Qu'est-ce que vous écoutez en ce moment ?

Le "do" n'a remplacé "ut" qu'à des soucis d'euphonie quand on apprenait aux élèves à solfier.

Puisque nous sommes dans la musique, une petite réflexion.
Deux notes si proches sur le clavier, mi bémol et mi, deux tonalités totalement éloignées l'une de l'autre. Essayez de moduler en mi naturel tout en gardant une fondamentale de mi bémol, c'est impossible si on n'admet pas la dissonance. Pour conserver l'assonance, il faut passer par une longue série de tonalités intermédiaires. Je ne parle évidemment pas de la grosse solution de facilité qui consiste à glisser d'un demi-ton, c'est l'apanage des mauvais musiciens, autrefois appelé croque-notes.

Et combien plus, cher Pimbi, si on quiite Guy d'Arezzo et les indicatons du "Clavecin bien tempéré " de Bach, pour des sonorités plus orientales avec des quarts et des huitièmes de ton, ce qui , je l'avoue, très occidental sur ce point, m'arrache un peu les oreilles. Passe encore pour la musique dite "andalouse" et qui est andalouse d'origine historiquement, mais qui est devenue la musique de Fès . Je n'admets que difficilement d'en écouter plus d'un quart d'heure, tant elle est répétitive et indigeste pour mes oreilles. Je comprends à cet égard que beaucoup de jeunes occidentaux soient attirés par cette musique qui visite toutes les portions de ton imaginables et s'accroche à une rythmique non renouvelée, comme dans ce qui pense être une "musique", à laquelle je mets des guillemets vous comprenez pourquoi.
Ceci bien moins néanmoins que la musique traditonnelle de l'Inde avec ses étranges et magnifiques instruments, dont nous, Occidentaux, attendons des sons boulevesants, mais qui n'ont à nous offrir que des fonds musicaux, dans lesquels il y a des trésors, que je suis incapable de découvrir. Là aussi la rythmique est reine et c'est sans doute ce qui, dans la lignée de la musique africaine et du jazz, séduit tant nos jeunes mélomanes. Je dirai dans un autre message une intervention de Messiaen au sujet de Mozart, qui m'a interloqué quand je l'ai entendue. Mais je sens que mon message va s'envoler. ce serait dommage n'est-ce pas ?

Je suis curieux d'apprendre cela, Hérodote : qu'est-ce que Messaien a bien pu dire ? Ne nous faites pas languir, de grâce...

Voici ce que j'ai entendu de la bouche d'Olivier Messiaen au sujet de Mozart et qui m'avait sur le moment "suffoqué". Jusqu'à ce que je me mette à mon piano et que j'en fasse l'essai, qui me prouva que notre grand musicien national, qui sera révéré dans cent ans à l'égal de Beethoven, avait raison :
je transcris le plus fidèlement possible les propos d'Olivier Messiaen :

Mozart est essentiellement un rythmicien. Il est le plus grand et le dernier rythmicien de sa lignée. Prenez une oeuvre de Mozart, n'importe laquelle, une sonate pour piano par exemple. Supprimez la "mesure", sans toucher une seule note mais en donnant, dès lors, à toutes les notes une valeur équvalente; toutes en "croches" par exemple. Il ne restera plus rien de Mozart et la ligne mélodique qui vous faisait vous extasier est morte. Essayez avec un sonate de Beethoven, main droite et main gauche, sans indication rythmique, en "croches" aussi, pour garder une transposition audible, et vous retrouverez, presqu'intacte la ligne mélodique beethovenienne. Ce n'est pas le miracle du génie de Beethoven. Mais c'est la césure entre une époque et une autre. Avec Mozart c'est la fin du classico-baroque, dont nous ne croyons garder en souvenir que la mélodie mais qui, en fait, n'existe que par sa cadence, comme on dit. Avec Beethoven, c'est la naissance du lyrico-romantisme. Qui imposera après lui et à partir de Schubert (A partir d' ici, ce n'est plus Messiaen mais Herodote), l'obligation de trouver dans le mouvement artistique de l'époque une expression musicale qui culminera avec Berlioz, Schumann, Saint-Saêns, Wagner, pour finir en une éclosion nouvelle avec Debussy en France, De Falla en Espagne, Respighi en Italie, Richard Strauss en Allemagne et Britten en Grande-Bretagne. Voire Stavinsky et Prokofieff en Russie, et Ionesco en Roumanie...
Je suis, en tous points d'accord avec la partie de ce qui précède et qui sont, aussi fidèlement retranscrits que possible, les propos d'Olivier Messiaen. Nous ne sommes pas hors sujet : Ici c'est le royaume de la Musique. Et je viens d'écouter le troisième acte de l'incomparable "Saint François d'Assise' de Messiaen, entendu, pour la première fois, sous la baguette d'Ozawa. Qui en demeure le créateur spirituel.

