un heureux ! Et cela n'a pas été sans mal. A 4 heures du mat, figure-toi, j'ai dû me rendre aux Urgences de Saint-Joseph, mon nerf sciatique a fait une crise qui m'empêchait de fermer l'œil. C'est le mal des pianistes, toujours le dos voûté. J'ai amené avec moi ma liseuse e-book et j'ai dévoré le recueil en salle d'attente. Les infirmières, me voyant plongé dans ma machine, se demandaient si je grimaçais de douleur ou d'émoi. C'était de douleur. Verhaeren n'a pas eu d'emblée un effet curatif sur ma sciatique. C'est quand elles m'ont sondé à la morphine que j'ai pu savourer sa poésie dans toute sa mesure ! D'ailleurs, je vous le conseille, lire Verhaeren sous morphine, ça décuple le plaisir ! Cet auteur incruste ces mots comme les pierres dans la garde d'une dague. Par moments, j'ai cru lire Baudelaire tellement son écriture défonce les conventions pour atteindre un modernisme intemporel. On retrouve chez lui la même crainte obsessionnelle pour l'immensité-ville. Mais le comparer à Baudelaire, même si c'est flatteur, serait lui faire affront. Verhaeren s'est forgé son style à lui. Il casse le rythme, pratique le vers libre, se joue de la phrase. C'est un moderne par le réalisme du vocabulaire, la hardiesse des images, la tension de la diction. Aucune mièvrerie. Aucune faute de goût. Il donne aussi la main au symbolisme, avec ses harmonies à plusieurs étages. En fait, je crois, ce qui m'a fait faire le lien avec Baudelaire, c'est son pessimisme. Il porte en lui une révolte contre la nature humaine et l'émergence de ces villes métropoles qui ont assassiné les campagnes si chères à con cœur. Et bien que j'avais les yeux dans le brouillard, la morphine ça te dessine des nuages cotonneux bien trop confortables, il ne m'a pas été difficile de voir là un auteur majeur. Merci, Nelson, pour cette merveilleuse découverte ! Ah oui, grand merci ! Là je file à la pharmacie récupérer anti-inflammatoires, Codoliprane, et ceinture lombaire. Je dois dorénavant en porter une pour donner mes cours de piano – putain de sciatique de merde !!! Si ça persiste, ce sera les infiltrations. Mais avant je ne résiste pas au plaisir de vous envoyer un petit extrait :
Les Usines
Se regardant avec les yeux cassés de leurs fenêtres
Et se mirant dans l'eau de poix et de salpêtre
D'un canal droit, tirant sa barre à l'infini,
Face à face, le long des quais d'ombre et de nuit
Par à travers les faubourgs lourds
Et la misère en guenilles de ces faubourgs,
Ronflent terriblement les fours et les fabriques.
Rectangles de granit, cubes de briques,
Et leurs murs noirs durant des lieues,
Immensément, par les banlieues ;
Et sur leurs toits, dans le brouillard, aiguillonnés
De fers et de paratonnerres,
Les cheminées.
(...)
Se regardant de leurs yeux noirs et symétriques,
Par la banlieue, à l'infini,
Ronflent le jour, la nuit.
Les usines et les fabriques.
Oh les quartiers rouillés de pluie et leurs grand' rues l
Et les femmes et leurs guenilles apparues
Et les squares, où s'ouvre, en des caries
De plâtras blanc et de scories.
Une flore pâle et pourrie.
Guthrie- .
- Messages : 2547
Date d'inscription : 30/09/2012
Re: Emile Verhaeren - Les Villes Tentaculaires
Heureux de savoir que je sers encore à autre chose que mon ego.
Joyeuse sciatique, mon ami.
A l'instar de la souris et de l'éléphant, constatons qu'un aussi petit nerf peut faire autant chier.
Je prescris Verhaeren en suppositoires toutes les quatre heures.
Tout n'est pas toujours noir. Y a parfois du noir clair...
Joyeuse sciatique, mon ami.
A l'instar de la souris et de l'éléphant, constatons qu'un aussi petit nerf peut faire autant chier.
Je prescris Verhaeren en suppositoires toutes les quatre heures.
Tout n'est pas toujours noir. Y a parfois du noir clair...
Nelson- Grand Maitre Suprême
- Messages : 6859
Date d'inscription : 25/04/2011
Localisation : Hic et nunc
Re: Emile Verhaeren - Les Villes Tentaculaires
Verhaeren 500mg, c'est noté !
Je vais me faire Les Campagnes Hallucinées, c'est le recueil qui précède Les Villes dans l'édition que j'ai.
Si t'as un autre titre à me conseiller, je suis preneur.
Je vais me faire Les Campagnes Hallucinées, c'est le recueil qui précède Les Villes dans l'édition que j'ai.
Si t'as un autre titre à me conseiller, je suis preneur.
Guthrie- .
- Messages : 2547
Date d'inscription : 30/09/2012
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