Lumineuse analyse, vraiment, et si vraie. Considérez l'adagio de la Sérénade "Gran partita" pour instruments à vents et contrebasse. La mélodie qui naît comme par miracle du hautbois vient s'accrocher au rhythme pointé tout en syncopes donné par les autres instruments. Et c'est le miracle...

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J'ai écouté comme vous me l'indiquiez, Pimbi, la K.361. C'est saisissant en effet. Le magma (dû à la mauvais qualité de l'acoustique de ma vieille bécane) de la première moitié démontrerait à lui seul la véracité des propos de Messiaen. Dès que le rythme mozatien s'élance, on se croirait en train de réclamer une autre canette de bière ou de sniffer une ligne dans une boite, vers cinq heures du matin ! C'est par là incontestablement que Mozart est ultra-moderne . Qui se soucie, dans ce public, de l'immortel Adagio du 21è Concerto pour piano et orchestre comme je l'ai entendu (aux côtés de Mme Danielle Mitterrand qui lui avait sauvé la vie) joué par Miguel Angel Estrellas, le grand pianiste argentin, qui retenu par la junte uruguayenne d'alors, se vit casser les doigts, ce qui fut réparé quand il se réfugia en France et qu'il joua, dès lors, divinement cet Adagio mozartien, qui laisse tout le monde indifférent. Qui s'en soucie encore? Les Francs-Maçons n'ont que Mozart à la bouche. Pourtant le "Requiem" de Berlioz s'achève sur trois notes bien scandées (aux timbales), à la fin de l'"Agnus Dei". Signature du musicien dont on a dit qu'il "en" était ? Ajouté ce jour-là par Sir Colin Davis, le grand chef britannique qui dirigeait à Ratisbonne ? Je ne sais. Nous poursuivrons par l'aptitude à l'opéra de Mozart et de Beethoven. Et du hiatus, occupé par des médiocres (Meyerbeer ! On le joue encore !) entre les deux écoles fondamentales citées par Messiaen.
Plus tard. Je vais diner dans mon restaurant habituel.

Bon appétit, Hérodote.
J'ai vu Miguel Angel Estrella au printemps 2004 au Palais Beaumont. Je me rappelle très bien qu'il avait joué la 8ème sonate de Beethoven, dite Pathétique, quelques morceaux argentins et surtout la sonate funèbre de Chopin. J'étais tellement emballé que j'ai fait des pieds et des mains pour avoir la partition, malgré mes petits doigts de l'époque. Et bien, l'obstination paie, puisque non seulement je me suis amusé à travailler les deux premiers mouvements (pas moyen encore de retenir le 4ème, un livre scellé pour moi), mais encore il s'agit d'une édition de travail signé Alfred Cortot.

Palais Beaumont, j'ai oublié de préciser, c'est à Pau, bien sûr.

Une petite merveille:

Tu m'apportes, F.'. Ouranos, un réveil splendide et mélancolique. Je pensais que c'étaient les mains de Martha Argerich que je reconnaissais là, mais il ne semble pas que cela sorte des USA ( Au verso " Beethoven" et sans autre chose: "an American composer" ! ) Quand ils auront tout pris à la "vieille Europe" ! . C'est très beau de toutes façons. Si j'ai dit plus haut "mélancolique", c'est que c'était joué par l'une de mes très proches, qui s'était remise au piano pour justement jouer la XIV ème Sonate de Beethoven et qui s'en est allée la jouer quelque part dans l'Univers où, j'espère, elle se sera fondue avec toutes les vibratins qui l'émovaient. Je ne joue plus ni ce premier mouvement, ni les suivants, plus tumultueux, ce qui nous change de la formule "sonate" à laquelle Beethoven était très attaché. Peut-être ls jeunes doigts de Pimbi peuvent-ils la jouer avec tout la délicatese grondeuse (accords finaux de la main gauche) qu'exige ce chef d'oeuvre.
Merci pour nous l'avoir confiée un moment. Et bonne jounée, si bien entamée.

Merci Ouranos, j'ai musicalement très bien démarré ma journée grâce à toi

Ah oui, ça me rappelle que c'était un des rares morceaux que j'arrivais à jouer plus ou moins correctement dans ma jeunesse.
Je me souviens du début assez facile, mais que ça se corsait un peu plus loin...
Do dièse mineur, si je me souviens bien ?

Oui, mais c'esst surtout le dernier mouvement qui est le tantale des apprentis pianistes : que des doubles croches dans un tempo Presto. Je me rappelle en avoir bien bavé à une époque, heureusement révolue. Ecoutez, ou plutôt encaissez. Le petit drôle est adorable et ses doigts plus encore :

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Version Barremboim :

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Un bon petit punk français , à merci la France pour cette production d'un punk aux particularités dictées par la France du temps ou le punk savait s'égosiller sans compter ... maintenant les gamins ont besoin d'amplis pour hurler convenablement , sans paler des textes sans message ....
Oué, Oué ! Comme je dis tout le temps ... " avant c'était mieux ! pas vrai madam!"

Nathan Grabow n'a pas de si petits doigts que cela ! Il parvient à merveille à "assurer" les octaves, pourtant rapides du début du mouvement, sans avoir l'air de forcer sur ses jointures. De mème, le moment venu d'accompagner par le la bémol en octave à la main gauche, il se répète bien sûr mais apparemment sans douleur. J'ai aimé sa façon de terminer la sonate. Il a déjà la touche romantique que souhaitait le grand musicien et il l'a exactement quand il faut avec un petit rebond avant de taire ses "petits doigts".
Je sais ce que je vais trouver avec l'étincelant Barenboïm. je l'écouterai plus au repos. Je l'ai personnellement par Maurizio Cellini. Insurpassable dans Chopin, il est de toutes façons (il était, hélas!) extraordinaire. Merci pour ces deux extraits qui ressuscitent Beethoven. Son neveu Karl qui étant enfant et jeune l'a tant fait souffrir doit rougir de honte d'avoir malmené un tel oncle.

Excellent Pimbi, ça m'a rappelé des souvenirs... et surtout le fait que j'étais bien loin de ce niveau après 8 bonnes années de piano !!!
Ça me rappelle une vieille vidéo de moi à Pleyel pour un concours quand j'était tout petit et blond - je ne sais pas ce que j'y faisais :p
Sacré technique, même si ça manque de vie - ça vole bien.
La seconde vidéo était la bienvenue justement pour se rendre compte de la différence entre la technique et la vie. Vu l'âge du petit, et ce qu'il réalise ... ça promet.

Herodote a écrit:Nathan Grabow n'a pas de si petits doigts que cela ! Il parvient à merveille à "assurer" les octaves, pourtant rapides du début du mouvement, sans avoir l'air de forcer sur ses jointures. De mème, le moment venu d'accompagner par le la bémol en octave à la main gauche, il se répète bien sûr mais apparemment sans douleur. J'ai aimé sa façon de terminer la sonate. Il a déjà la touche romantique que souhaitait le grand musicien et il l'a exactement quand il faut avec un petit rebond avant de taire ses "petits doigts".
Je sais ce que je vais trouver avec l'étincelant Barenboïm. je l'écouterai plus au repos. Je l'ai personnellement par Maurizio Cellini. Insurpassable dans Chopin, il est de toutes façons (il était, hélas!) extraordinaire. Merci pour ces deux extraits qui ressuscitent Beethoven. Son neveu Karl qui étant enfant et jeune l'a tant fait souffrir doit rougir de honte d'avoir malmené un tel oncle.

Je crois que vous parlez de Maurizio POLLINI, Hérododote, sans vouloir vous vexer.
C'est l'interprète de Chopin que je préfère !

Herodote a écrit: Maurizio Cellini.

Vous voulez dire Pollini, non ? Cellini était un chef d'orchestre. A moins qu'il n'existe un pianiste de ce nom, que je ne connais pas.

J'aurais dû lire le message de Nelson avant de ramener ma fraise. Mille pardons...

MathieuMf a écrit:Excellent Pimbi, ça m'a rappelé des souvenirs... et surtout le fait que j'étais bien loin de ce niveau après 8 bonnes années de piano !!!
Ça me rappelle une vieille vidéo de moi à Pleyel pour un concours quand j'était tout petit et blond - je ne sais pas ce que j'y faisais :p
Sacré technique, même si ça manque de vie - ça vole bien.
La seconde vidéo était la bienvenue justement pour se rendre compte de la différence entre la technique et la vie. Vu l'âge du petit, et ce qu'il réalise ... ça promet.

Comme tout exemple est prolifique en ce bas-monde, tu penses bien que je me le suis attaqué violemment, plus vite que l'enfant, moins vite que Barrenboim, mon tempo à moi...
Quand même, Beethoven c'est mieux que Justin... Si, si...

Pimbi : on attent toujours un ou deux de tes enregistrements hein

Problème d'enregistrement : je n'ai pas de matos pour ça ; le piano est en bas, l'ordi à l'étage. Quand je serai riche, c'est à dire quand j'aurai vendu 50 millions d'exemplaires de mon immortel roman, je remédierai à ces lacunes.

Vous n'êtes jamais de trop, Pimbi ! C'est bien de Pollini qu'il s'agit et je ne sais pourquoi je lui ai substitué le grand Carlo Maria ou le plus ancien et qui faisait des bruits de casseroles, Benvenuto. C'est la faute à France-Musique qui fait à l'occasion du deuxième centenaire de sa naissance le balayage de Jules Massenet, dont un "Benvenuto Cellini" ('De l'Art, splendeur immortelle, Bonheur à peine entrevu/ Non, mes yeux ne vous verront plus !..;"). Moi aussi, Nelson, je préfère Maurizio Pollini à nul autre. C'est son interprétation de l'Adagio du Vème Concerto pur piano et orchestre de Beethoven, que j'ai choisi (jour de fureur) pour accompagner mon épouse chérie défunte, lors de la "mise à la flamme" comme ils disent. Je l'ai sur I-Tunes et je lécoute de temps à autre, ainsi que la musique composée en apprenant la mort de Catherine, par un ami Serbe (et Frère aussi) qui me l'a envoyé sous le titre "Consolation du matin". Très belle composition, sur l'instant, et bien plus remarquable encore pour l'occasion dans laquelle elle a été conçue et écrite et enrégistrée, avec quelques amis musiciens, par cet ami, Vélimir, ameutés par lui en pleine nuit. Je l'avais le matin sur mon ordinateur. J'ai pleuré, mais pleuré...Il n'y a nulle honte à le dire. c'était le 7 décembre...Il s'en est passé des choses en décembre : des naissances illustres dont celle de Jésus, les souvenirs napoléonniens (Couronnement et Austerlitz), et d'autres encore... Voici où mène la musique, le trait qui nous enchante et nous transperce, qui nous tient par toutes nos fibres !

Re-erreur : Le grand Carlo-Maria, le plus grand chef de notre époque juste passée (sa VIIIème de Brukner ! O paradis !) s'appelait Giulini.
J'aime l'Italie et les Italiens, mais je ne savais que j'en ferais de telles salades !